mardi 18 octobre 2016

Syrie : Les raids continuent à Alep malgré les menaces de sanctions

Des dizaines de civils ont été tués lundi dans de nouveaux bombardements sur les quartiers rebelles d'Alep, malgré les menaces de sanctions internationales brandies par les Occidentaux contre la Syrie et son allié russe. Jadis la capitale économique du pays, Alep est aujourd'hui une ville dévastée par des bombardements incessants et de violents combats menés par les forces du régime de Bashar el-Assad qui entendent conquérir la partie de la ville leur échappant depuis quatre ans.
En appui à l'assaut, l'aviation russe, dont les frappes ont détruit des hôpitaux et des infrastructures civiles, est accusée de possibles crimes de guerre et Moscou est menacé de sanctions. Les principaux pays concernés par le conflit doivent poursuivre lundi les efforts diplomatiques menés ce week-end pour tenter de mettre fin à ce conflit meurtrier. Le dernier raid, ayant visé le quartier rebelle de Marjé, a coûté la vie à 13 civils, dont 9 enfants, portant à 46 le nombre de morts en 24 heures dans la partie est de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des dizaines d'autres ont été blessés lundi.
Selon le correspondant de l'Agence France-Presse, les Casques blancs (les sauveteurs de la défense civile dans les zones rebelles) travaillaient sans relâche pour dégager des dizaines de personnes prisonnières sous les décombres depuis samedi dans le quartier de Qaterji, où, selon l'OSDH, ont péri 17 civils. « L'aviation russe a commis un massacre à Qaterji en bombardant un immeuble de cinq à six étages », a affirmé l'ambulancier Abou Mohammad.
« Il y a encore des familles sous les gravats. Nous avons retiré sept à huit corps et des dizaines de blessés. Les hôpitaux sont débordés. C'est un désastre », déplore-t-il. Maarouf, 12 ans, un rescapé de cette catastrophe, s'est retrouvé couvert de poussière, le dos dans le vide et les jambes bloquées sous une dalle de béton qu'il a fallu retirer avec une grue. Blessé à la jambe droite, il a été soigné dans un hôpital de campagne. Les avions russes et syriens mènent quotidiennement des frappes sur Alep pour appuyer l'offensive majeure des forces du régime pour s'emparer des quartiers rebelles.
Plus de 430 personnes ont perdu la vie à cause des raids et des bombardements dans la partie est de la ville depuis le début de l'assaut le 22 septembre, selon l'OSDH. En outre, 82 habitants sont morts par les tirs rebelles contre les régions gouvernementales dans l'ouest, d'après cette même ONG. En réponse à l'assaut sanglant, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont brandi ce week-end la menace de nouvelles sanctions économiques contre la Syrie et la Russie. « Nous proposons différents moyens, notamment des mesures supplémentaires contre le régime et ceux qui le soutiennent », a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson.
Cependant, les ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l'Union européenne, réunis lundi à Luxembourg, n'envisagent pas de sanctions contre la Russie, a déclaré la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. L'UE pourrait, toutefois, décider de sanctions supplémentaires contre le régime syrien, a-t-elle ajouté. Samedi, à Lausanne, les États-Unis et la Russie, les pays voisins de la Syrie, la moitié soutenant le régime de Damas et l'autre la rébellion syrienne, ont été réunis autour d'une table pour apporter des suggestions.
Puis dimanche, à Londres, les alliés européens et du Golfe des États-Unis ont également été invités à fournir des idées nouvelles. John Kerry a évoqué l'idée de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine pour tenter de lui faire comprendre que les intérêts russes bénéficieraient d'un cessez-le-feu. « Notre travail est d'explorer toutes les possibilités. C'est ce que nous essayons de faire », a déclaré John Kerry, expliquant que les capitales du monde étaient en plein « brainstorming » sans cacher sa frustration de devoir chercher, une nouvelle fois, un plan que Moscou et Damas seraient susceptibles d'accepter.
Le conflit syrien, qui a débuté après la répression, en 2011, par le régime du président syrien Bachar el-Assad de manifestations pro-démocratie, a fait plus de 300 000 morts et implique aujourd'hui des acteurs locaux, régionaux et internationaux ainsi que des groupes djihadistes. Dimanche, des rebelles soutenus par la Turquie ont infligé une défaite à Daesh en prenant Dabiq, une ville syrienne symbolique pour les djihadistes. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a affirmé que ces rebelles allaient désormais avancer vers Al-Bab, ville tenue par les djihadistes à une trentaine de kilomètres au sud-est de Dabiq.

(17-10-2016)

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