jeudi 14 novembre 2013

Syrie : le gouvernement de l’opposition face aux Kurdes et jihadistes

L’opposition syrienne a établi un gouvernement qui aura fort à faire pour offrir des services et la sécurité à la population des zones qu’il contrôle face à la velléité d’autonomie des Kurdes et la puissance des jihadistes.
"Il s’agira d’un gouvernement de travail et non de paroles (...) qui aura comme premières priorités d’établir la sécurité et la paix civile dans les zones libérées de Syrie et de répondre aux besoins vitaux" de la population, a annoncé son Premier ministre Ahmad Tomeh en présentant son équipe.
La Coalition de l’opposition, basée à l’étranger, a approuvé dans la nuit de lundi à mardi à Istanbul la nomination de neuf ministres.
Après plus de deux ans et demi de guerre civile, l’opposition contrôle une grande partie du nord et de l’est de la Syrie. Cependant dans ces régions, elle doit faire face au désir d’autonomie des Kurdes qui élargissent leur territoire et au refus des jihadistes d’al-Qaïda, notamment l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), de reconnaître son autorité.
Des formations kurdes ont en effet annoncé mardi l’établissement d’une administration autonome de transition dans la région kurde, d’où les forces gouvernementales s’étaient retirées à la mi-2012.
"L’objectif principal de ce gouvernement sera d’améliorer la vie des citoyens dans les zones libérées", a résumé Mounzer Aqbiq, conseiller du président de la Coalition de l’opposition Ahmad Jarba.
L’islamiste modéré Ahmad Tomeh, nommé le 14 septembre Premier ministre intérimaire, a obtenu l’aval, après deux mois de tractations, pour Iyad Qudsi au poste de vice-Premier ministre, Assad Mustafa au ministère de la Défense, et Ibrahim Miro à l’Économie et aux Finances.
En outre, Mohammad Yassin Najjar prend le portefeuille des Télécommunications et de l’Industrie, Othman al-Dawi, celui de l’Administration locale et l’aide humanitaire, Fayez al-Zaher, celui de la Justice, Elias Warde devient ministre de l’Energie et de la production animalière et Walid al-Zohbi ministre des Infrastructures et de l’Agriculture.
Une femme fait partie de ce gouvernement : Tagharid al-Hajali, chargée de la Culture et de la famille.
En revanche, les candidats aux postes de ministre de l’Intérieur, de la Santé et de l’Habitat n’ont pas obtenu le quorum de 62 voix.
Alors que les combattants rebelles se plaignent souvent du fait que la coalition est déconnectée du terrain, M. Abqiq a indiqué que "le Premier ministre est entré en contact avec les forces présentes sur le terrain et beaucoup parmi elles (...) ont exprimé leur volonté de coopérer avec le gouvernement".
"Il y a des groupes terroristes comme l’EIIL (...) qui refusent de coopérer avec le gouvernement. C’est un défi que nous devons affronter", a-t-il ajouté.
Les bureaux du gouvernement seront installés dans la zone frontalière du côté turc et les "ministres se rendront en Syrie chaque fois que cela sera nécessaire", selon lui.
M. Abqiq a souligné l’importance de la mise en place de ce gouvernement pour pallier au "vide énorme concernant la fourniture des services (...) notamment dans les zones libérées".
La guerre a détruit les moyens de subsistance et conduit à l’effondrement de l’économie, plongeant dans la pauvreté plus de la moitié de la population, selon une étude commandée par l’ONU.
"Plus de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté, avec 7,9 millions de personnes qui le sont devenues depuis le début de la crise. Parmi elles, 4,4 millions se trouvent dans une pauvreté extrême", assure ce rapport qui vient d’être rendu public.
Le chômage a atteint 48%, l’appareil éducatif est "désastreux" avec 49% des enfants qui ont quitté l’école et le système de santé a été très affaibli.
M. Aqbiq, pour financer tous ces besoins, le Premier ministre va essayer de "relancer la machine économique dans les zones libérées et chercher des sources de financement grâce aux ressources naturelles ou par des droits de passage" aux frontières.
Il y aura par ailleurs des financements externes, comme l’aide promise de l’Arabie saoudite (223 millions d’euros) ou le fonds financé par le groupe des Amis de la Syrie (60 millions d’euros).

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