dimanche 21 avril 2013

Syrie : Washington va renforcer son aide militaire "défensive" à l’opposition (Assawra)

Les Etats-Unis vont franchir samedi un nouveau pas dans leur soutien à l’opposition syrienne en annonçant samedi à Istanbul, lors d’une réunion du groupe des Amis de la Syrie, la fourniture à la rébellion d’équipements militaires défensifs, mais toujours pas les armes qu’elle réclame avec insistance.

Selon un responsable américain, le secrétaire d’Etat John Kerry doit profiter de cette nouvelle rencontre entre les onze principaux pays occidentaux et arabes qui supportent les adversaires du président Bachar al-Assad pour proposer "une assistance supplémentaire non létale aux groupes modérés de l’opposition".
Le "montant" comme le "détail" de cette nouvelle aide n’ont pas encore déterminés et feront l’objet d’un échange entre l’administration américaine et l’opposition "pour identifier leur besoins", a précisé ce diplomate.

Selon les médias américains, elle pourrait consister en des gilets pare-balles, des véhicules ou des lunettes de visée nocturne.

Le responsable du département d’Etat n’est pas entré dans ce détail mais a confirmé que "d’autres types d’aides non létales (...) au delà des rations militaires alimentaires et des kits médicaux— faisaient l’objet de discussions".
Conscient de la situation sur le terrain, le chef de la diplomatie américaine avait anticipé l’annonce de ce renforcement du soutien américain en exprimant jeudi devant une commission du Sénat ses craintes d’une "dislocation" de la Syrie. Mais il a aussi insisté sur la prudence nécessaire en matière de soutien militaire à l’opposition.
"Nous essayons d’avancer avec précaution pour ne pas créer encore plus de désordre", a dit M. Kerry, "nous voulons aussi nous assurer que ceux avec qui nous travaillons défendent le pluralisme, la diversité et un processus démocratique".

Alors que le conflit est entré dans sa troisième année et a déjà fait plus de 70.000 morts, les pays occidentaux hésitent toujours à livrer des armes aux rebelles, inquiets de les voir tomber entre les mains de ses groupes les plus radicaux, comme le front al-Nosra qui vient de faire allégeance à Al-Qaïda.
Nourris de leur expérience en Afghanistan, les Etats-Unis n’ont jusque-là renforcé leur soutien à l’opposition qu’à petites touches. Lors de la dernière réunion des Amis de la Syrie en février à Rome, ils avaient annoncé pour la première fois une aide directe de 60 millions de dollars, mais en en excluant tout équipement militaire.
Avant même l’annonce officielle de M. Kerry, la principale force de l’opposition au régime de Damas, la Coalition nationale syrienne (CNS), a une nouvelle fois plaidé sans ambiguïté pour une aide militaire.
"Si l’aide humanitaire est une nécessité absolue, l’opposition syrienne souhaite également obtenir un soutien susceptible de provoquer la chute immédiate du régime et de mettre un terme aux souffrances du peuple syrien", a indiqué la CNS dans un communiqué.

La France et la Grande-Bretagne ont un temps milité pour la levée de l’embargo décrété par l’Union européenne (UE) sur les fournitures d’armes, la seule mesure capable selon elles de faire pencher la balance militaire en faveur des rebelles. Mais Paris a reculé, estimant que les conditions sur le terrain n’étaient "pas réunies".

La question sera sur la table de la réunion qui début à 15h00 GMT sur les rives du Bosphore mais ne sera pas tranchée. "On ne peut pas dire que ce sera tout oui ou tout non", a pronostiqué le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
A défaut d’armes, les Amis de la Syrie vont tenter samedi d’asseoir l’autorité du nouveau Premier ministre intérimaire Ghassan Hitto, élu le mois dernier mais aussitôt contesté, notamment par le chef démissionnaire de la Coalition nationale de l’opposition Ahmad Moaz al-Khatib. Tous les deux sont annoncés samedi à Istanbul.

Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a répété tout le mal que son pays, principal soutien de Bachar al-Assad, pensait du groupe des Amis de la Syrie, dont il ne fait pas partie. "Ce processus contribue de façon négative" à une issue de la crise, a-t-il jugé.
Les hôtes turcs de la réunion de samedi, soumis au flot continu des réfugiés syriens sur leur sol, veulent, eux, croire qu’elle permettra d’accoucher de décisions susceptibles d’accélérer la chute du régime de Damas.
"Le nombre de Scuds tirés de Damas sur Alep au cours des trois derniers mois est de 205", a relevé jeudi soir le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu jeudi soir. "Samedi, nous demanderons pourquoi la communauté internationale reste silencieuse", a-t-il ajouté.

(20-04-2013 - Assawra avec les agences de presse)

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