vendredi 11 décembre 2015

Syrie : Des groupes de l'opposition d'accord pour négocier avec le régime

Les principaux groupes de l'opposition syrienne ont annoncé jeudi à Riyad leur accord pour des négociations avec le régime de Bashar el-Assad, mais ont exigé le départ du chef de l'État avec le début d'une éventuelle période de transition. La conférence de Riyad, qui a rassemblé une centaine de représentants de l'opposition politique et armée, visait à unifier les rangs en vue de pourparlers pour mettre fin à un conflit qui a fait depuis 2011 plus de 250 000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes.
L'accord a été annoncé à la veille d'une réunion sur la Syrie entre représentants de la Russie, des États-Unis et de l'ONU à Genève, une semaine avant une nouvelle réunion internationale prévue à New York. Dans un communiqué final publié après deux jours de discussions à Riyad, les participants se sont dits "prêts à entrer dans des négociations avec des représentants du régime sur la base de la déclaration de Genève-1 (30 juin 2012) et des résolutions internationales pertinentes (...) dans un délai à convenir avec l'ONU". La conférence de Genève-1 entre les grandes puissances avait évoqué une transition en Syrie, mais maintenu le flou sur le sort du boucher de Damas.


"Mesures de confiance"
À Riyad, les opposants ont réclamé que "Bachar et sa clique se retirent du pouvoir avec le début de la période de transition" politique. Là, ils ont lâché du lest alors qu'ils exigeaient jusqu'ici que Bashar soit exclu de toute négociation en vue d'une transition. Mais, avant toute négociation, ils ont également demandé que le régime prenne "des mesures de confiance". Les opposants ont cité la libération de détenus, la suspension des condamnations à mort, la levée du siège des zones encerclées, l'acheminement de l'aide humanitaire, le retour des réfugiés et l'arrêt du bombardement des zones civiles avec des barils d'explosifs.
En vue d'éventuels pourparlers, la conférence de Riyad est parvenue à "un accord sur une vision unifiée d'un processus de règlement et sur (la formation) d'une instance suprême" pour superviser la délégation aux négociations, a dit Souheir al-Atassi, une dirigeante de la coalition nationale, principale composante de l'opposition en exil. Cette instance compterait 30 membres, dont le tiers accordé à des groupes armés, selon des participants.
Ce rassemblement inédit s'inscrit dans le cadre d'un processus diplomatique international visant à accélérer un règlement en Syrie, avec le danger croissant représenté par le groupe djihadiste État islamique (EI) qui sévit dans ce pays et a revendiqué récemment les attentats meurtriers à Paris et contre un avion russe.


Retrait d'Ahrar Al-Cham ?
Avant l'accord conclu à Riyad, Ahrar al-Cham, l'un des principaux groupes rebelles, a annoncé dans un communiqué son retrait de la conférence pour protester contre "le rôle essentiel" donné à "des personnalités liées au régime". Cependant, selon d'autres sources, ce groupe islamiste aurait finalement signé le communiqué final. Aucune confirmation n'a pu être obtenue dans l'immédiat.
Les participants ont souligné leur "rejet du terrorisme sous toutes ses formes" et de la présence de "tous les combattants étrangers" en Syrie. Avant la fin de la conférence, le secrétaire d'État américain John Kerry avait jugé que le dialogue se déroulait de manière "très constructive". En revanche, l'Iran, allié au régime syrien, a dénoncé la réunion de Riyad. Réunies pour leur sommet annuel également à Riyad, les monarchies du Golfe ont, elles, exprimé leur soutien à "un règlement politique" en Syrie. Mais le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a répété que Bashar devrait quitter le pouvoir.
Parallèlement à la réunion de Riyad, une vingtaine d'autres groupes, qui, eux, ne remettent pas en cause le régime Assad, se sont réunis mercredi à Damas. Une troisième rencontre a réuni des groupes kurdes et arabes de l'opposition dans le nord-est de la Syrie.
Un processus international de règlement en Syrie a été relancé fin octobre à Vienne par 17 pays – dont États-Unis, Russie, Arabie Saoudite, Iran et puissances européennes – et trois organisations internationales. Ces acteurs ont fixé un calendrier prévoyant une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition et du régime, avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici 18 mois. Les seules négociations entre les principaux groupes de l'opposition et régime avaient eu lieu en janvier et février 2014 en Suisse et s'étaient soldées par un échec.


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Création d'une branche politique d'un groupe armé rassemblant Kurdes et Arabes
Des groupes kurdes et arabes syriens d'opposition ont annoncé la création du Conseil démocratique syrien, qui sera la branche politique de la coalition militaire en première ligne dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI)
Cette annonce a été faite au terme d'une conférence de deux jours à al-Malikiyah dans le nord-est de la Syrie, destinée à l'élaboration d'un scénario de transition politique dans le pays ravagé par plus de 4 ans de guerre.
"Les participants se sont mis d'accord pour la création du Conseil démocratique syrien (CDS), la branche politique des Forces démocratiques syriennes (FDS)", a indiqué le communiqué de la conférence, en référence au groupe armé formé en octobre par des combattants kurdes, des rebelles arabes et des chrétiens syriaques, dans le nord-est du pays.
Ce rendez-vous a rassemblé notamment des membres du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), exclu -comme sa branche armée (YPG)- de la conférence de Ryad qui rassemblait une kyrielle d'opposants syriens et se tenait au même moment.
La Coalition nationale syrienne, principal groupe d'opposition en exil, s'était opposée à la présence du PYD à Ryad au motif qu'ils ne combattent pas le régime et ont combattu contre des rebelles arabes.
Le régime de Bashar al-Assad justement, est considéré par les participants à la conférence d'al-Malikiyah comme en partie responsable de la guerre qui ravage son pays, mais également comme un interlocuteur indispensable à la sortie de crise.
"Si le régime est une partie du problème, il est donc aussi une partie de la solution", a indiqué Sihanuk Dibo, l'un des organisateurs kurdes de la conférence à l'AFP.
Ilham Ahmad, qui fait partie des 42 membres du CDS, a quant à elle insisté sur la nécessité pour le groupe récemment créé d'obtenir "un soutien international et régional" pour mettre fin à la guerre qui a fait plus de 250.000 morts depuis le début du conflit en 2011.
"Nous sommes disposés à négocier avec des forces étrangères pour stopper l'hémorragie de la guerre en Syrie"
Le CDS a par ailleurs assuré sa volonté d'un système politique décentralisé, sans toutefois préciser la forme qu'il prendrait.
Selon M. Dibo, l'avenir de la Syrie "passe par une solution pacifique à travers des pourparlers (avec le régime), la mise en place d'une période transitoire, la tenue d'élections et l'avènement d'une Constitution reconnaissant les droits du peuple kurde".
"Les Kurdes souhaitent une Syrie fédérale mais cette question ne sera résolue qu'avec la mise en place d'une Constitution démocratique", a-t-il ajouté.

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