Le fossé reste large entre régime syrien et opposition au terme de la
première série de négociations, a constaté l’ONU au dernier jour des
pourparlers à Genève, où le régime a affiché son refus de faire toute
concession.
Pendant ce premier face-à-face d’une semaine depuis le début de la
guerre il y a près de trois ans en Syrie, les deux parties ont campé sur
leurs positions, le régime insistant sur le fait qu’il ne voulait pas
céder sur la transition politique et l’opposition clamant que Damas
était "contraint à négocier" sur cette question centrale du conflit qui
continue de ravager le pays.
Ces pourparlers, lancés sous la pression des Etats-Unis, alliés de
l’opposition, et la Russie, soutien du régime, devraient reprendre en
principe le 10 février, selon l’émissaire international, Lakhdar
Brahimi, par l’intermédiaire duquel les deux parties ont "dialogué" pour
la première fois dans une même salle depuis le 25 janvier.
Alors que ces discussions, souvent stériles, se déroulaient, environ
1.900 personnes ont été tuées dans les bombardements et les combats dans
différentes provinces syriennes, selon une ONG.
En diplomate chevronné, Lakhdar Brahimi a affirmé que la conférence dite
de Genève II était un "début très modeste, mais c’est un début (...)
sur lequel on peut construire", au cours d’une conférence de presse
vendredi.
Relevant "quelques points de convergence" et soulignant que "les deux
parties ont pris l’habitude de s’asseoir dans la même pièce",
M. Brahimi, qui a lu un document écrit, a toutefois reconnu que "ce fut
un démarrage très difficile" et qu’il n’y avait "pas de doute que les
positions importantes étaient très éloignées".
"J’ai suggéré de reprendre (les pourparlers) en se fondant sur un agenda
sur lequel on s’était mis d’accord et de nous rencontrer le 10 février
(...) la délégation du régime a dit qu’elle avait besoin de consulter
d’abord Damas", a précisé le diplomate.
Mais d’ores et déjà, les deux parties ont réaffirmé leurs positions
presque irréconciliables, notamment en ce qui concerne la question de la
transition politique en Syrie.
"Ni dans ce round, ni dans le prochain, ils (les adversaires du régime)
ne pourront obtenir de la délégation syrienne aucune concession", a
ainsi clamé le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, devant
quelque 250 manifestants pro-régime rassemblés devant le siège de l’ONU
à Genève.
"Ils n’obtiendront pas par la politique ce qu’ils n’ont pas pu obtenir
par la force", a-t-il ajouté sur un ton de défi, sous les
applaudissements des partisans du régime.
Pour Walid Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères, "nous
n’avons pas obtenu de résultats tangibles pendant cette semaine de
dialogue". Le ministre a mis en cause le "manque de responsabilité et de
sérieux" des dirigeants de l’opposition et "leur volonté de faire
imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et
devions tout leur céder".
"Personne ne peut remplacer la direction syrienne", a insisté M. Mouallem faisant allusion au président, Bashar al-Assad.
De son côté, le porte-parole de la délégation de l’opposition, Louai
Safi, a affirmé dans un point de presse que "le régime était contraint à
négocier avec une délégation représentant les attentes du peuple
syrien".
Les discussions ont la plupart du temps tourné en rond, le régime
affirmant que la priorité était de combattre le "terrorisme", la
rébellion selon sa terminologie, tandis que l’opposition maintenait que
la transition politique aboutissant au départ du président Assad devait
être au coeur des discussions pour mettre fin à la violence.
La conférence de Genève II est jusqu’à présent la tentative la plus
sérieuse de la communauté internationale pour mettre un terme au bain de
sang en Syrie, où plus de 130.000 personnes sont mortes et plus de neuf
millions sont des réfugiés et des déplacés depuis près de trois ans.
Après cette première session d’une conférence qui a nécessité
pratiquement deux ans d’efforts diplomatiques et toute l’influence des
deux co-parrains les Etats-Unis et la Russie, le chef de la coalition de
l’opposition, Ahmad Jarba, fort d’une crédibilité acquise à Genève,
sera reçu à Moscou le 4 février pour sa première visite officielle à cet
allié du régime syrien, a annoncé l’opposition.
"Sans un consensus international clair pour faire pression sur le régime
d’Assad, y compris les Russes (...) nous n’allons pas voir beaucoup de
changement de la part du régime", a déclaré à l’AFP Salman Shaikh,
directeur du Brookings Institute de Doha.
L’analyste ne s’attend à aucun grand progrès, même si la prochaine "session dure une semaine ou un an".
Pour d’autres, la conférence a été au minimum une victoire symbolique pour l’opposition.
"Cela a été un succès pour l’opposition qui a réussi à se présenter
comme organisée et raisonnable", affirme Peter Volker, de l’Institut
allemand des affaires internationales et de sécurité, alors que depuis
trois ans celle-ci apparaissait profondément divisée et fragilisée par
une rébellion tout aussi éclatée.
Sur le plan humanitaire, aucune des "mesures de confiance" que demandait
M. Brahimi, pas même le ravitaillement des assiégés dans les secteurs
rebelles de Homs (centre), ne s’est concrétisée. Le seule percée a eu
lieu à Damas avec le ravitaillement jeudi et vendredi du camp
palestinien de Yarmouk.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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