dimanche 26 janvier 2014

Syrie : deuxième jour des négociations de paix à Genève

Les négociateurs du régime syrien et de l’opposition se retrouvent ce dimanche à Genève pour un second round de négociations, après être parvenus samedi à entrer dans le vif du sujet en discutant de l’envoi de convois humanitaires à Homs.
Les deux camps ennemis, réunis par le médiateur de l’ONU Lakhdar Brahimi au siège de l’ONU, doivent évoquer au cours de cette deuxième journée de négociations, le problèmes des milliers de prisonniers, disparus et civils enlevés en Syrie depuis que le mouvement de contestation de mars 2011 a tourné à la guerre civile sanglante.
"Beaucoup ont perdu la liberté, sont prisonniers, kidnappés, les nonnes (enlevées) à Maaloula, les deux évêques, les centaines, peut-être les milliers de personnes qui ont disparu, qui ont peut-être été kidnappées", a estimé Louai Safi, un porte-parole de la Coalition de l’opposition et membre de la délégation à Genève, faisant allusion aux disparitions de Syriens dans les zones rebelles comme dans les zones contrôlées par le régime.
La veille, après une courte introduction le matin de l’émissaire de l’ONU et deux heures de discussions l’après-midi, Lakhdar Brahimi avait estimé qu’il s’agissait d’un "bon début", tout en reconnaissant : "nous n’avons pas obtenu beaucoup de résultats". "Nous avons discuté longuement de la situation à Homs et dans la vieille ville de Homs", a déclaré M. Brahimi. Et "nous espérons qu’au final, des convois d’aide, avec de la nourriture et des médicaments, seront autorisés à entrer dans la vieille ville", a-t-il ajouté.
Ville industrielle, au carrefour entre Damas et le nord de la Syrie, Homs est une ville stratégique pour le pouvoir comme pour l’opposition. Souvent considéré comme le "coeur" de la contestation, la ville a payé au prix fort son opposition au président Bashar al-Assad. Les quartiers rebelles sont assiégés depuis juin 2012 par l’armée régulière qui les bombarde régulièrement.
Les milliers de Syriens assiégés dans ces quartiers y vivent dans des conditions épouvantables et manquent de nourriture et de médicaments. "La situation est catastrophique dans la vieille ville de Homs", a indiqué à l’AFP le chef des opérations pour le Proche-Orient du Comité internationale de la Croix Rouge (CICR), Robert Mardini. Le CICR, précise-t-il, n’a pas pu entrer dans dans la vieille ville de Homs depuis novembre 2012 et la situation y était déjà "désastreuse".
L’opposition a estimé que la demande faite à Damas d’autoriser des convois humanitaires constituait un "test" du sérieux du régime dans les négociations qui se déroulent à Genève jusqu’à la fin de la semaine prochaine. "Homs, c’est un test : si le régime n’ouvre pas des corridors pour des gens qui meurent de faim, cela veut dire que le régime veut une solution militaire et non pas de solution politique", a assuré de son côté M. Safi.
Revenant sur le rythme et le ton des négociations, M. Brahimi s’est montré prudent, estimant que les pourparlers avançaient "à pas minuscules". Pour l’heure, les négociateurs sont certes assis face à face mais ne se parlent pas directement. Ils négocient par "Brahimi interposé".
"Nous avons des sentiments mitigés", a confessé Anas al-Abdé, un des négociateurs de l’opposition à l’issue de la réunion. "Ce n’était pas facile pour nous de nous asseoir avec la délégation qui représente les tueurs à Damas", a-t-il ajouté. Pour une fois, le régime syrien partageait le même sentiment que son ennemi. "Peut-être ravalons nous notre rancoeur, mais nous sommes là, nous sommes sérieux, nous avons des instructions claires", a déclaré à l’AFP le négociateur en chef du régime, Bachar al-Jaafari.
Les négociations auraient dû commencer vendredi, mais l’ONU et les Syriens avaient perdu 24 heures après le refus de l’opposition de s’asseoir à la même table que le régime tant que ce dernier n’aura pas accepté ce qui constitue une ligne rouge pour l’opposition et les Occidentaux : la reconnaissance par le régime du principe d’un "organe" de transition conformément au texte adopté en 2012 lors de la conférence de Genève I.
Après d’intenses discussions avec les deux délégations, Lakhdar Brahimi avait finalement convaincu les protagonistes d’être présents samedi.
Régime et opposition divergent sur l’interprétation de Genève I : les opposants à Bashar al-Assad réclament que celle-ci implique nécessairement un départ du président, tandis que Damas rejette ce scénario et parle d’un gouvernement d’union. L’opposition affirme que les négociations politiques sur Genève I se dérouleront lundi et mardi. "Le motif de notre présence n’est pas d’ouvrir un corridor ici ou là, il est de parler de l’avenir de la Syrie", a souligné M. Safi.
Sur le terrain, l’armée syrienne a mené des raids aériens sur des zones rebelles dans les provinces de Damas et d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
 Reprise des pourparlers syro-syriens à Genève
Les pourparlers syro-syriens ont repris dimanche à Genève où le médiateur international, Lakhdar Brahimi, espère parvenir à un accord sur des questions humanitaires.
Une porte-parole de l’Onu a annoncé que les délégations de Damas et de l’opposition s’étaient à nouveau retrouvées face à face au Palais des nations à Genève.
Brahimi a indiqué que ce week-end de discussions serait focalisé sur des mesures susceptibles d’introduire un peu de confiance entre les deux camps avant de basculer lundi sur les questions politiques, beaucoup plus difficiles. L’un de ses objectifs est de parvenir ce dimanche à un accord qui permettrait l’acheminement d’une aide humanitaire vers le centre de la ville de Homs, où les rebelles sont assiégés depuis dix-huit mois par les forces de Bashar al Assad.
L’opposition souhaite également profiter de la session de dimanche pour appeler à la libération de prisonniers. Ses délégués n’en ont pas dit davantage, mais un diplomate occidental s’attend à ce qu’ils réclament la libération de femmes et d’enfants.
"Ils ont proposé Homs. Nous disons que toutes les villes syriennes sont égales et aussi importantes", a déclaré le ministre syrien de l’Information, Omran Zoabi, à son arrivée dimanche.
Bouthaina Chaaban, proche conseillère d’Assad et membre elle aussi de la délégation gouvernementale, a fait part du même sentiment : "L’autre partie est venue ici pour discuter d’un petit problème ici ou là. Nous, nous sommes là pour débattre de l’avenir de la Syrie", a-t-elle dit.

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