dimanche 17 avril 2016

Égypte : Hollande est arrivé au Caire

Fini le Liban, place à l'Égypte. François Hollande a quitté Beyrouth et a atterri au Caire ce dimanche. Il a réaffirmé son soutien à son homologue Abdel Fattah al-Sissi qui dirige l'Égypte d'une main de fer, une visite centrée sur la sécurité au Moyen-Orient mais avec un important volet commercial. Les deux hommes doivent s'entretenir notamment de la question israélo-palestinienne, de la guerre en Syrie, de la tension en Libye et de la lutte contre l'organisationd djihadiste Daesh qui s'est déclaré de son propre chef État islamique (EI), selon la présidence française.

La question des droits de l'homme
François Hollande est accompagné d'une trentaine de chefs de grands groupes français mais aussi de petites et moyennes entreprises (PME), qui doivent prendre part à un "forum d'affaires" franco-égyptien et assister à la signature de divers "accord sectoriels", notamment dans les domaines des transports urbains, de l'énergie renouvelable et de la formation professionnelle, selon la présidence française. La question des droits de l'homme devrait également affleurer durant cette visite. La France a très tôt manifesté son soutien et conclu d'importants contrats d'armement après la destitution en 2013 par Abdel Fattah al-Sissi, alors chef de l'armée, du président islamiste élu Mohamed Morsi. Le pouvoir réprime, depuis, très violemment toute forme d'opposition.
Avant le voyage, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) notamment ont dénoncé le "silence assourdissant" de la France sur la "gravité de la répression contre la société civile, au prix d'une augmentation vertigineuse de la pratique de la torture, des incarcérations abusives, des disparitions forcées et des violences (...) sans précédent dans l'histoire récente de l'Égypte". L'entourage de François Hollande a assuré que le président entendait sur ces sujets porter des "messages" de façon "discrète et efficace" au Caire.


Visite dans un camp de réfugiés syriens
Avant de s'envoler pour l'Égypte, deuxième étape de sa tournée au Moyen-Orient, le président François Hollande a achevé dimanche sa visite au Liban dans un campement de réfugiés syriens, après avoir promis à Beyrouth un renfort de l'aide humanitaire française. François Hollande rejoindra en début d'après-midi en hélicoptère le campement de tentes informel de Dalhamiyé dans la Békaa (est) qui abrite une centaine de familles de réfugiés syriens. Il a salué dimanche "la solidarité exceptionnelle" des Libanais envers les réfugiés syriens.
Il a parcouru le camp de Dalhamiyé, l'un des nombreux campements de fortune accueillant des réfugiés dans la plaine de la Békaa, à quelques kilomètres de la frontière syrienne. "Bonjour monsieur le président François", lui ont lancé des enfants avant de lui offrir des dessins et de lui réciter un poème en arabe mettant en mots leur exil douloureux. Une centaine de familles, soit quelque 600 personnes, essentiellement des femmes et des enfants, vivent dans ce camp de tentes blanches.


1,1 million de réfugiés syriens
"Ce que demandent ces familles, ce n'est pas d'aller en Europe c'est de pouvoir retourner le plus rapidement chez elles" pour "reconstruire leur pays", a déclaré François Hollande après s'être entretenu avec des réfugiés et des responsables d'ONG présentes au Liban. "C'est ce que souhaitent aussi les Libanais, qu'il n'y ait pas d'implantation durable" des réfugiés, a-t-il ajouté. En attendant, le président français a félicité les Libanais pour la "solidarité exceptionnelle" dont ils font preuve alors que le pays du Cèdre accueille plus de 1,1 million de réfugiés syriens, soit l'équivalent du quart de sa population.
À son arrivée samedi à Beyrouth, le président avait déjà annoncé que la France accueillerait 3 000 réfugiés supplémentaires en 2016 et 2017.


100 millions d'euros d'aide
Le conflit en Syrie, qui a fait plus de 270 000 morts, a jeté des millions de personnes sur les routes de l'exil. Et plus de 1,1 million de ces exilés ont trouvé refuge au Liban, soit l'équivalent d'un quart de la population du petit pays méditerranéen. Le président français visitera le centre de loisirs du campement avant une réunion avec des représentants du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), du Haut Commissariat pour les réfugiés et d'ONG françaises.
Samedi, à peine arrivé à Beyrouth, François Hollande a promis le versement de "100 millions d'euros dans les trois prochaines années" pour aider le Liban à faire face à l'afflux de réfugiés. Il a aussi annoncé une prochaine réunion du "groupe international de soutien au Liban pour fédérer tous les dons". Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault se rendra à cette fin le 27 mai à Beyrouth.


Rencontre avec les chefs religieux du pays
Le chef de l'État français s'est par ailleurs engagé à "une aide immédiate pour renforcer les capacités militaires du Liban" face à la menace djihadiste, en particulier du groupe État islamique (EI) qui a déjà revendiqué des attentats dans le pays. Cette aide intervient alors que l'Arabie saoudite a suspendu un don de 2,2 milliards d'euros aux autorités libanaises qui devait leur permettre d'acquérir des équipements militaires français.
Dimanche matin, avant son déplacement dans la Békaa, François Hollande avait évoqué avec le patriarche Béchara Raï, chef de la puissante église chrétienne maronite, la situation des chrétiens d'Orient, minorités vulnérables dans une région ravagée par les guerres et marquée par la montée des mouvements djihadistes. Il a également rencontré des chefs religieux musulmans et chrétiens dans ce pays connu pour sa mosaïque confessionnelle. "Doivent-ils rester parfois au risque de leur vie ou doivent-ils partir ? Mais s'ils partent c'est l'ensemble du Moyen Orient qui se trouve déséquilibré", a notamment déclaré François Hollande.


Un appel à la résolution de la crise politique
Samedi, François Hollande a multiplié les appels en faveur du règlement de la crise institutionnelle au Liban, sans président de la République depuis mai 2014. Il s'est entretenu notamment avec un des candidats à la présidence, Souleimane Frangié samedi soir, et auparavant avec le Premier Tammam Salam. "La France est une puissance amicale et désintéressée, c'est pour cela qu'on nous demande d'intervenir", a décrypté un proche de François Hollande soulignant le rôle que Paris pourrait jouer auprès de l'Arabie saoudite et de l'Iran. La rivalité entre les deux grands acteurs sunnite et chiite de la région alimente la crise libanaise.

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