Confrontée à la chute des cours du pétrole, l'Arabie Saoudite a adopté
lundi son budget 2016 avec un déficit prévu de 79,3 milliards d'euros et
des mesures d'austérité incluant des augmentations de plus de 50% de
prix de l'essence.
Première économie arabe et premier exportateur mondial de pétrole, le
royaume saoudien a aussi annoncé lundi avoir enregistré cette année un
déficit budgétaire record de 89,2 milliards d'euros, sous l'effet d'une
baisse de plus de 60% des prix du brut depuis l'été 2014.
Des analystes estiment que Ryad, chef de file de l'Organisation des pays
producteurs de pétrole (Opep), est en partie responsable de cette
baisse des cours en raison de son insistance à défendre ses parts de
marché plutôt que les prix.
En présentant le budget 2016, le ministère des Finances a précisé que le
gouvernement allait "reconsidérer" les prix de l'électricité, de l'eau
et des produits pétroliers, largement subventionnés dans le royaume,
dans le cadre de mesures d'austérité pour faire face à la chute des
revenus pétroliers.
Les décisions n'ont pas tardé et ont été annoncées quelques heures plus
tard à l'issue d'un Conseil des ministres présidé par le roi Salmane: le
prix de l'essence sans plomb 95 augmente ainsi de 50%, à 0,90 riyal
(0,24 dollar) le litre, et celui de l'essence 91 de 67%, à 0,75 riyal
(0,20 dollar) le litre.
Certaines hausses de prix doivent entrer en vigueur dès mardi.
En 2016, les revenus de l'Arabie Saoudite devraient être de 513,8
milliards de riyals (124,8 milliards d'euros), au plus bas depuis 2009, a
indiqué le ministère des Finances, précisant que les dépenses publiques
devraient s'élever à 840 milliards de riyals (204,1 milliards d'euros).
Les dépenses incluent pour la première fois une enveloppe spéciale de
44,7 milliards d'euros pour soutenir le budget en cas de nouvelle baisse
des revenus.
Plus de 25% du budget 2016, soit 51,9 milliards d'euros, sont consacrés
aux dépenses militaires et de sécurité du royaume saoudien, qui est de
plus en plus engagé dans des conflits au Moyen-Orient, en premier lieu
au Yémen voisin.
Introduction d'une TVA
En dépit de la chute des cours du brut, le gouvernement a maintenu en
2015 un niveau élevé de dépenses, ce qui l'a amené à puiser dans ses
réserves en devises, accumulées durant les années où le prix du pétrole
était élevé.
En 2015, les revenus ont été estimés à 608 milliards de riyals (147,5
milliards d'euros), bien en dessous des projections pour cette année et
des revenus de 2014, alors que les dépenses se sont élevées à 975
milliards de riyals (236,6 milliards d'euros).
Même si le déficit 2015 marque un record dans l'histoire du royaume, il
est moins élevé que prévu. Le Fonds monétaire international (FMI) avait
tablé à l'été sur un déficit de 130 milliards de dollars, alors que
d'autres rapports évoquaient un chiffre de plus de 100 milliards de
dollars.
En 2016, le royaume saoudien entend aussi augmenter les taxes sur les
services, imposer de nouvelles taxes et finaliser les "dispositions
nécessaires pour l'introduction d'une TVA", en coordination avec les
autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a précisé le
ministère.
Parmi les autres réformes prévues pour alléger la pression sur le budget
de l'Etat, le ministère a annoncé un programme pour contenir
l'augmentation des dépenses courantes, notamment les salaires et autres
avantages et allocations qui ont avalé jusqu'à 120 milliards de dollars
en 2015.
Le ministère des Finances a annoncé aussi qu'il allait oeuvrer pour une
plus grande efficacité dans la réalisation des projets de développement.
Le FMI a demandé avec insistance ces dernières années aux
pétromonarchies du Golfe de réduire les subventions et de diversifier
leurs économies. Faute de quoi, a-t-il averti, ces pays risquent
d'épuiser leurs réserves en cinq ans.
Le roi Salmane, qui a accédé au trône en janvier, a annoncé mercredi au
Majlis al-Choura (conseil consultatif) avoir ordonné des réformes
économiques pour diversifier les sources de revenus et réduire la
dépendance vis-à-vis du pétrole.
Ces réformes devraient être basées sur "une plus grande efficacité dans
les dépenses publiques, une meilleure utilisation des ressources
économiques et une amélioration du rendement des placements de l'Etat",
a-t-il expliqué.
(28-12-2015)
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