mardi 25 octobre 2016

Syrie : L'oncle de Bachar el-Assad devant le juge en France pour biens mal acquis

Rifaat el-Assad est dans le viseur de la justice française. L'oncle de l'actuel président syrien Bashar el-Assad, soupçonné d'avoir bâti sa fortune en France grâce à des détournements de fonds publics, a été entendu lundi par un juge d'instruction, a-t-on appris ce mardi de sources concordantes. Frère de l'ancien président syrien Hafez el-Assad, qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 1980, Rifaat el-Assad, âgé de 79 ans, a été mis en examen le 9 juin pour recel de détournement de fonds publics et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée. L'enquête avait été ouverte après une plainte de l'association Sherpa, partie civile dans plusieurs dossiers de « biens mal acquis ». Les enquêteurs ont évalué à environ 90 millions d'euros le patrimoine détenu en France par cet ancien vice-président de Syrie et sa famille, au travers de sociétés, dont certaines installées au Luxembourg. Lors de cette audition, Rifaat el-Assad a déclaré, « comme il l'avait déjà fait devant les enquêteurs de la brigade financière, que les fonds, une quinzaine de millions d'euros, lui avaient été versés au début des années 80 par [le prince héritier et futur roi, NDLR] Abdallah d'Arabie Saoudite pour soutenir son combat politique contre son frère », a indiqué une source proche du dossier.
La justice a saisi en juillet une longue liste de biens, notamment un haras dans le Val-d'Oise évalué à 7 millions d'euros, deux hôtels particuliers à Paris et un ensemble de bureaux à Lyon, estimés à 12,3 millions d'euros. ET 9,5 millions d'euros d'indemnités d'expropriation versés par la mairie de Paris contre un terrain dans le 16e arrondissement destiné à accueillir des logements sociaux ont également été gelés. Sollicité, l'avocat de Rifaat el-Assad, Me Benjamin Grundler, qui a contesté l'ensemble des saisies devant la chambre de l'instruction, n'a pas souhaité faire de commentaires. L'enquête s'appuie sur le témoignage d'un ancien ministre des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, lui aussi résidant en France. D'après lui, Hafez el-Assad avait fait verser à son frère quelque 300 millions de dollars en 1984 pour se débarrasser de ce dernier, dont 200 venaient des frais de la présidence et 100 d'un prêt libyen. De « fausses accusations », aux yeux de l'entourage de Rifaat el-Assad, « produites exclusivement par les ennemis politiques historiques de l'ancien vice-président ».

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