jeudi 30 janvier 2014

Egypte : "Prisonniers d’opinion"

Amnesty les a qualifié de "prisonniers d’opinion" mais les autorités égyptiennes soulignent qu’ils travaillaient sans accréditation.
En outre, un haut responsable gouvernemental a accusé Al-Jazeera de suivre "les orientations politiques du Qatar, seul Etat du Golfe à soutenir les Frères musulmans". "Ce ne sont pas des journalistes mais des militants pro-Frères musulmans", a-t-il affirmé à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat.
Pour Andrew Hammond, expert au European Council on Foreign Relations, en effet, "Al-Jazeera en arabe - mais pas en anglais - reflète les positions du gouvernement qatari". Ainsi, sur son antenne, "les politiques pro-islamistes et les partis défendant un islam politique sont mis en avant", tandis que durant la présidence Morsi, les débats qui agitaient la société égyptienne, notamment les critiques sur la gestion du pouvoir par les Frères musulmans "n’étaient jamais évoqués dans les talk-shows".
Dès lors, lorsque les militaires ont destitué Morsi, les relations entre Le Caire et Doha se sont plus que refroidies. L’Egypte accuse le Qatar de soutenir les Frères musulmans qu’elle a récemment déclarés "terroristes", tandis que le petit émirat gazier reproche aux pays des Pharaons sa violente répression des pro-Morsi qui a fait en sept mois plus d’un millier de morts.
Au début de l’été, quelques heures à peine après l’arrestation du chef d’Etat, plusieurs chaînes disparaissaient des écrans égyptiens, dont celle des Frères musulmans. Deux mois plus tard, la justice entérinait leur fermeture définitive ainsi que celle de l’antenne égyptienne d’Al-Jazeera : Al-Jazeera Mubasher Misr.
Depuis, plusieurs journalistes d’Al-Jazeera ont été arrêtés -deux d’entre eux sont en prison depuis l’été - et les locaux de la chaîne au Caire ont été perquisitionnés à plusieurs reprises tandis que du matériel était saisi.
Depuis Washington, le département d’Etat a estimé que "le fait que le gouvernement cible des journalistes et d’autres sur des arguments fallacieux" était "une erreur" et la preuve "d’un dédain monstrueux pour la protection des droits fondamentaux".
Ce à quoi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdellaty, a rétorqué, selon des propos rapportés par l’agence d’Etat, qu’il était "inacceptable qu’un Etat ou une partie étrangère s’ingère dans les affaires de la justice égyptienne".

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