mercredi 29 janvier 2014

Syrie : les discussions sans illusions à Genève

Le médiateur de l’ONU, Lakhdar Brahimi, a repris mercredi ses efforts pour faire avancer les discussions de paix à Genève, marquées quotidiennement par un dialogue de sourds entre les représentants de Damas et l’opposition syrienne. Les négociateurs se sont retrouvés en fin de matinée pour un nouveau tour de discussions, dont M. Brahimi espérait qu’il serait "meilleur" que celui de mardi. Le diplomate avait décidé d’interrompre la réunion mardi, faute de dialogue, après que la délégation du gouvernement eut demandé à l’autre partie d’adopter un texte condamnant Washington sur la base d’une information de presse concernant une reprise de l’aide militaire à des groupes armés. L’opposition avait refusé.
Une source de la délégation de l’opposition a affirmé mercredi que les représentants du régime devrait présenter leur feuille de route, "son agenda et sa vision de Genève I demandée par Lakhdar Brahimi". L’opposition avait présenté la sienne mardi, intitulée "le chemin de la liberté", avec pour principaux points, selon cette source, la formation de l’autorité gouvernementale de transition comme le prévoit Genève I, la restructuration des services de sécurité et l’édification des institutions démocratiques".
Quant aux mesures destinées à établir un climat de confiance entre les parties, notamment l’envoi d’un convoi d’aide pour la population assiégée par l’armée dans les quartiers rebelles de Homs (centre), rien n’a avancé depuis le début de la semaine. Mercredi matin, des représentants à Genève du Comité international de la Croix-Rouge et du PAM, le Programme alimentaire mondial des Nations unies, ont indiqué que les équipes sur le terrain qui sont prêtes à intervenir n’ont toujours pas reçu un feu vert des autorités.
La partie rebelle de la 3e ville de Syrie est assiégée depuis maintenant plus de 600 jours, selon l’opposition, et les organisations internationales n’ont pu venir en aide à ces quartiers depuis plus d’un an. En dépit du fait qu’il n’a obtenu jusqu’à présent aucune avancée, comme il l’a admis devant la presse mardi, Lakhdar Brahimi est bien décidé à poursuivre ses efforts, prêt à s’appuyer sur les rares éléments positifs, comme le refus des deux parties de terminer prématurément cette session de discussion qui doit se terminer vendredi.
Ce vétéran de la diplomatie, qui a fêté ses 80 ans le 1er janvier, manie humour et fermeté, n’hésitant à hausser le ton quand les négociateurs dérapent à ses yeux. "Au rythme où nous sommes partis, il nous faudra vingt ans, il faudrait vous dépêcher, dans vingt ans je ne serai plus là", a-t-il dit en séance en début de semaine, a rapporté un des participants. En coulisses, les co-parrains de la réunion, la Russie et les États-Unis, appuyés en parallèle par la France et un groupe des pays "amis de la Syrie" essayent de faire avancer le processus.
Depuis Genève, l’ancien ambassadeur des États-Unis à Damas, Robert Ford, a déclaré, dans un message adressé en arabe au peuple syrien via Orient TV, "espérer que le régime va, à terme, travailler de manière sérieuse pour trouver avec la communauté internationale et la Coalition une solution politique à la crise syrienne".

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