Les pourparlers entre le régime syrien et ses adversaires se sont
résumés jeudi à un débat stérile sur le "terrorisme" en Syrie, au moment
où l’opposition annonçait que son chef allait se rendre le 4 février à
Moscou, allié indéfectible de Damas.
Au 6e et avant-dernier jour des pourparlers à Genève avec le médiateur
Lakhdar Brahimi, les délégations des deux belligérants, en guerre depuis
près de trois ans, se sont accusées mutuellement d’actes de
"terrorisme" dans le pays ravagé par les bombardements du régime et les
combats contre les rebelles et les jihadistes étrangers.
"Il n’y a pas eu d’accord sur la façon de traiter le terrorisme", a
indiqué M. Brahimi lors d’un point de presse, déplorant qu’il n’y ait
pas "réellement de changement dans la position des deux interlocuteurs".
Ce premier round de pourparlers, initiés sous la pression des
Américains, alliés de l’opposition, et des Russes, se terminera
vendredi, sans qu’il y ait de réelle avancée ni sur la question de
transition politique, ni sur le dossier humanitaire.
Le médiateur Brahimi, pour qui ce premier face à face entre frères
ennemis syriens est un succès en soi, a annoncé que la dernière réunion
vendredi visera à tirer des "leçons" et à chercher une meilleure
organisation pour le prochain round.
Celui-ci devrait se tenir aux alentours du 10 février à Genève. La date sera confirmée vendredi.
Entre les deux rounds, le chef de la Coalition de l’opposition syrienne,
Ahmad Jarba, se rendra à Moscou le 4e février pour sa première visite
officielle à cet allié du régime syrien, a annoncé l’opposition,
précisant que c’était en réponse à une invitation russe.
"Nous sommes en contact avec les Russes (...) Je pense que la relation
avec les Russes doit évoluer d’une façon positive", avait affirmé
mercredi M. Jarba depuis Genève à la télévision Al AAn, basée à Dubaï.
Jeudi, M. Jarba avait affirmé que le chef de la diplomatie russe,
Serguei Lavrov, lui avait dit lors d’une rencontre à Paris que la Russie
"n’était pas attachée" au président Assad.
Les pourparlers à Genève se déroulaient au moment où l’ONG Human Rights
Watch accusait le régime du président Bashar al-Assad d’avoir rasé des
milliers d’habitations dans des secteurs où la population soutient
l’opposition à Damas et à Hama (centre), comme "punition collective".
L’ONG, qui a documenté sept cas, a accusé le régime "d’effacer de la
carte des quartiers entiers", évoquant des "crimes de guerre".
Après une minute de silence en hommage aux "martyrs" en Syrie, les deux
délégations ont débattu, sans résulat, de la notion de "terrorisme".
"Le régime veut parler de terrorisme (...) Affamer la population jusqu’à
la mort, la torture et la prison, c’est du terrorisme", a affirmé
l’opposition en séance, ajoutant : "Le plus grand terroriste en Syrie,
c’est Bashar al-Assad".
La délégation gouvernementale a présenté, elle, un communiqué appelant à
l’"arrêt du financement, de l’armement et de l’entraînement des
terroristes", selon le texte obtenu par l’AFP.
Le pouvoir à Damas, qui assimile les rebelles à des "terroristes",
insiste que la priorité des discussions à Genève est la question du
"terrorisme", alors que pour l’opposition, le dossier central est la
transition en Syrie, prévue dans Genève I.
Ce communiqué adopté en 2012 par les grandes puissances prévoit l’arrêt
de "la violence sous toutes ses formes" et la formation d’une autorité
gouvernementale de transition, sans mentionner le sort du président
Bashar al-Assad.
Parallèlement au volet politique, la question de l’humanitaire ne progressait guère à Genève.
Le médiateur Brahimi s’est dit "très, très déçu" par l’absence de
progrès sur l’aide aux quartiers rebelles assiégés de Homs, troisième
ville du pays.
Dimanche, il avait annoncé avoir obtenu du régime la promesse de laisser
partir femmes et enfants de Homs et de laisser entrer des convois
humanitaires.
Mais l’opposition refuse la séparation des familles, tandis
qu’humanitaires et diplomates rappellent que le droit international
interdit les mouvements de population sous la contrainte de manque de
vivres et de médicaments.
A Damas en revanche, un convoi d’aide alimentaire a pu pénétrer jeudi
dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dont le siège
hermétique par l’arme depuis juin 2013 a causé la mort de plus de 80
personnes, ont annoncé une agence de l’ONU et l’agence de presse
officielle syrienne Sana.
Sur un autre plan, Washington s’est dit "inquiet" du fait que la Syrie
n’ait évacué de son territoire que moins de 5% de son arsenal chimique
le plus dangereux, plus de quatre mois après un accord russo-américain
sur la destruction de l’arsenal chimique syrien qui a fait éviter in
extremis des frappes occidentales contre le régime.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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