Amnesty les a qualifié de "prisonniers d’opinion" mais les autorités
égyptiennes soulignent qu’ils travaillaient sans accréditation.
En outre, un haut responsable gouvernemental a accusé Al-Jazeera de
suivre "les orientations politiques du Qatar, seul Etat du Golfe à
soutenir les Frères musulmans". "Ce ne sont pas des journalistes mais
des militants pro-Frères musulmans", a-t-il affirmé à l’AFP, sous le
couvert de l’anonymat.
Pour Andrew Hammond, expert au European Council on Foreign Relations, en
effet, "Al-Jazeera en arabe - mais pas en anglais - reflète les
positions du gouvernement qatari". Ainsi, sur son antenne, "les
politiques pro-islamistes et les partis défendant un islam politique
sont mis en avant", tandis que durant la présidence Morsi, les débats
qui agitaient la société égyptienne, notamment les critiques sur la
gestion du pouvoir par les Frères musulmans "n’étaient jamais évoqués
dans les talk-shows".
Dès lors, lorsque les militaires ont destitué Morsi, les relations entre
Le Caire et Doha se sont plus que refroidies. L’Egypte accuse le Qatar
de soutenir les Frères musulmans qu’elle a récemment déclarés
"terroristes", tandis que le petit émirat gazier reproche aux pays des
Pharaons sa violente répression des pro-Morsi qui a fait en sept mois
plus d’un millier de morts.
Au début de l’été, quelques heures à peine après l’arrestation du chef
d’Etat, plusieurs chaînes disparaissaient des écrans égyptiens, dont
celle des Frères musulmans. Deux mois plus tard, la justice entérinait
leur fermeture définitive ainsi que celle de l’antenne égyptienne
d’Al-Jazeera : Al-Jazeera Mubasher Misr.
Depuis, plusieurs journalistes d’Al-Jazeera ont été arrêtés -deux
d’entre eux sont en prison depuis l’été - et les locaux de la chaîne au
Caire ont été perquisitionnés à plusieurs reprises tandis que du
matériel était saisi.
Depuis Washington, le département d’Etat a estimé que "le fait que le
gouvernement cible des journalistes et d’autres sur des arguments
fallacieux" était "une erreur" et la preuve "d’un dédain monstrueux pour
la protection des droits fondamentaux".
Ce à quoi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr
Abdellaty, a rétorqué, selon des propos rapportés par l’agence d’Etat,
qu’il était "inacceptable qu’un Etat ou une partie étrangère s’ingère
dans les affaires de la justice égyptienne".
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