mercredi 6 novembre 2013

Syrie : toujours pas de date pour une conférence de paix Genève-2

Les discussions mardi à Genève entre l’émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi et représentants russes et américains ont à nouveau échoué à fixer une date pour une conférence Genève-2 afin de trouver une issue politique au conflit syrien.
M. Brahimi a évité d’énumérer les points de divergences qui n’ont pas permis un accord mais a souligné que "l’opposition syrienne est divisée et n’est pas prête".
"L’opposition est l’un des problèmes", a-t-il déclaré. "Il doit y avoir deux délégations pour la Syrie à Genève-2, le gouvernement et l’opposition", a répété le vétéran de la diplomatie algérienne et onusienne.
Il a exprimé "l’espoir" qu’une date puisse être fixée "pour avant la fin de l’année" et a annoncé une nouvelle réunion tripartite à Genève le 25 novembre. "Un travail intensif a été accompli et nous espérons la conférence d’ici à la fin de l’année", a-t-il dit.
Il a souligné avoir demandé à l’opposition syrienne "de venir avec une délégation crédible". "Les différentes composantes de l’opposition syrienne sont en contact les unes avec les autres, c’est une des choses qu’ils doivent décider", a-t-il dit.
Un haut responsable américain, se déclarant "pas du tout déçu" a affirmé avoir "l’espoir que la conférence ait lieu avant la fin de l’année". "C’est un processus long et compliqué, si la coalition de l’opposition a besoin de quelques semaines de plus pour se préparer (...) nous voulons les soutenir", a-t-il dit sous couvert d’anonymat.
Les Etats-Unis ont par ailleurs indiqué, via leur ambassadrice à l’ONU, qu’ils continuaient de vérifier l’exactitude de l’inventaire des armes chimiques transmis par la Syrie à la communauté internationale, ne cachant pas leur "scepticisme".
"Vous entendrez certainement parler de nous si nous décelons une non-conformité ou des divergences importantes", a assuré la diplomate.
L’ambassadrice américaine a répété à cette occasion que Bashar al-Assad n’était pas légitime pour diriger la Syrie malgré sa promesse de détruire toutes les armes chimiques.
"La conférence doit avoir lieu sans condition préalable", a toutefois souligné M. Brahimi.
En référence aux discussions de Genève, plusieurs acteurs majeurs du conflit ont réaffirmé des positions diamétralement opposées sur l’avenir du tyran al-Assad.
Lundi, le ministre syrien de l’Information avait averti que le régime d’al-Assad ne comptait pas participer à cette conférence "pour remettre le pouvoir", comme le réclament ses adversaires.
"Nous n’irons pas à Genève pour remettre le pouvoir comme le souhaitent (Saoud) Al-Fayçal (chef de la diplomatie saoudienne) et certains opposants à l’étranger", a affirmé le ministre Omrane al-Zohbi.
A l’inverse, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, dont le pays soutient le soulèvement, a estimé mardi qu’on ne pouvait pas imposer au peuple syrien des négociations "sans conditions" et "sans calendrier précis", comme le demande Moscou.
Lundi, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, dont le pays soutient la rébellion, avait affirmé que les négociations sur la Syrie "ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment".
M. Brahimi s’est concerté avec les vice-ministres russes des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov et Guennady Gatilov et la secrétaire d’Etat adjointe américaine en charge des affaires politiques, Wendy Sherman.
Cette réunion a été suivie dans l’après-midi d’une autre, élargie aux représentants des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine, la France et le Royaume-Uni.
Ils ont été ensuite rejoints par des représentants de quatre pays voisins de la Syrie, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Turquie. Des représentants du Comité International de la Croix Rouge et des organisations humanitaires des Nations unies ont également été entendus.
M. Brahimi a rappelé que ce conflit, qui dure depuis mars 2011, provoque actuellement le départ de Syrie de "6.000 personnes chaque jour".
Depuis mars 2011, le conflit syrien a fait plus de 120.000 morts, selon un bilan établi par une ONG.
La conférence "Genève I",le 30 juin 2012, avait approuvé un plan pour une transition politique. Il n’a jamais été exécuté.
Autre point de divergence entre Russes et Américains : la participation de l’Iran, avec la demande répétée par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, mardi à Moscou d’une invitation de l’Iran.
Sur ce point "les discussions ne sont pas terminées", a relevé M. Brahimi.
L’opposition doit se réunir le 9 novembre à Istanbul pour décider de sa participation. Le Conseil national syrien (CNS), le groupe le plus important de la Coalition de l’opposition, a d’ores et déjà annoncé qu’il n’irait pas à Genève et menacé de faire scission si la Coalition y assistait.
"Il n’y a pas de solution militaire. Le gouvernement ne va pas gagner, pas plus que l’opposition, sur le terrain", a estimé M. Brahimi. "Combien de temps va-t-on fournir trois, quatre, cinq milliards de dollars tous les six mois pour la Syrie ? Ce n’est pas possible", a averti M. Brahimi.
Les représentants russes ont, par ailleurs, annoncé qu’ils allaient s’entretenir mercredi à Genève avec des membres de l’opposition syrienne, sans préciser lesquels.

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