vendredi 15 avril 2016

Israël/Palestine : Les bulldozers israéliens ne chôment pas en

Des bulldozers arrivent sous haute escorte pour détruire des maisons du village de Musafir Jenbah, en zone C, en Cisjordanie, en février dernier. (Hazem Bader, Afp)

 Depuis le début de l'année, les enfants de Za'atar, au sud de Naplouse, étaient heureux. Au centre du village, ils avaient enfin une aire de jeux rien qu'à eux : balançoires, tourniquet, jeu à bascule, bac à sable, et pour les mamans, des bancs, une table ronde avec des chaises et une belle pelouse. C'était super. Tout à coup, le hameau avait retrouvé des couleurs. Il y avait de la joie dans l'air. Mais mardi dernier, fini, la fête. Tôt le matin, deux bulldozers escortés par trois jeeps et des militaires en armes pénètrent dans le village. Une opération antiterroriste majeure ? Non. L'armée israélienne est en mission pour détruire… l'aire de jeux. Ce qui sera fait en un peu plus d'une heure. Après quoi les bulldozers sont repartis comme ils étaient venus, sous bonne escorte.
Du parc pour enfants, il ne reste rien. Même la pelouse, les bancs et les escaliers de pierre qui menaient à la plaine de jeux ont été détruits. Pour la Belgique, la note est salée. Dans le cadre de son aide au développement de la Palestine, elle avait investi 51 000 euros dans cette installation destinée aux enfants de Za'atar. D'où la réaction quasi immédiate de Bruxelles : « Il s'agit d'une destruction inacceptable », a déclaré, dans un communiqué, le gouvernement belge, qui en a profité pour rappeler que « les projets de la Belgique visent à répondre aux besoins humanitaires et sont menés conformément au droit international… » Explication fournie par l'administration militaire à des diplomates européens : « Cette installation se trouvait entre deux implantations juives… » La sécurité d'Israël et de ses colonies passe parfois par des voies mystérieuses.

104 structures financées par les Européens démolies
Ce n'est pas la première fois que les autorités israéliennes démolissent des constructions mises en place par des pays de l'Union européenne dans la zone C de Cisjordanie. Un secteur entièrement sous le contrôle d'Israël et où les colonies ne cessent de se développer. Selon l'ONU, et rien que pour le premier trimestre de cette année, 104 structures financées par les Européens ont ainsi été démolies par Israël. Des installations agricoles, des panneaux solaires, des maisons préfabriquées. Comme ce qui s'est passé il y a quelques semaines à la périphérie du quartier arabe d'Īsawīya, à Jérusalem-Est, où de petits préfabriqués érigés grâce à des fonds européens ont été réduits en poussière par des bulldozers envoyés par la mairie de Jérusalem. Laquelle, pour expliquer l'opération, s'est défaussée sur l'Autorité israélienne de la nature et des parcs, pour qui ces abris violaient la législation, car ils étaient situés dans un parc national.
Autre victime des destructions, Khirbet Tana, une communauté de bergers bédouins située près de Naplouse, en Cisjordanie. Un village de troglodytes dont l'existence remonte à bien avant la création de l'État d'Israël. Aujourd'hui, une quarantaine de familles vivent dans ce paysage de rocailles, avec pour unique ressource le lait de leurs troupeaux, dont ils font un fromage réputé. Début mars dernier, des bulldozers israéliens sont entrés en force avec pour mission la destruction de l'école, laissant ainsi 23 élèves sans salles de classe. L'Union européenne est alors intervenue : elle a mis en place une école provisoire en préfabriqués, détruite à peine trois semaines plus tard par les bulldozers de l'administration militaire israélienne. Six jours auparavant, les mêmes engins avaient démoli, toujours à Khirbet Tana, 17 maisons, 21 enclos pour bétail, 5 hangars et une minuscule piscine remplie d'eau de source construite depuis deux mois. De fait, en trois mois, le hameau a fait l'objet de quatre raids de l'armée avec toujours le même objectif : la destruction des installations qualifiées par Israël d'illégales, car construites sans permis en zone C. Pour justifier leurs opérations, les militaires se sont à chaque fois munis d'ordres d'un tribunal avec cette mention : « Ce village est situé dans une région utilisée comme zone de tir par l'armée. »

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