dimanche 23 octobre 2016

Yémen : La trêve s'est effondrée (Assawra)

Ce jeudi, la coalition militaire arabe intervenant au Yémen a accusé les rebelles chiites Houthis de violer systématiquement la trêve de 72 heures qui était entrée en vigueur mercredi soir au Yémen. "Il n'y a pas de cessez-le-feu du tout", a déclaré le porte-parole de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite Mohammed al-Assiri, en accusant les Houthis de procéder à des tirs de mortier en territoire saoudien. C'est ce qui a obligé, selon lui, les forces de la coalition, qui intervient au Yémen en soutien au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, à riposter à l'origine des tirs. La défense civile saoudienne a indiqué plus tôt qu'un civil saoudien avait été blessé dans le sud du pays par des tirs en provenance du Yémen alors que des sources militaires loyalistes yéménites ont fait état de combats sur différents fronts après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu parrainé par l'ONU.
La trêve intervenait dans un contexte d'enlisement du conflit qui a fait depuis 19 mois 6 900 morts, 35 000 blessés, déplacé trois millions de personnes et dévasté l'économie. La population de ce pays le plus pauvre de la Péninsule arabique se sent désabusée par des trêves à répétition, rapidement violées. Il s'agit du 6e cessez-le-feu. "Nous voulons une trêve durable", dit Sadok Abdallah, 28 ans, un habitant de Sanaa, dont le scepticisme est partagé par Ali al-Douch : "On se moque de nous avec une trêve de trois jours."
"Nous voulons un arrêt de la guerre. Nous voulons nos salaires que nous n'avons pas perçus depuis trois mois à cause de cette guerre absurde", poursuit ce fonctionnaire de 32 ans, témoignant d'un sentiment de frustration face à la situation périlleuse de la Banque centrale. Cette banque a vu son siège transféré de Sanaa à Aden (sud) par une décision en septembre du gouvernement Hadi qui accusait les rebelles d'avoir puisé jusqu'à 1,6 milliard de dollars dans les réserves en devises de cet établissement pour financer leur effort de guerre. "Les Houthis ont maintenant de sérieux problèmes à payer les salaires et leur crainte majeure est le risque d'une révolte contre eux", a estime l'analyste Mustafa Alani du Gulf Research Center.
La grogne interne, conjuguée aux pressions des grandes puissances, États-Unis en tête, pour mettre fin à une guerre au coût humain et financier inquiétant, pourrait donner des chances à un apaisement. Les Houthis "ont trois jours pour prouver au monde qu'ils assument leurs responsabilités", a déclaré le porte-parole de la coalition arabe, le général saoudien Ahmed Assiri. Intervenant sur la chaîne saoudienne Al-Ekhbariya, il a fait état d'"un certain nombre de violations qui seront prouvées". Et de menacer : "Si ces violations se poursuivent, nous prendrons la mesure appropriée."

(20-10-2016 - Assawra avec les agences de presse)

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