Les dirigeants tunisiens doivent signer lundi la nouvelle
Constitution, parachevant ce texte historique adopté dans la douleur,
plus de trois ans après la première révolution du Printemps arabe,
tandis que les politiques pensent déjà aux élections prévues en 2014.
Une première cérémonie est prévue en fin de matinée au siège de
l’Assemblée nationale constituante (ANC) lors de laquelle la loi
fondamentale sera signée par le chef de l’Etat Moncef Marzouki, le
président de l’Assemblée Mustapha Ben Jaafar, et le Premier ministre
démissionnaire, l’islamiste Ali Larayedh.
Après sa publication au Journal officiel, elle entrera en vigueur par
étapes, notamment dans l’attente de l’élection d’un Parlement et d’un
président de la République conformément aux dispositions
constitutionnelles.
Des représentants étrangers sont attendus à cette occasion, notamment le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel.
Une deuxième réception est prévue dans l’après-midi au palais
présidentiel.
L’adoption de la Constitution a été saluée à l’étranger, alors que la
Tunisie, malgré une transition très chaotique, a réussi à préserver sa
stabilité contrairement à d’autres pays du Printemps arabe dont elle est
le berceau.
"Je félicite la Tunisie pour l’adoption de sa nouvelle Constitution qui
représente un progrès important dans la transition démocratique du
pays", a souligné Catherine Ashton, haute représentante pour les
Affaires étrangères de l’Union européenne.
Le secrétaire-général des Nations unies, Ban Ki-moon a lui loué une
"étape historique" et estimé que la Tunisie représentait un "modèle pour
les autres peuples aspirant à des réformes".
L’ANC a approuvé dans la nuit de dimanche à lundi la Constitution par
une majorité écrasante après plus de deux ans de travaux chaotiques,
ralentis par la méfiance régnant entre les islamistes d’Ennahda et leurs
détracteurs.
Son adoption a été rendu possible par le retrait du pouvoir d’Ennahda
qui laisse la place à un gouvernement d’indépendants dirigé par Mehdi
Jomaâ. Sa composition a été achevée dimanche soir et il doit obtenir la
confiance des députés dans les jours à venir.
C’est ce cabinet qui devra conduire la Tunisie vers des élections et
juguler enfin la crise politique qui mine le pays depuis l’assassinat,
attribué aux jihadistes, du député Mohamed Brahmi.
Le regard tourné vers les élections
Sa principale tâche sera de créer les conditions pour des législatives et une présidentielle avant la fin de l’année.
Les politiques et les diplomates ont d’ailleurs déjà le regard tourné
vers ces échéances, les islamistes tablant même sur des élections en
octobre.
"Dans six semaines, il y aura une loi électorale. La visibilité est
claire jusqu’aux élections qui auront lieu probablement en octobre
2014", a déclaré à l’AFP Ameur Larayedh, un haut responsable d’Ennahda
dans les couloirs de la Constituante.
"La Tunisie est en train de bâtir son modèle démocratique", a-t-il
ajouté.
Mme Ashton a pour sa part appelé dans son communiqué "le nouveau
gouvernement à déployer tous les moyens de l’Etat en vue de
l’organisation, dans les meilleurs délais, d’élections transparentes et
crédibles".
Les dates officielles des scrutins doivent être fixées par l’instance électorale (ISIE) qui n’a été formée que début janvier.
Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar a pour sa part dit à l’AFP que
"les élections auront lieu avant 2015" conformément aux dispositions de
la nouvelle Constitution.
Il a par ailleurs indiqué espérer que la vie politique se trouverait
pacifiée maintenant que la loi Fondamentale a été adoptée dans
l’euphorie à l’ANC.
"C’est un grand soulagement (...) j’espère que l’ambiance d’hier va se
poursuivre afin de mener le pays sur le bon chemin", a-t-il dit.
Depuis la révolution de janvier 2011, la transition démocratique de la
Tunisie a été déstabilisée par la méfiance entre les islamistes et leurs
détracteurs, l’essor de la mouvance jihadiste et les conflits sociaux à
répétition.
Le gouvernement de M. Jomaâ est d’ailleurs confronté à de nombreux défis.
Les
assassinats des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi n’ont pas été
véritablement élucidés et la situation économique restant très
difficile si bien que des vagues de violences, nourries par la misère,
éclatent régulièrement.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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