Les négociateurs du régime syrien et de l’opposition se retrouvent ce
dimanche à Genève pour un second round de négociations, après être
parvenus samedi à entrer dans le vif du sujet en discutant de l’envoi de
convois humanitaires à Homs.
Les deux camps ennemis, réunis par le médiateur de l’ONU Lakhdar Brahimi
au siège de l’ONU, doivent évoquer au cours de cette deuxième journée
de négociations, le problèmes des milliers de prisonniers, disparus et
civils enlevés en Syrie depuis que le mouvement de contestation de mars
2011 a tourné à la guerre civile sanglante.
"Beaucoup ont perdu la liberté, sont prisonniers, kidnappés, les nonnes
(enlevées) à Maaloula, les deux évêques, les centaines, peut-être les
milliers de personnes qui ont disparu, qui ont peut-être été
kidnappées", a estimé Louai Safi, un porte-parole de la Coalition de
l’opposition et membre de la délégation à Genève, faisant allusion aux
disparitions de Syriens dans les zones rebelles comme dans les zones
contrôlées par le régime.
La veille, après une courte introduction le matin de l’émissaire de
l’ONU et deux heures de discussions l’après-midi, Lakhdar Brahimi avait
estimé qu’il s’agissait d’un "bon début", tout en reconnaissant : "nous
n’avons pas obtenu beaucoup de résultats".
"Nous avons discuté longuement de la situation à Homs et dans la vieille
ville de Homs", a déclaré M. Brahimi. Et "nous espérons qu’au final,
des convois d’aide, avec de la nourriture et des médicaments, seront
autorisés à entrer dans la vieille ville", a-t-il ajouté.
Ville industrielle, au carrefour entre Damas et le nord de la Syrie,
Homs est une ville stratégique pour le pouvoir comme pour l’opposition.
Souvent considéré comme le "coeur" de la contestation, la ville a payé
au prix fort son opposition au président Bashar al-Assad. Les quartiers
rebelles sont assiégés depuis juin 2012 par l’armée régulière qui les
bombarde régulièrement.
Les milliers de Syriens assiégés dans ces quartiers y vivent dans des
conditions épouvantables et manquent de nourriture et de médicaments.
"La situation est catastrophique dans la vieille ville de Homs", a
indiqué à l’AFP le chef des opérations pour le Proche-Orient du Comité
internationale de la Croix Rouge (CICR), Robert Mardini. Le CICR,
précise-t-il, n’a pas pu entrer dans dans la vieille ville de Homs
depuis novembre 2012 et la situation y était déjà "désastreuse".
L’opposition a estimé que la demande faite à Damas d’autoriser des
convois humanitaires constituait un "test" du sérieux du régime dans les
négociations qui se déroulent à Genève jusqu’à la fin de la semaine
prochaine. "Homs, c’est un test : si le régime n’ouvre pas des corridors
pour des gens qui meurent de faim, cela veut dire que le régime veut
une solution militaire et non pas de solution politique", a assuré de
son côté M. Safi.
Revenant sur le rythme et le ton des négociations, M. Brahimi s’est
montré prudent, estimant que les pourparlers avançaient "à pas
minuscules". Pour l’heure, les négociateurs sont certes assis face à
face mais ne se parlent pas directement. Ils négocient par "Brahimi
interposé".
"Nous avons des sentiments mitigés", a confessé Anas al-Abdé, un des
négociateurs de l’opposition à l’issue de la réunion. "Ce n’était pas
facile pour nous de nous asseoir avec la délégation qui représente les
tueurs à Damas", a-t-il ajouté. Pour une fois, le régime syrien
partageait le même sentiment que son ennemi. "Peut-être ravalons nous
notre rancoeur, mais nous sommes là, nous sommes sérieux, nous avons des
instructions claires", a déclaré à l’AFP le négociateur en chef du
régime, Bachar al-Jaafari.
Les négociations auraient dû commencer vendredi, mais l’ONU et les
Syriens avaient perdu 24 heures après le refus de l’opposition de
s’asseoir à la même table que le régime tant que ce dernier n’aura pas
accepté ce qui constitue une ligne rouge pour l’opposition et les
Occidentaux : la reconnaissance par le régime du principe d’un "organe"
de transition conformément au texte adopté en 2012 lors de la conférence
de Genève I.
Après d’intenses discussions avec les deux délégations, Lakhdar Brahimi
avait finalement convaincu les protagonistes d’être présents samedi.
Régime et opposition divergent sur l’interprétation de Genève I : les
opposants à Bashar al-Assad réclament que celle-ci implique
nécessairement un départ du président, tandis que Damas rejette ce
scénario et parle d’un gouvernement d’union. L’opposition affirme que
les négociations politiques sur Genève I se dérouleront lundi et mardi.
"Le motif de notre présence n’est pas d’ouvrir un corridor ici ou là, il
est de parler de l’avenir de la Syrie", a souligné M. Safi.
Sur le terrain, l’armée syrienne a mené des raids aériens sur des zones
rebelles dans les provinces de Damas et d’Alep, selon l’Observatoire
syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Reprise des pourparlers syro-syriens à Genève
Les pourparlers syro-syriens ont repris dimanche à Genève où le
médiateur international, Lakhdar Brahimi, espère parvenir à un accord
sur des questions humanitaires.
Une porte-parole de l’Onu a annoncé que les délégations de Damas et de
l’opposition s’étaient à nouveau retrouvées face à face au Palais des
nations à Genève.
Brahimi a indiqué que ce week-end de discussions serait focalisé sur des
mesures susceptibles d’introduire un peu de confiance entre les deux
camps avant de basculer lundi sur les questions politiques, beaucoup
plus difficiles.
L’un de ses objectifs est de parvenir ce dimanche à un accord qui
permettrait l’acheminement d’une aide humanitaire vers le centre de la
ville de Homs, où les rebelles sont assiégés depuis dix-huit mois par
les forces de Bashar al Assad.
L’opposition souhaite également profiter de la session de dimanche pour
appeler à la libération de prisonniers. Ses délégués n’en ont pas dit
davantage, mais un diplomate occidental s’attend à ce qu’ils réclament
la libération de femmes et d’enfants.
"Ils ont proposé Homs. Nous disons que toutes les villes syriennes sont
égales et aussi importantes", a déclaré le ministre syrien de
l’Information, Omran Zoabi, à son arrivée dimanche.
Bouthaina Chaaban, proche conseillère d’Assad et membre elle aussi de la
délégation gouvernementale, a fait part du même sentiment : "L’autre
partie est venue ici pour discuter d’un petit problème ici ou là. Nous,
nous sommes là pour débattre de l’avenir de la Syrie", a-t-elle dit.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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