Un des quatre procès du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par
l’armée qui vient de demander à son chef de postuler à la magistrature
suprême, s’est ouvert mardi en Egypte pour son évasion de prison lors de
la révolte de 2011.
Au même moment, un général de police et conseiller du ministre de
l’Intérieur a été assassiné au Caire par des inconnus qui ont pris la
fuite en moto, en pleine vague d’attentats jihadistes visant les forces
de l’ordre. La police et l’armée, elles, répriment implacablement dans
le sang, depuis la destitution de Morsi le 3 juillet, toute
manifestation de ses partisans.
Le procès s’est ouvert dans la matinée, selon l’agence de presse
gouvernementale Mena, mais on ignorait si M. Morsi a été amené à la
barre, les journalistes présents au procès n’ayant pas le droit de
communiquer.
M. Morsi, le seul président jamais élu démocratiquement en Egypte,
encourt la peine de mort pour s’être évadé de prison avec, selon
l’accusation, la complicité de membres du Hamas palestinien, du
Hezbollah libanais et de mouvements jihadistes.
Lors de la seule audience d’un autre procès où il a comparu physiquement
le 4 novembre, derrière les grilles d’une cage d’acier, le chef de
l’Etat déchu avait dénoncé des "procès politiques" intentés par le
pouvoir "illégitime" des auteurs d’un "coup d’Etat". C’est dans le même
tribunal, installé au coeur de l’académie de police du Caire, une vaste
enceinte protégée par un imposant dispositif de sécurité, que M. Morsi
devait comparaître mardi.
Ce nouveau procès s’est ouvert au lendemain de l’appel sans surprise que
la toute puissante armée égyptienne a lancé à son chef, le maréchal
Abdel Fattah al-Sissi —nouvel homme fort du pays qui avait destitué
M. Morsi — à présenter sa candidature à l’élection présidentielle prévue
dans les trois mois. Et ce, trois ans presque jour pour jour après la
révolte populaire qui, dans la lignée du Printemps arabe, avait mis fin à
30 années de règne absolu de Hosni Moubarak, ex-général lui même
propulsé par l’armée à la tête du pays après l’assassinat d’Anouar
el-Sadate.
M. Morsi est jugé avec 132 co-accusés, dont 70 membres du Hamas et du
Hezbollah par contumace ainsi que des jihadistes. Ils sont accusés de
s’être évadés, en pleine révolution contre Moubarak, à la faveur
d’attaques de postes de police et de prisons par des membres de ces
organisations et des Frères musulmans, l’influente confrérie de M. Morsi
qui a remporté toutes les élections depuis trois ans.
Lors de ces attaques, des policiers avaient été tués et des milliers de détenus s’étaient échappés.
M. Morsi, arrêté le jour de sa destitution, est sous le coup de quatre
procès, encourant la peine capitale dans trois d’entre eux.
Et depuis sept mois, le nouveau pouvoir mis en place par le très
populaire maréchal Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense
et très probable candidat à la présidentielle, mène une implacable
répression contre toute manifestation des pro-Morsi. Selon Amnesty
International, quelque 1.400 personnes ont été tuées dans des
manifestations depuis le 3 juillet, des manifestants islamistes pour
l’immense majorité.
Dans le même temps, les attentats visant les forces de sécurité se sont
multipliés, revendiqués pour les plus sanglants par un groupe jihadiste
s’inspirant d’Al-Qaïda, Ansar Beït al-Maqdess. Mais le gouvernement
intérimaire installé le 3 juillet par le général Sissi —promu maréchal
lundi— en accuse systématiquement les Frères musulmans, décrétés
désormais "organisation terroriste".
Mardi peu avant l’ouverture du procès, le général Mohamed Saïd a été tué
par des inconnus à moto au Caire. Il dirigeait le bureau technique du
ministère de l’Intérieur, directement rattaché à la personne du
ministre, Mohamed Ibrahim, qui avait lui-même échappé le 5 septembre à
un attentat au Caire revendiqué par Ansar Beït al-Maqdess.
Ces insurgés, basés dans la péninsule du Sinaï d’où ils tirent
fréquemment des roquettes sur Israël, assurent viser les forces de
sécurité en représailles à la répression très meurtrière des
manifestations pro-Morsi.
Vendredi et samedi, six attentats visant la police, dont cinq au Caire,
avaient tué six personnes. Les plus meurtriers ont été revendiqués par
Ansar Beït al-Maqdess, qui a affirmé avoir abattu samedi un hélicoptère
de l’armée tuant ses cinq membres d’équipage dans le Sinaï. L’armée a
assuré pour sa part qu’il s’agissait d’un accident. Enfin, dans la nuit
de lundi à mardi, des insurgés ont dynamité dans le Sinaï un gazoduc qui
alimentait la Jordanie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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