Les émissaires du président syrien Bashar al-Assad et de l’opposition
examinent dimanche à Genève le problème des milliers de prisonniers et
de disparus du conflit syrien, le médiateur de l’ONU tentant d’obtenir
la libération d’enfants, de femmes et des plus âgés.
Les négociateurs en chef et leurs équipes se sont enfermés dès 11H00
(10H00 GMT) dans le même salon que la veille pour une deuxième journée
de négociations. Comme samedi, les deux délégations sont assis à la même
table mais se parlent par Lakhdar Brahimi interposé.
Le médiateur de l’ONU, diplomate algérien chevronné, avait annoncé
samedi soir, après le premier round de négociations, que la question des
prisonniers et des disparus serait au menu des discussions.
"N’est-ce pas un fait que des milliers et des milliers de personnes se
trouvent dans les prisons du gouvernement ?", avait-il déclaré. "Les
Nations unies appellent, au moins pour l’instant, à la libération des
femmes, des personnes âgées et des enfants", a ajouté M. Brahimi.
Depuis que le mouvement de contestation de mars 2011 a tourné à la
guerre civile sanglante avec plus de 130.000 morts et des millions de
réfugiés et déplacés, le phénomène des prisonniers et des disparus s’est
amplifié.
17 000 disparus selon l’OSDH
Il n’existe pas de chiffres exacts, mais les organisations de défense
des droits de l’Homme évoquent des milliers de prisonniers et de
disparus. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG en
pointe dans le conflit syrien, évoque 17 000 disparus dont le sort
reste inconnu et des "dizaines de milliers" de prisonniers dans les
prisons du régime.
L’OSDH évoque également des milliers de personnes enlevés ou prisonniers
des groupes armés, notamment des jihadistes de l’Etat islamique en Irak
et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, ainsi que de groupes
rebelles.
En décembre, la Commission internationale d’enquête des Nations unies
pour la Syrie avait qualifié de "crime contre l’humanité" les
disparitions forcées menées par l’armée, la police et les services de
renseignements syriens, évoquant une "tactique de guerre" des autorités
de Damas et le recours systématique à la torture.
Le Comité international de la Croix Rouge n’a pu visiter aucune prison en Syrie depuis 2012.
Rapport sur le recours à la torture
A la veille de la conférence de Genève II, trois anciens procureurs
internationaux ont accusé le régime de massacres à grande échelle et de
tortures dans un rapport basé sur le témoignage d’un déserteur et
commandé par le Qatar, pays qui soutient les rebelles syriens.
Le rapport s’appuyait sur le témoignage d’un photographe qui affirme
avoir déserté la police militaire syrienne avec, en sa possession, une
carte mémoire contenant environ 55 000 photos de 11 000 prisonniers
morts en prison entre mars 2011 et août 2013.
Le 17 janvier, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem avait
assuré que le régime était "prêt à échanger des détenus contre des
prisonniers capturés par le camp adverse".
Samedi, les deux délégations avaient parlé longuement de Homs et des
quartiers rebelles de la ville bombardés quotidiennement par l’armée
syrienne. Dans ces quartiers assiégés depuis juin 2012, des milliers de
Syriens vivent dans des conditions épouvantables et manquent de
nourriture et de médicaments.
Selon Lakhdar Brahimi, les deux parties ont trouvé un accord sur l’envoi
de convois humanitaires à Homs. Et l’opposition a estimé que la demande
faite à Damas constituait un "test" du sérieux du régime dans les
négociations à venir.
L’opposition affirme que les négociations politiques sur Genève I se
dérouleront lundi et mardi. "Le motif de notre présence n’est pas
d’ouvrir un corridor ici ou là, il est de parler de l’avenir de la
Syrie", a souligné M. Louai Safi, un des négociateurs de l’opposition.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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