vendredi 26 septembre 2014

Yémen: le président appelle au retrait des rebelles de la capitale

Le président yéménite a pressé vendredi les rebelles chiites de se retirer de la capitale, qu'ils contrôlent depuis dimanche, et les a implicitement accusés de ne pas respecter l'accord de paix alors que la nomination d'un Premier ministre n'a toujours pas eu lieu.
Les rebelles armés d'Ansaruallah, dits houthis, qui encerclaient la capitale depuis le mois dernier, ont réussi dimanche à conquérir Sanaa, sans résistance des forces gouvernementales, mais au prix d'au moins 270 morts dans de violents affrontements avec leurs adversaires sunnites du parti Al-Islah, épaulés par une partie de l'armée.
Ces combats avaient cessé avec la signature le même jour d'un accord parrainé par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar.
"L'application de cet accord passe par la reconnaissance de la pleine autorité de l'Etat sur tout le territoire (...), en premier lieu la capitale Sanaa, et la remise de tous les établissements et de toutes armes pillées", a déclaré le président Abd Rabbo Mansour Hadi dans un discours à l'occasion du 52e anniversaire de la proclamation de République.
En entrant à Sanaa, les rebelles armés ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments publics et de sites militaires. Depuis, des attaques contre des propriétés privées, accompagnées de pillages, attribuées aux rebelles et à leurs partisans, ont eu lieu dans la capitale.
"Les règlements de compte par la force et les actes de vengeance ne peuvent pas édifier un Etat", a rappelé M. Hadi aux rebelles chiites, qui avaient lancé leur mouvement de protestation au nom de la lutte contre la corruption dont ils accusent le gouvernement.
"Est-ce que la lutte contre la corruption (...) passe par le pillage des habitations, des casernes et des établissements de l'Etat ?", s'est-il demandé.
Des milliers de partisans d'Ansaruallah se sont à nouveau rassemblés vendredi pour la prière hebdomadaire dans leur campement principal de la route de l'aéroport à Sanaa, où l'imam a salué la "victoire" de la rébellion chiite, selon un correspondant de l'AFP.
Des rebelles ont également empêché plusieurs religieux sunnites proches de leurs adversaires d'Al-Islah de prêcher dans plusieurs mosquées de la capitale, les remplaçant par des imams qui leur sont favorables, ont rapporté des habitants.
Ce scénario s'est notamment déroulé dans la mosquée où officie habituellement l'influent religieux proche d'Al-Islah, cheikh Abdel Majid al-Zindani, qui demeure caché en raisons des récents événements.
Les rebelles chiites patrouillaient en nombre dans les secteurs nord de Sanaa, où se trouvent la plupart des bâtiments publics et ministères. Ils étaient en revanche peu nombreux dans le sud et totalement absents du secteur du complexe présidentiel.
Dans son discours vendredi, le président Hadi a malgré tout défendu l'accord avec les rebelles, sans expliquer les raisons exactes de la chute sans résistance de la capitale. "Nous avons été lâchés par ceux dont les intérêts personnels priment sur la patrie (...), qui ont renié leurs responsabilités et leurs engagements", a-t-il dit.
Il fait allusion notamment aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui se sont ralliés aux protestations des rebelles.
Si M. Hadi a nommé dès mardi deux conseillers, l'un représentant la rébellion chiite et l'autre le groupe autonomiste du Mouvement sudiste, conformément à l'accord de paix, il n'a en revanche pas encore désigné un nouveau Premier ministre, ce qui devait intervenir mercredi.
L'accord doit être appliqué "sans tergiversations" afin de pouvoir progresser vers "un Etat civil moderne, fondé sur la justice, l'égalité et le partenariat", a-t-il dit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire