dimanche 17 avril 2016

Moyen-Orient : De grands producteurs de pétrole discutent au Qatar d'un gel de la production

Le ministre saoudien du pétrole Ali al-Naimi (c) arrive à la réunion de l'OPEP à Doha, le 17 avril 2016.(Photo Afp)
 
De grands producteurs de pétrole, rassemblés au Qatar, discutaient dimanche d'un projet d'accord prévoyant un gel jusqu'à octobre de la production de brut à ses niveaux de janvier, ont indiqué des ministres.
Le ministre équatorien des Hydrocarbures, Carlos Pareja, a déclaré aux journalistes que son pays, membre de l'Opep, soutenait ce projet d'accord destiné à stabiliser le marché pétrolier et à soutenir les prix, plombés par une surabondance de l'offre.
Le ministre de l'Energie d'Azerbaidjan, Natig Aliyev, cité par l'agence russe RIA Novosti, a pour sa part indiqué que le projet d'accord prévoyait un gel de la production "à ses niveaux de janvier et (ce) jusqu'à octobre".
Après des "consultations" informelles dans la matinée dans un grand hôtel de Doha, les ministres présents ont été reçus, selon l'agence officielle Qna, par l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Khalifa.
Une réunion des ministres, boudée par l'Iran, doit se tenir dans l'après-midi.
Une quinzaine de pays, majoritairement membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et emmenés par l'Arabie Saoudite, sont représentés à Doha où ils se concertent avec des producteurs non-Opep, comme la Russie.
Mais des divergences entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, ont éclaté avant même le début de ces discussions.
"La réunion de Doha est pour ceux qui veulent participer au plan de gel de la production", a déclaré le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh. "Dans la mesure où il n'est pas prévu que l'Iran signe ce plan, la présence d'un représentant de l'Iran à cette réunion n'est pas nécessaire", a-t-il ajouté.
"L'Iran ne renoncera en aucune manière à son quota de production historique", a affirmé avec force M. Zanganeh, en référence au niveau de production et d'exportation de son pays d'avant les sanctions internationales contre Téhéran.
Samedi, dans une interview publiée par Bloomberg, le vice-prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, a réaffirmé que le royaume ne gèlerait pas sa production de brut à moins que l'Iran n'en fasse autant.
L'Arabie Saoudite est représentée à Doha par son ministre du Pétrole Ali al-Nouaïmi.
Un accord, négocié en février par l'Arabie Saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela, vise à geler la production de brut aux niveaux de janvier afin d'enrayer la surabondance de l'offre, jusqu'à ce que la demande reprenne au 3e trimestre de 2016.
Kamel al-Harami, expert pétrolier koweïtien, estime qu'un accord dimanche sur un gel de la production est encore possible, même sans l'Iran.
"L'Iran est incapable d'ajouter plus de 500.000 barils par jour à sa production d'ici la fin de l'année", a expliqué M. Harami à l'AFP à Doha.
Selon l'Opep, la production iranienne a atteint 3,3 millions de barils par jour (mbj) en mars, contre 2,9 mbj en janvier, encore en deçà de son niveau d'avant l'embargo (environ 4 mbj).
Ensemble, les membres de l'Opep ont pompé 32,25 mbj en mars, dont près d'un tiers pour l'Arabie Saoudite, contre une moyenne de 31,85 mbj en 2015.
Le Qatar, pays hôte, a affirmé qu'une "atmosphère d'optimisme" s'était répandue à la veille de la réunion, tandis que le ministre en exercice du Pétrole du Koweït, Anas Saleh, s'est également déclaré "optimiste".
Les cours du pétrole ont toutefois fini en nette baisse vendredi, victimes d'un regain de scepticisme avant la réunion de Doha.
Les analystes sont divisés sur les résultats à attendre de la réunion, qui pourraient tout aussi bien renvoyer les prix à la hausse ou provoquer de nouveau leur effondrement.
Plusieurs experts excluent un impact significatif sur un marché pétrolier qui est resté volatil, malgré l'accord de février. De même, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prévenu qu'un accord à Doha aurait un "impact limité" sur l'offre.
De son côté, l'Opep a fait savoir, avant la réunion, que l'offre excédentaire pourrait encore s'accentuer. L'Organisation a aussi révisé à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale cette année et pourrait les réduire davantage.
La chute d'environ 60% des cours du brut depuis juin 2014 a été causée par une surabondance de l'offre, consécutive à une forte augmentation de la production de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste américain, et le refus par l'Opep en novembre 2014 de réduire sa production.
Les pays exportateurs ont ainsi perdu des centaines de milliards de dollars et accusé des déficits budgétaires ayant conduit à des mesures d'austérité.

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