mercredi 6 novembre 2013

Israël/Palestine : Kerry à Jérusalem. Colonisation accélérée.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, arrivé mardi soir à Jérusalem, devait tenter mercredi de sauver un processus de paix israélo-palestinien au bord de l’implosion.
Les Palestiniens ont fait part dès mardi soir de leur refus de poursuivre les négociations avec Israël tant que la colonisation continuerait.
"La partie israélienne est déterminée à continuer la colonisation et nous ne pouvons pas poursuivre les négociations sous cette offensive sans précédent dans les colonies", a déclaré à l’AFP un haut responsable palestinien sous couvert de l’anonymat.
"Les négociations palestino-israéliennes ont capoté pendant la session de mardi soir", a ajouté la même source à l’issue d’une rencontre très houleuse entre négociateurs palestiniens et israéliens à Jérusalem.
Ces déclarations surviennent au moment même où le chef de la diplomatie américaine démarre une énième mission en Israël et dans les Territoires afin de relancer les pourparlers de paix en difficulté.
M. Kerry doit rencontrer mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem ainsi que le président palestinien Mahmud Abbas à Bethléem (Cisjordanie).
Participant mardi soir à Tel Aviv à une cérémonie du souvenir, 18 ans après l’assassinat de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, M. Kerry a exhorté Israéliens et Palestiniens à retrouver le chemin de la paix.
"Il (Rabin) avait osé prendre tous les risques pour la paix, non pas seulement parce qu’il était important de prendre ces risques, mais aussi parce que c’était vital pour assurer l’avenir d’Israël et de la région", a déclaré M. Kerry.
Dix-huit ans plus tard, et en dépit de près de 20 rencontres en trois mois entre Israéliens et Palestiniens, les pourparlers de paix courent à l’échec à moins d’une intervention du médiateur américain, ont récemment averti responsables palestiniens et médias israéliens.
M. Kerry a toutefois tenu à démentir l’existence de "tout autre plan" que les pourparlers en cours, qui ont commencé en juillet et sont censés aboutir à un accord définitif au terme d’une période de négociations de neuf mois.
Pourtant, les positions des uns et des autres sont très éloignées.
Les négociateurs palestiniens réclament que les discussions se tiennent sur la base des lignes antérieures au début de l’occupation israélienne de Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza en juin 1967, avec des échanges de territoires équivalents.
De son côté, Israël a proposé que le tracé de la barrière de séparation en Cisjordanie serve de base aux discussions de paix, et non les lignes d’avant 1967, comme le réclament les Palestiniens, selon les médias israéliens.
Interrogé, un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’a pas confirmé ces informations, indiquant qu’il ne commentait pas les négociations en cours, sur lesquelles M. Kerry a imposé aux deux parties un black-out médiatique.
En outre, Israël exige de maintenir une présence militaire à long terme dans la vallée du Jourdain et que les échanges de territoire soient dictés par ses besoins de sécurité, a affirmé à l’AFP une source palestinienne proche du dossier sous le couvert de l’anonymat.
A la veille de la visite de M. Kerry, Israël a lancé dimanche des appels d’offre pour construire près de 2.000 logements en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.
En réaction à l’annonce israélienne, les Palestiniens ont menacé de se pourvoir devant le Conseil de sécurité de l’ONU. L’Autorité palestinienne a déjà menacé à plusieurs reprises de saisir la justice internationale en réponse à la poursuite de la colonisation qui, selon elle, "détruit le processus de paix".
Artisan de la reprise fin juillet du dialogue direct entre Israël et les Palestiniens, après trois années d’interruption, M. Kerry a reconnu de récentes tensions, notamment après la décision d’Israël la semaine dernière d’accélérer la colonisation contre la libération de 26 prisonniers palestiniens.
Le secrétaire d’Etat s’est toutefois dit "optimiste" dimanche quant au processus de paix, affirmant espérer des "progrès dans les prochains mois", en dépit du pessimisme affiché aussi bien côté palestinien qu’israélien.
Il a admis que les constructions israéliennes avaient "perturbé la perception de quelques uns quant à savoir si certains étaient sérieux et avançaient dans la bonne direction". Cependant, a-t-il ajouté, "je pense qu’il est possible d’aller de l’avant mais nous devons rester calmes, déterminés et engagés dans un processus au travers duquel les décisions difficiles peuvent être négociées". Côté israélien, Netanyahu a affirmé qu’"Israël honorait tous les arrangements agréés au début des négociations avec les Palestiniens".
"Les Palestiniens savaient très bien qu’Israël bâtirait pendant les négociations", a déclaré dimanche à l’AFP un responsable gouvernemental israélien. Plusieurs dirigeants israéliens ont également assuré que "les Américains aussi étaient au courant".
La direction palestinienne nie véhémentement avoir accepté la construction de nouveaux logements dans les implantations juives en contrepartie de l’élargissement de prisonniers.

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