jeudi 23 janvier 2014

Syrie : L’ONU essaie de sauver les négociations sur la paix en Syrie

Le médiateur international Lakhdar Brahimi devait s’entretenir jeudi avec chacune des deux délégations syriennes, les représentants du gouvernement et ceux de l’opposition, à la veille de leurs premières négociations de paix qui devraient porter sur l’échange de prisonniers et des cessez-le-feu locaux.
La journée d’ouverture de la conférence de paix, dite de Genève II, mercredi à Montreux sur les bords du lac Léman, a montré la profondeur des divergences entre le gouvernement du président Bashar al Assad et la délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui représente l’opposition en exil.
Mais, malgré l’âpreté des propos tenus - les deux parties se sont mutuellement accusées des pires atrocités -, les participants espèrent pouvoir sauver le processus de Genève II en se fixant des objectifs concrets visant à améliorer la vie quotidienne des populations civiles, à défaut de négocier d’emblée sur la nature du futur régime politique à Damas.
"Nous avons eu des indications assez précises montrant que les parties sont désireuses de discuter des problèmes d’accès aux populations nécessiteuses, de la libération des prisonniers et de cessez-le-feu locaux", a déclaré Lakhdar Brahimi.
La secrétaire générale adjointe de l’Onu pour les Affaires humanitaires, Valerie Amos, compte sur ce type de mesures pour avancer, à commencer par des cessez-le-feu ponctuels dans plusieurs zones de combats qui permettraient le passage de vivres et de médicaments.
"J’ai discuté de cela avec M. Brahimi. Il va continuer à pousser en ce sens. Parce que les négociations politiques peuvent durer très longtemps. Comme nous l’avons vu hier, il y a de grandes divergences entre les parties", a déclaré Valerie Amos, présente elle aussi à Montreux.
Il faut, dit-elle, pouvoir accéder à 250.000 personnes qui sont prisonnières dans les secteurs assiégés, notamment à Alep, Homs et près de Damas, et hors d’atteinte depuis des mois. Certains des assiégés disent en être réduits à manger de l’herbe. En outre, deux millions et demi de personnes se trouvent dans des zones difficiles d’accès, où l’aide de l’Onu n’est parvenue qu’une fois ou deux, explique Valérie Amos.
En près de trois années de guerre civile en Syrie, 130.000 personnes auraient été tuées. Près d’un tiers des 22,4 millions de Syriens ont été déplacés ou se sont réfugiés à l’étranger.
La journée de jeudi, qui servait donc de pause pour apaiser les esprits avant que les négociations entrent dans le vif du sujet vendredi à Genève, devait être consacrée par Lakhdar Brahimi à des entretiens séparés avec les délégations syriennes.
Dans la délégation de l’opposition, Haitham al Maleh estime que l’atmosphère est positive malgré une dure première journée.
Il évoque un processus à deux étages, avec d’abord les mesures pratiques comme l’échange de prisonniers, les cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes et la mise en place de couloirs humanitaires, avant, dans un second temps, le volet de la transition politique.
"Il y a une volonté internationale de voir cela réussir, mais nous ne savons pas ce qui va se passer", a-t-il déclaré. "Il est possible que (le gouvernement) se retire. Nous nous retirerons si Genève prend un autre tour et s’écarte de la transition pour aller vers le discours du gouvernement selon lequel il combat le terrorisme."
Dès mercredi soir, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est attaché à minimiser les discours enflammés. "Pour la première fois en trois ans de conflit sanglant (...) les parties, malgré leurs accusations, ont accepté de s’asseoir à la table des négociations", a-t-il dit.
Parmi les nombreuses difficultés du processus politique, la délégation de la CNS ne comprend aucun représentant des groupes sunnites liés à Al Qaïda, qui contrôlent l’essentiel des territoires aux mains des rebelles et qualifient de traîtres ceux qui participent aux discussions de Genève II.
De son côté, le chef d’Al Qaïda, Ayman al Zawahiri, a invité les factions rebelles syriennes à cesser de s’affronter et à s’organiser pour régler leurs différends.

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