dimanche 26 janvier 2014

Yémen : Sanaa va lancer le chantier d’une nouvelle Constitution

Le président yéménite Abd Rabbo Mansur Hadi a promis samedi, lors d’une cérémonie marquant la fin du dialogue national, de lancer rapidement les chantiers d’une nouvelle Constitution et de la transformation du pays, secoué par les violences, en Etat fédéral.
"Nous allons nous employer dans les plus brefs délais à former une commission chargée (de déterminer le nombre de) régions devant former le nouvel Etat fédéral et une commission chargée d’élaborer la Constitution", a déclaré M. Hadi lors d’une cérémonie officielle retransmise par la télévision d’Etat.
Le chef de l’Etat yéménite s’est félicité du "succès" du dialogue national, qui a permis de dégager un large consensus sur la nécessité d’une nouvelle loi fondamentale et d’un Etat fédéral. Ce succès marque selon lui "un tournant dans l’histoire du peuple du Yémen".
"Nous avons pu conclure, avec un succès sans précédent, le dialogue national et avons surmonté toutes les difficultés", a-t-il souligné.
"Cela nous a pris dix mois au lieu de six mois", a ajouté M. Hadi, estimant que "tout le monde a fait des concessions douloureuses (...) mais que cela a abouti à un résultat sans vainqueur ni vaincu".
Le dialogue national a réuni depuis mars 2013 les représentants de différentes familles politiques du pays, à l’exception des indépendantistes du sud, pour s’entendre sur une feuille de route visant à doter le pays d’institutions pérennes.
Le dialogue, parrainé par les Nations unies et les monarchies arabes du Golfe, était l’un des clés de voûte de l’accord politique qui a permis à M. Hadi de succéder au printemps 2013 à l’ancien président Ali Abdallah Saleh dont le pouvoir avait été contesté dans la rue pendant un an.
Le document final adopté par ce dialogue, dont l’AFP a obtenu une copie, prévoit, dans le délai d’un an, l’adoption d’une nouvelle Constitution par voie référendaire et la transformation du pays en Etat fédéral où les régions auraient plus d’autonomie.
La commission des régions doit trancher entre différents choix : deux grandes régions dans le nord et le sud, six régions (quatre dans le nord et deux dans le sud) ou toute autre proposition.

Un Etat fédéral pour répondre aux exigences des autonomistes
La décentralisation répond aux demandes d’autonomie des sudistes, qui avaient un Etat indépendant avant 1990. Elle sera accompagnée par un programme de compensations pour les habitants de cette partie du pays qui se sont soulevés contre ce qu’ils considèrent une politique de discrimination du nord.
Le dialogue national a prévu entre autres, pour répondre à leurs revendications, la parité entre le nord et le sud dans les recrutements au sein de l’administration et des forces armés et de maintien de l’ordre.
Le président Hadi n’a pas exclu des difficultés à l’avenir dans un pays à structure tribale et où, selon lui, Al-Qaïda fait "régner la peur parmi les citoyens au point d’affecter l’économie alors que la corruption fait des ravages".
"Mais en tant que Yéménites, nous n’avons d’autre choix que de se lancer dans les chantiers de la reconstruction", a-t-il affirmé.
L’émissaire de l’ONU, Jamal Benomar, qui a été très impliqué dans les discussions du dialogue national a souligné que "les Yéménites ont de quoi être fiers du succès de leur entreprise".
"Ce dialogue n’a pas été une promenade mais une marche forcée qui a été semée d’embûches et de sacrifices", a-t-il dit en référence à l’assassinat de deux délégués des rebelles chiites basés dans le nord du pays.
"Mais les Yéménites ont décidé de ne pas reculer et se sont dotés d’une feuille de route précise et détaillée qui doit aboutir à un Etat de droit, de justice et de démocratie", s’est-il félicité.
"C’est un jour historique pour le Yémen", a pour sa part déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans un enregistrement vidéo adressé à la cérémonie.

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