Les défenseurs des droits de l’Homme s’inquiètent d’un revers
"effrayant" pour la liberté de la presse en Egypte, où seront jugés des
journalistes d’Al-Jazeera, accusée par les autorités d’avoir pris le
parti des Frères musulmans évincés du pouvoir par les militaires.
La chaîne satellitaire basée au Qatar - en froid avec les nouvelles
autorités dirigées de facto par l’armée depuis la destitution le 3
juillet du président islamiste Mohamed Morsi - a dénoncé des
"accusations idiotes et infondées" contre ses reporters.
Dès l’annonce du Parquet, Amnesty International a déploré un "revers
majeur pour la liberté de la presse" qui "envoie le message effrayant
qu’aujourd’hui, une seule version des faits est acceptable en Egypte :
celle autorisée par les autorités", alors que le pays est profondément
divisé entre les partisans des nouvelles autorités et ceux des Frères
musulmans qu’elles répriment dans le sang depuis l’éviction du président
issu de leurs rangs.
Jeudi, Reporters Sans Frontières, dénonçant un "harcèlement à l’encontre
d’Al-Jazeera et de ses journalistes", estimait que "cet acharnement ne
faisait que renforcer le clivage au sein de la société égyptienne, de
plus en plus polarisée, et décrédibiliser davantage encore les autorités
égyptiennes auprès de l’opinion publique internationale".
"Les journalistes ne peuvent pas travailler dans un climat de peur (...)
A l’approche des élections (en Egypte), une presse libre est
essentielle", renchérissait Amnesty. Car, outre la menace d’un procès,
de nombreux journalistes rapportent avoir été pris à partie par des
foules les accusant d’être pro-Frères musulmans. Ainsi, la semaine
dernière, trois reporters de la chaîne publique allemande ARD ont été
attaqués aux cris de "traîtres" et de "suppôt des Frères musulmans".
Mercredi, le Parquet annonçait que "20 journalistes" d’Al-Jazeera
seraient jugés : 16 Egyptiens pour appartenance à une "organisation
terroriste" et quatre étrangers - deux Britanniques, un Australien et
une Néerlandaise - pour leur avoir fourni "argent, équipements et
informations" afin de "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à
une "guerre civile" en Egypte.
Al-Jazeera a dénoncé "un affront à la liberté d’expression, au droit des
journalistes de rapporter différents aspects des événements et au droit
de la population de savoir ce qui se passe".
Trois journalistes d’Al-Jazeera en anglais, l’Australien Peter Greste,
l’Egypto-Canadien Mohamed Adel Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed, sont
détenus depuis leur arrestation fin décembre dans un hôtel du Caire où
ils avaient installé un bureau improvisé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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