Le médiateur international Lakhdar Brahimi devait s’entretenir jeudi
avec chacune des deux délégations syriennes, les représentants du
gouvernement et ceux de l’opposition, à la veille de leurs premières
négociations de paix qui devraient porter sur l’échange de prisonniers
et des cessez-le-feu locaux.
La journée d’ouverture de la conférence de paix, dite de Genève II,
mercredi à Montreux sur les bords du lac Léman, a montré la profondeur
des divergences entre le gouvernement du président Bashar al Assad et la
délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui représente
l’opposition en exil.
Mais, malgré l’âpreté des propos tenus - les deux parties se sont
mutuellement accusées des pires atrocités -, les participants espèrent
pouvoir sauver le processus de Genève II en se fixant des objectifs
concrets visant à améliorer la vie quotidienne des populations civiles, à
défaut de négocier d’emblée sur la nature du futur régime politique à
Damas.
"Nous avons eu des indications assez précises montrant que les parties
sont désireuses de discuter des problèmes d’accès aux populations
nécessiteuses, de la libération des prisonniers et de cessez-le-feu
locaux", a déclaré Lakhdar Brahimi.
La secrétaire générale adjointe de l’Onu pour les Affaires humanitaires,
Valerie Amos, compte sur ce type de mesures pour avancer, à commencer
par des cessez-le-feu ponctuels dans plusieurs zones de combats qui
permettraient le passage de vivres et de médicaments.
"J’ai discuté de cela avec M. Brahimi. Il va continuer à pousser en ce
sens. Parce que les négociations politiques peuvent durer très
longtemps. Comme nous l’avons vu hier, il y a de grandes divergences
entre les parties", a déclaré Valerie Amos, présente elle aussi à
Montreux.
Il faut, dit-elle, pouvoir accéder à 250.000 personnes qui sont
prisonnières dans les secteurs assiégés, notamment à Alep, Homs et près
de Damas, et hors d’atteinte depuis des mois. Certains des assiégés
disent en être réduits à manger de l’herbe. En outre, deux millions et
demi de personnes se trouvent dans des zones difficiles d’accès, où
l’aide de l’Onu n’est parvenue qu’une fois ou deux, explique Valérie
Amos.
En près de trois années de guerre civile en Syrie, 130.000 personnes
auraient été tuées. Près d’un tiers des 22,4 millions de Syriens ont été
déplacés ou se sont réfugiés à l’étranger.
La journée de jeudi, qui servait donc de pause pour apaiser les esprits
avant que les négociations entrent dans le vif du sujet vendredi à
Genève, devait être consacrée par Lakhdar Brahimi à des entretiens
séparés avec les délégations syriennes.
Dans la délégation de l’opposition, Haitham al Maleh estime que l’atmosphère est positive malgré une dure première journée.
Il évoque un processus à deux étages, avec d’abord les mesures pratiques
comme l’échange de prisonniers, les cessez-le-feu, le retrait des armes
lourdes et la mise en place de couloirs humanitaires, avant, dans un
second temps, le volet de la transition politique.
"Il y a une volonté internationale de voir cela réussir, mais nous ne
savons pas ce qui va se passer", a-t-il déclaré. "Il est possible que
(le gouvernement) se retire. Nous nous retirerons si Genève prend un
autre tour et s’écarte de la transition pour aller vers le discours du
gouvernement selon lequel il combat le terrorisme."
Dès mercredi soir, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï
Lavrov, s’est attaché à minimiser les discours enflammés. "Pour la
première fois en trois ans de conflit sanglant (...) les parties, malgré
leurs accusations, ont accepté de s’asseoir à la table des
négociations", a-t-il dit.
Parmi les nombreuses difficultés du processus politique, la délégation
de la CNS ne comprend aucun représentant des groupes sunnites liés à Al
Qaïda, qui contrôlent l’essentiel des territoires aux mains des rebelles
et qualifient de traîtres ceux qui participent aux discussions de
Genève II.
De son côté, le chef d’Al Qaïda, Ayman al Zawahiri, a invité les
factions rebelles syriennes à cesser de s’affronter et à s’organiser
pour régler leurs différends.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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