jeudi 28 janvier 2016

Israël/Palestine : Liberté pour Mohammad al-Qiq

La Cour suprême israélienne a décidé mercredi le maintien en détention du journaliste palestinien Mohammad al-Qiq, malgré la détérioration de son état après 63 jours de grève de la faim.
La plus haute instance judiciaire israélienne, saisie par l'avocat du prisonnier, a indiqué qu'elle suivrait l'évolution de son état au jour le jour et statuerait sur une éventuelle remise en liberté en fonction de cet état.
M. Qiq, 33 ans, reporter de la chaîne saoudienne Al-Majd, a été arrêté le 21 novembre chez lui en Cisjordanie occupée. Il a été placé mi-décembre en détention administrative, régime extrajudiciaire qui permet la détention sans inculpation ni procès pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.
Il a cessé de s'alimenter le 25 novembre. Il dénonce les mauvais traitements qu'il dit avoir subis, ainsi que son placement en détention administrative.
Il est susceptible de mourir à tout moment, dit son avocat. Il a été transféré le 30 décembre à l'hôpital d'Afoula (nord d'Israël).
Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, l'accuse d'être un membre actif du Hamas, considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
M. Qiq, déjà emprisonné auparavant et condamné en 2008 à 16 mois de prison pour appartenance à un organisme affilié au Hamas, dit ne se livrer qu'au journalisme.
La cour a estimé que, "tant qu'il est conscient, tant qu'il est en mesure de s'opposer si on le soigne ou si on le nourrit de force, les juges n'interviendront pas", a dit son avocat Jawal Boulos aux journalistes.
"Les docteurs disent qu'il est dans un état très dangereux et qu'il commence à ne plus pouvoir parler. Tous ses membres lui font mal et il se sent constamment engourdi", a-t-il dit.
Tout peut se produire à partir de 50 jours de grève de la faim et le risque d'un décès croît chaque jour, selon les spécialistes qui affirment qu'un être humain ne peut survivre au-delà de 60 à 70 jours en n'absorbant que de l'eau.
Plus de 680 Palestiniens sont en détention administrative, sur un total d'environ 6.800 détenus dans les prisons israéliennes, a indiqué à l'AFP l'ONG palestinienne Addameer, qui défend les prisonniers.


Le précédent Allan
Le nombre de ces détentions a considérablement augmenté ces derniers mois avec les arrestations opérées par les forces israéliennes face à une nouvelle vague de violences.
La détention administrative est controversée non seulement chez les Palestiniens, pour lesquels elle est une manifestation supplémentaire de l'arbitraire sous l'occupation, mais aussi chez les défenseurs des droits de l'Homme et dans la communauté internationale.
L'Union européenne a de nouveau exprimé mercredi, avant l'audience de la Cour suprême, "son inquiétude sur le recours étendu de la part d'Israël à la détention administrative".
Les missions européennes à Jérusalem et Ramallah "sont particulièrement inquiètes" quant à la santé de M. Qiq, ont-elles dit.
Pour Israël, la détention administrative, héritée du mandat britannique sur la Palestine, est un outil essentiel pour empêcher des attentats tout en permettant de garder secrètes des informations sensibles puisque ce régime autorise les autorités à ne révéler aucun renseignement sur le dossier.
C'est la deuxième fois en moins d'un an qu'Israël est confronté à un cas semblable.
En 2015, Mohammad Allan, présenté par le Jihad islamique comme l'un des siens et détenu lui aussi sous le régime de la détention administrative, avait observé une grève de la faim d'environ 60 jours. Les autorités israéliennes avaient alors été prises entre le souci de ne pas céder aux pressions des prisonniers et le risque d'un accès de violences palestiniennes s'il mourait.
L'affaire avait été compliquée par l'adoption d'une nouvelle loi israélienne votée en juillet 2015 précisément pour faire face à de telles situations et permettant de nourrir de force un prisonnier. Une telle pratique se heurte aux vives résistances des médecins, indispensables a priori pour la mettre en oeuvre.
Ayant frôlé la mort en grève de la faim, Mohammad Allan avait finalement été libéré par Israël le 5 novembre 2015.

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