vendredi 15 janvier 2016

Syrie : Ban Ki-moon dénonce le siège de Madaya comme "crime de guerre"

Un nouveau convoi d'aide est entré à Madaya, le patron de l'ONU Ban Ki-moon dénonçant comme un "crime de guerre" le siège de civils par les belligérants. Madaya, localité rebelle coupée du monde depuis six mois par l'armée, est devenue le symbole des souffrances de la population civile en Syrie. Paris, Londres et Washington ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour réclamer la levée des sièges des villes dans ce pays en guerre.
Un premier convoi humanitaire avait été autorisé à entrer dans Madaya lundi dernier, après un tollé international suscité par des informations faisant état d'une situation de famine dans la ville. L'ONU a parlé des pires souffrances vues en cinq ans de conflit en Syrie.
Ce jeudi, un deuxième convoi de 44 camions remplis de nourriture et de médicaments est parvenu dans la ville, à une quarantaine de kilomètres de Damas, pour secourir les habitants affamés. "La priorité est d'apporter de la farine et des produits sanitaires" aux quelque 42.000 habitants, a indiqué un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). "Ce sont les personnes âgées, les femmes et les enfants qui souffrent le plus, notamment de grave malnutrition", a précisé dans un communiqué la responsable du CICR en Syrie, Marianne Gasse. "Leurs conditions de vie sont parmi les plus difficiles qu'il m'ait été donné de voir durant les cinq années que j'ai passées dans le pays. Cette situation ne peut plus durer".
Plusieurs nutritionnistes de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), du CICR et du Croissant-Rouge syrien ont pu entrer à Madaya pour "traiter les patients sur place et examiner la gravité de leur état", selon Rana Sidani de l'OMS. Un troisième convoi d'aide devrait suivre "dans les prochains jours", selon le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Yacoub el Hillo.

Atrocités interdites
L'opération humanitaire concerne aussi les deux localités chiites de Foua et Kafraya, encerclées par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), mais où la situation est jugée moins catastrophique qu'à Madaya. Un porte-parole du CICR a indiqué jeudi soir que tous les camions prévus avaient pu rallier Madaya, Foua et Kefraya et que le déchargement était en cours. "Nous rencontrons les familles pour évaluer leurs besoins", a indiqué Pawel Krzysiek sur Twitter.
De difficiles négociations ont été en outre engagées entre les organisations humanitaires et le régime pour évacuer de Madaya les malades et les personnes les plus affaiblies. Médecins sans frontières a fait état début janvier de 23 personnes mortes de faim depuis le 1er décembre.
Selon le CICR, 400 000 personnes vivent assiégées en Syrie, où la guerre civile a fait depuis mars 2011 plus de 260 000 morts et poussé des millions de personnes à la fuite. "Il faut que les sièges de l'ensemble des villes et villages soient levés, immédiatement et simultanément", a dit Robert Mardini, directeur du CICR pour le Moyen-Orient. "En attendant, les convois humanitaires doivent se voir accorder un accès rapide, régulier et inconditionnel à toutes ces zones afin que des vies puissent être sauvées".
"Soyons clairs : utiliser la famine comme arme de guerre est un crime de guerre", a dit Ban Ki-moon en évoquant le sort de Madaya et d'autres localités assiégées en Syrie. Il a souligné que le régime comme les groupes armées d'opposition "se rendent coupables de cela et d'autres atrocités interdites par les lois humanitaires internationales".

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