vendredi 29 janvier 2016

Syrie: Les pourparlers s'ouvrent à Genève sans l'opposition réunie à Ryad

Les pourparlers de paix sur la Syrie s'ouvrent vendredi à Genève en l'absence de l'opposition syrienne réunie à Ryad, qui refuse d'y participer si ses conditions ne sont pas satisfaites, malgré les exhortations de l'ONU et des Etats-Unis.
Réuni dans la capitale saoudienne, l'essentiel des groupes de l'opposition a posé jeudi des conditions préalables avant toute participation à cette nouvelle session de pourparlers indirects sous l'égide de l'ONU.
"Demain, nous ne serons pas à Genève. Nous pourrions nous y rendre (ultérieurement), mais nous n'entrerons pas dans la salle des négociations si nos demandes humanitaires ne sont pas satisfaites", a déclaré Riad Hijab, le coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), sur la chaîne de télévision Al-Arabiya.
"L'opposition est disposée à se rendre à Genève si des mesures sont prises" pour un arrêt des bombardements des zones civiles et un accès aux localités assiégées, a précisé M. Hijab, rappelant que ces mesures sont prévues par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Peu auparavant, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lancé dans message vidéo un vibrant appel au peuple syrien. "Maintenant, on a besoin de vous entendre interpeller les délégations à la conférence et leur dire qu'ils ne peuvent pas manquer cette occasion", a déclaré l'émissaire.
"Vous avez vu suffisamment de conférences. Celle-ci ne peut pas échouer", a lancé M. de Mistura, en référence à de précédentes réunions organisées depuis le début du conflit en mars 2011 et qui ont toutes échoué.
Après l'annonce du refus des groupes réunis à Ryad, les Etats-Unis, tout en qualifiant de "légitimes" leurs demandes dans le domaine humanitaire, les ont exhortés à se rendre quand même à la table des négociations.
"Il s'agit d'une opportunité vraiment historique pour eux d'aller à Genève pour proposer des moyens sérieux, pratiques d'instaurer un cessez-le-feu et d'autres mesures pour créer de la confiance", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner. "Et nous continuons de penser qu'ils devraient la saisir sans conditions préalables", a-t-il dit.
A Genève, la porte-parole des Nations unies pour les pourparlers, Khawla Matar, a affirmé plus tôt que l'ONU maintenait à vendredi le lancement des discussions.
La communauté internationale compte sur les pourparlers de Genève pour trouver une solution politique à un conflit qui a fait depuis 2011 plus de 260.000 morts et déplacé des millions de personnes. Elle y voit aussi un moyen de concentrer les forces sur la lutte contre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak.
Selon une source proche du gouvernement syrien, la délégation de Damas arrivera, elle, vendredi à Genève et rencontrera M. de Mistura.


Marge de manoeuvre réduite -
Pour Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient, l'opposition est embarrassée "car sa marge de manoeuvre s'est réduite" en raison notamment des récentes victoires du pouvoir sur le terrain avec l'aide de la Russie, qui mène depuis le 30 septembre 2015 en Syrie des frappes aériennes contre les groupes rebelles, "confortant de plus en plus" le pouvoir de Bashar al-Assad.
Le HCN insiste de plus pour être le seul représentant de l'opposition aux pourparlers et a réclamé à M. de Mistura des précisions sur "la nature des invitations" adressées à des opposants ne faisant pas partie de cette instance.
Parmi eux figure Haytham Manna, coprésident du Conseil démocratique syrien (CDS), une alliance d'opposants kurdes et arabes, qui est déjà à Genève selon une journaliste de l'AFP.
Or la participation des Kurdes, en pointe dans la lutte contre l'EI, est un des points de désaccord entre l'opposition et les pays étrangers impliqués dans le conflit, comme la Turquie, qui s'y oppose.
La résolution 2254, sur laquelle se baseront les pourparlers, prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. L'opposition exige le départ de Bashar au début de la période de transition.
D'autre part, la Russie a proposé jeudi une réunion le 11 février à Munich, en Allemagne, du Groupe international de soutien à la Syrie (17 pays, dont la Russie, les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et l'Iran).
Le ministre syrien de la Défense Fahd el-Freij a discuté jeudi à Moscou avec son homologue russe Sergueï Choïgou du développement des relations militaires entre les deux pays.

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