lundi 14 décembre 2015

Moyen-Orient : Comment assécher les finances de Daech

La communauté internationale attaque l'organisation de l'État islamique au portefeuille, frappant ses activités pétrolières, éliminant ses hommes d'argent, et elle se mobilise aussi sur trois fronts diplomatiques pour l'étouffer financièrement : le G20, l'ONU, et l'UE.
Faire pression sur les pays qui n'ont pas encore pris des mesures
Deux jours après les attentats de Paris, les dirigeants des vingt premières puissances économiques mondiales (G20) se réunissaient à Antalya en Turquie. Ils ont donné mandat au Groupe d'action financière (Gafi), qui était jusqu'à présent spécialisé dans la lutte contre l'évasion fiscale, de travailler à l'"assèchement des flux de financement liés au terrorisme".
Cet organisme intergouvernemental, composé de 34 pays et territoires, a convoqué une réunion extraordinaire ce week-end à Paris pour aborder la question du financement du terrorisme et trouver les moyens de faire pression sur les pays qui n'ont pas encore pris des mesures adéquates. Le Gafi doit remettre un rapport lors du G20 Finance de février qui présentera "ce qu'ont fait les différents pays qui ne sont pas à jour et dont la liste n'a pas été rendue publique", pour lutter contre le financement du terrorisme, a expliqué une source diplomatique. "Il faut que nous réfléchissions au sein du Gafi à un dispositif qui permette de faire pression sur les pays qui ne sont pas à jour et qui n'ont pas encore les dispositifs pour faire le minimum dans la lutte contre le financement du terrorisme", a-t-elle ajouté.

Isoler l'EI du système financier international
Les États-Unis, qui assurent en décembre la présidence tournante du Conseil de sécurité, ont convoqué une réunion pour le jeudi 17 décembre afin de débattre des moyens d'assécher le financement de l'EI. "Un front international uni est crucial pour atteindre l'objectif" d'isoler l'EI du système financier international et "gêner son financement", a affirmé le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew. Pour la première fois, ce sont les ministres des Finances des 15 pays membres qui sont invités à se rendre à New York. Le gel des avoirs fait en effet partie de leurs compétences. Le ministre français Michel Sapin et ses homologues britannique George Osborne et espagnol Luis de Guindos ont confirmé leur présence, a indiqué le ministère français des Finances à l'AFP.
"L'idée est d'adopter une résolution qui aurait force de loi pour l'ensemble des pays des Nations unies, avec l'objectif de resserrer les mailles du filet afin de repérer les mouvements d'argent qui servent à financer des actes terroristes et d'agir en gelant les avoirs ou en faisant des saisies", a précisé la même source.
Les cartes bancaires prépayées dans le collimateur
Après les attentats du 13 novembre, Michel Sapin a porté la question du financement du terrorisme devant le conseil des ministres des Finances européens (Ecofin), qui s'est réuni mardi dernier. La prochaine réunion est prévue en janvier. La France exige que l'Europe passe désormais de "la phase de l'émotion à celle de l'action". Les cartes bancaires prépayées sont dans le collimateur de Paris, qui exige un encadrement "plus strict" de leur utilisation en Europe. La France demande aussi aux autres membres de l'UE d'"accélérer considérablement" la mise en oeuvre de la dernière directive européenne anti-blanchiment.

(12-12-2015)

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