jeudi 27 octobre 2016

Syrie: Raids mortels sur un bastion des rebelles islamistes

Dégâts dans une école du village de Hass, dans la province syrienne d'Idleb après un bombardement le 26 octobre 2016 (Afp)

Des raids menés mercredi par le régime de Bashar ou son allié russe sur la province d'Idleb, bastion de groupes rebelles islamistes et jihadistes, ont fait 35 morts, selon une ONG, alors que se profile une offensive pour chasser Daesh de son fief de Raqa.
L'Unicef a annoncé que 22 enfants et six enseignants avaient été tués par des frappes aériennes sur une école dans cette province, sans dire par qui ces frappes avaient été effectuées.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des avions militaires ont mené six frappes sur le village de Hass, contre une école et ses environs, tuant 35 civils, dont 11 enfants".
Un des projectiles est tombé à l'entrée de l'école au moment où les enfants étaient évacués en raison des bombardements, a affirmé à l'AFP un militant antirégime du Idleb Media Center qui a requis l'anonymat.
Des photos sur les réseaux sociaux montrent un avant-bras d'enfant sectionné avec la main toujours accrochée à un cartable et des corps d'enfants au visage ensanglanté.
L'AFP n'a pas pu vérifier de façon indépendante l'authenticité de ces photos.
Dans un communiqué, le directeur général de l'Unicef Anthony Lake dénonce "une tragédie" et un possible "crime de guerre". L'école a été attaquée "à plusieurs reprises", précise le communiqué sans donner davantage de détails.
Interrogé sur ce bombardement, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a déclaré: "C'est horrible, horrible. J'espère que nous n'étions pas impliqués". "Je dois d'abord voir ce que notre ministre de la Défense va dire", a-t-il ajouté.
La province d'Idleb (nord-ouest) est un bastion de Jaich al-Fatah (l'Armée de la conquête), coalition regroupant des rebelles islamistes et des jihadistes de Fateh al-Cham, anciennement Front al-Nosra, jusqu'à sa rupture officielle avec Al-Qaïda.
Selon l'OSDH, les raids aériens de Bashar et russes sur la province d'Idleb ont fait plus de 89 morts et 150 blessés en sept jours.
Parallèlement, l'offensive pour reprendre à Daesh son bastion syrien de Raqa (nord) se dessine.
Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a indiqué mercredi dans une interview à la chaîne de télévision américaine NBC qu'elle commencerait bientôt.
"C'est notre plan depuis longtemps, et nous sommes capables de soutenir" à la fois les offensives sur Mossoul, le bastion irakien de Daesh, qui a débuté le 17 octobre, et sur Raqa, a-t-il ajouté.
Ce sera "dans quelques semaines", a-t-il précisé aux reporters en marge d'une réunion ministérielle de l'Otan à Bruxelles.
Il s'agit encore de "générer et positionner les forces" qui iront "isoler" Raqa, a-t-il souligné, affirmant que la Turquie était la bienvenue pour y participer.
La Turquie a lancé en août une offensive contre les jihadistes dans le nord de la Syrie, visant également à empêcher les Kurdes syriens de continuer leur expansion territoriale dans cette partie du pays.
L'armée turque et les groupes rebelles syriens qui lui sont alliés ont conquis les derniers territoires syriens que Daesh détenait le long de la frontière turque, coupant les derniers accès avec le monde extérieur des jihadistes syriens.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi que la Turquie était "déterminée à nettoyer dans les plus brefs délais" la ville syrienne de Minbej, non loin de la frontière, contrôlée par des milices kurdes soutenues par Washington.
Les groupes kurdes PYD (Parti de l'union démocratique) et sa branche armée, les YPG (Unités de protection du peuple), sont considérés comme des organisations terroristes par Ankara, qui reproche à Washington de soutenir ces groupes pour combattre Daesh.
Par ailleurs, la Russie s'en est pris mercredi à un haut responsable de l'ONU qui avait dénoncé les bombardements sur Alep-est comme une tactique pour vider cette partie de la ville de ses habitants.
Evoquant ces raids syriens et russes devant le Conseil de sécurité, le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien a estimé que "leurs conséquences sur la population ont été horribles". "Cette tactique est aussi évidente qu'inacceptable", a-t-il ajouté.
L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a accusé M. O'Brien d'avoir fait "une déclaration malhonnête" et de se montrer "arrogant".
Depuis son déclenchement en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 300.000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population.

(27-10-2016)

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