mardi 5 novembre 2013

Israël/Palestine : A Hébron, Hashem Azzeh résiste coûte que coûte aux colons soutenus par l’armée d’occupation. (Fx Gilles)

Hashem et son épouse ont quatre enfants. Lui est né dans cette maison où ses parents se sont réfugiés après la Nakba en 1948.

Il est assigné à résidence depuis bientôt un an et demi. Après les 3 premiers mois, il a été autorisé à sortir de son jardin, mais pas de son quartier situé sur le versant d’une petite colline surplombant la fameuse Shuhada Street d’Hébron, autrefois si animée par ses commerçants , mais fermée depuis 1994 par un check-point ; cette rue est interdite aux Palestiniens, exemple manifeste de la ségrégation féroce imposée par Israël et ses colons. Les commerçants palestiniens en sont partis et les colons les plus violents prolifèrent dans le quartier. Les terrains en terrasse font que la maison de Hashem est surplombée par un énorme et horrible mobil-home orange, appartenant à Baruch Marzel, leader d’un groupe de colons extrémistes particulièrement violents. Ce mobil-home est équipé de caméras de surveillance plongeant sur sa maison. Juste à coté, sur le toit de la maison du frère d’Hashem, l’armée israélienne a imposé un mirador dans lequel un soldat surveille 24 heures sur 24 !

Le terrain d’Hashem est complètement clôturé, l’escalier principal menant à l’extérieur est impraticable, envahi de gravats, de ronces et de fils de fer barbelés tranchants déposés par les colons du dessus. Jusqu’à il y 8 mois, il devait passer par une brèche d’un mètre cinquante de haut dans le mur en contrebas et traverser les terres de son voisin. Aujourd’hui il est autorisé à utiliser une ouverture plus commode dans le grillage. Son jardin est dévasté, les branches d’arbre coupées, les quelques vignes et les figuiers restants empoisonnés par les pesticides. Il possède avec son frère, non loin de sa maison, un petit champ d’une cinquantaine d’oliviers. Les colons viennent d’en voler les olives juste avant la cueillette : 5 à 600 kilos. Il est obligé d’acheter son huile maintenant.

Au début, les colons lui ont offert des ponts d’or pour lui acheter sa maison. Il les a toujours refusés.
Ils ont coupé l’eau pendant trois ans : il a utilisé des bouteilles. Grâce à des organisations internationales, aujourd’hui l’eau arrive un jour toutes les 3 semaines ! Il la stocke comme il peut, quand les colons ne tirent pas dans ses réservoirs. Il sont entrés plusieurs fois dans sa maison saccageant meubles et vêtements ; il a reçu des coups de crosse dont il garde des stigmates sur le visages. Sa femme a fait deux fausse-couches après avoir été battue par ces colons fanatiques et furieux.

Il ne sait pas quand cette assignation à résidence sera levée. Il n’a pas eu le droit de recevoir une copie des conclusions de son jugement. Il pense que la loi ottomane s’appliquera, l’assignation ne pouvant excéder dix huit mois.

Pourquoi une telle « punition » ? Hashem Azzeh est « particulièrement dangereux » : Il n’a pas sa langue dans sa poche tant vis à vis de l’occupant israélien que de l’Autorité Palestinienne. Il s’active dans son quartier au travers de l’association Ibrahim Al-Kalilh où, avec d’autres volontaires, ils essayent de prendre en charge les enfants sur le plan psychologique, d’aider les femmes, de trouver du travail au gens du quartier. Ils ont même réussi à faire vivre une petite boutique avec le soutien d’Amnesty. De nombreux internationaux lui rendent visite. (Les ressources sont faibles...)

Les soldats israéliens lui ont dit qu’ils préféreraient qu’il manifeste dans les protestations hebdomadaires ! C’est tout dire !

Quand Hashem me parlait de ses oliviers dont les colons lui ont volé les olives, il a eu ces mots :

« Ils veulent nous forcer à partir. Mais nous ne renoncerons jamais jusqu’à la libération de la Palestine. Ils doivent s’en aller et nous, nous restons ici. Un jour ils s’en iront et nous, nous restons ici. Nous devons rester ! »

(Hébron, le 4 novembre 2013 - Fx Gilles, pour « Assawra »)

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