Au moins quatre personnes ont été tuées vendredi dans trois attentats
visant la police au Caire, en pleine campagne de répression contre les
islamistes et à la veille du troisième anniversaire de la révolte ayant
chassé Hosni Moubarak du pouvoir.
Les attaques contre les forces de l’ordre se sont multipliées depuis
que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi le 3
juillet, et réprime dans le sang toute manifestation de ses partisans.
Jeudi déjà, cinq policiers avaient péri dans l’attaque d’un poste de
contrôle à Beni Suef, à une centaine de kilomètres au sud du Caire.
Peu après l’aube vendredi, un homme a attendu que les policiers
lèvent un barrage qui fermait l’accès de la rue menant à la Direction de
la police, au centre de la capitale, pour précipiter sa voiture bourrée
d’explosifs contre la lourde grille fermant l’accès au bâtiment, selon
le témoignage d’un policier légèrement blessé à la tête à l’AFP.
Selon les enquêteurs, il n’est pas certain que l’homme était encore
au volant quand la bombe a explosé, creusant un profond cratère dans la
chaussée et dévastant la façade de l’immeuble ainsi que celle du Musée
des Arts islamiques, en face.
L’attentat a fait quatre morts et plus de 70 blessés, selon le ministère de la Santé.
Trois heures plus tard, une bombe de plus faible puissance a explosé
près d’une station de métro du centre, blessant cinq policiers, selon la
même source. Une heure après, un troisième engin a explosé près d’un
commissariat sur une avenue menant vers les grandes pyramides de Guizeh,
sans faire de morts.
Le gouvernement mis en place par le chef de l’armée et homme fort du
pays, Abdel Fattah al-Sissi, réprime dans le sang toute manifestation
des partisans de M. Morsi. Plus d’un millier ont été tués et plusieurs
milliers emprisonnés, des membres des Frères musulmans, l’influente
confrérie de M. Morsi, pour la plupart.
Dans le même temps, des dizaines de policiers et de soldats ont été
tués dans des attentats, revendiqués pour les plus meurtriers par un
groupe de la péninsule du Sinaï s’inspirant d’Al-Qaïda, en représailles
selon lui au "massacre" des manifestants pro-Morsi.
Le gouvernement, lui, attribue ces attentats, aux Frères musulmans, décrétés "organisation terroriste".
L’Egypte s’apprête à célébrer samedi le troisième anniversaire de la
"révolution du 25-Janvier", lancée en 2011 dans le tumulte du Printemps
arabe. En préparation à cette journée qui s’annonce lourde de périls,
policiers et soldats se déploient à travers le pays, notamment dans le
centre du Caire, où se trouve l’emblématique place Tahrir.
Les pro-Morsi, emmenés par les Frères musulmans, appellent à
manifester durant 18 jours — la durée de la révolte populaire qui a mis
fin, le 11 février 2011, à trois décennies de pouvoir absolu de Hosni
Moubarak. Mais le ministre de l’Intérieur a prévenu que les forces de
l’ordre riposteraient avec "fermeté" à toute tentative "des Frères
musulmans de saboter les cérémonies", et appelé les Egyptiens à
descendre massivement dans la rue pour célébrer le 25-Janvier et
soutenir le gouvernement.
Vendredi, peu après l’attentat contre la direction de la police, au
milieu des débris de verre, de fer et de bois, des dizaines d’habitants
étaient réunis pour conspuer les Frères musulmans. Plusieurs
brandissaient des portrait du général Sissi, également vice-Premier
ministre et ministre de la Défense, qui ne cache guère plus ses
intentions de se présenter à l’élection présidentielle, promise pour
2014.
Après le départ de Moubarak, l’armée avait déjà pris les rênes du
pouvoir pour seize mois, avant de les remettre à M. Morsi. Un an plus
tard, des millions d’Egyptiens manifestaient pour réclamer son départ,
l’accusant d’accaparer tous les pouvoirs au profit de sa confrérie et de
vouloir islamiser à marche forcée la société.
Répondant à cette "nouvelle révolution", l’armée destituait Morsi.
Depuis, Sissi et le gouvernement qu’il a mis en place sont très
populaires auprès des Egyptiens, qui veulent majoritairement en finir
avec trois années de "chaos", mais certains intellectuels et figures de
proue de la révolte de 2011 redoutent un retour aux méthodes de
Moubarak, avec la répression implacable de toute contestation.
Jeudi, Amnesty International a dénoncé les "atteintes sans précédent"
aux droits de l’Homme par les autorités égyptiennes et une "trahison de
toutes les aspirations (...) de la Révolution du 25-Janvier" 2011.
(24-01-2014 - Assawra)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire