dimanche 21 septembre 2014

Liban : Avec le décès de Hani Fahs, la communauté chiite libanaise perd une de ses grandes figures (Assawra)

Dans le coma depuis des semaines, ses poumons ne fonctionnant quasiment plus, il continuait de lutter. Jeudi, l'uléma Hani Fahs, 68 ans, a fini par rendre les armes. Avec ce décès, la communauté chiite du Liban perd une de ses grandes figures.
Descendant du prophète, d'où son titre de sayyed, Hani Fahs faisait partie du courant chiite démocratique qui refuse l’allégeance au guide spirituel iranien. Autorité morale et religieuse très respectée, il prônait un ancrage libanais pour la communauté chiite du pays. A ce titre, il avait notamment critiqué l'engagement du Hezbollah en Syrie aux côté du régime de Bachar el-Assad.
Ces derniers mois, il s'était encore impliqué dans la situation en Irak. En juillet, il avait déploré l'exode forcé des chrétiens de Mossoul face à l'offensive du groupe État islamique (EI), qui a pris le contrôle de la ville irakienne le 10 juin.
Il y a quelques jours, alors qu'il était déjà hospitalisé, il avait dépêché son fils, le journaliste Moustapha Fahs, pour lire un message en son nom au Xe congrès du Rassemblement de Saydet el-Jabal. Le message était centré sur la nécessité inéluctable pour les Libanais d'édifier l'État, de le séparer de la religion et d'œuvrer à l'émergence de la citoyenneté.
Philosophe, penseur et auteur d'une dizaine de livres, le dignitaire chiite dénonçait régulièrement la vacance à la tête de la République libanaise. En juillet, deux mois après la fin du mandat du président Michel Sleiman et alors que les députés avaient échoué à élire un successeur (une situation qui perdure jusqu'à aujourd'hui), Hani Fahs avait déploré l'affaiblissement de l'État, "qui se retrouve aujourd'hui sans tête, sans décision et sans législation, sans sécurité également et avec une économie déliquescente". "Nous sommes en présence d'une nation dénuée de culture politique, de dialogue, (...) aux prises avec l'extrémisme réel et fictif, et d'un chaos effarant", avait également affirmé cheikh Fahs, qui martelait que "les considérations privées de type communautaire, sectaire ou partisan ne peuvent s'ériger au rang de la chose publique".
Hani Fahs était un pôle du dialogue islamo-chrétien. Un engagement qui lui avait valu des inimitiés. En mai 2011, son domicile dans la banlieue-sud de Beyrouth avait été la cible d'une attaque.
L'uléma savait aussi l’importance de prendre en considération la jeunesse. En 2004, il avait déclaré à L'Orient-Le Jour :  "J’appelle les jeunes à humaniser les différentes questions et à œuvrer vers la complémentarité. S’ils peuvent réaliser leurs intérêts personnels par des moyens légitimes, ils pourront également contribuer au redressement de la sphère publique. Ils sauront comment renouer avec le dialogue. Je suis pour le dialogue et l’interaction entre les générations.".
Le rayonnement du sayyed dépassait les frontières du Liban. En juin dernier, le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lui avait accordé ainsi qu'à sa famille la nationalité palestinienne et des passeports diplomatiques en signe de reconnaissance pour sa défense de la cause palestinienne.
M. Abbas avait envoyé son fils, Yasser Abbas, à Beyrouth pour remettre en main propre les documents à Hani Fahs.
Hani Fahs, né à Jebchit, près de Nabatieh (Liban-Sud), avait sept enfants, cinq garçons et deux filles. Il a étudié la religion à Najaf, en Irak, et a vécu à Qom en Iran de 1982 à 1985.


(16-09-2014 Assawra)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire