mardi 9 avril 2013

Syrie : Al-Qaïda en Irak parraine le Front jihadiste Al-Nosra

Al-Qaïda en Irak a reconnu pour la première fois mardi que le Front al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime de Damas, est une branche de son groupe et que son objectif est d’instaurer un Etat islamique en Syrie.
Dans le même temps, le chef de diplomatie américain, John Kerry, a annoncé qu’il allait rencontrer cette semaine en marge du sommet du G8 à Londres une délégation de l’opposition, que les Etats-Unis soutiennent mais à qui ils refusent de fournir des armes par peur que l’arsenal ne tombe aux mains d’extrémistes.
Cette peur devrait être exacerbée après l’annonce par Abu Bakr al-Baghdadi, chef d’Al-Qaïda en Irak, qu’Al-Nosra est en réalité une branche de son organisation, confirmant les soupçons qui pesaient sur ce groupuscule.
Classé comme "organisation terroriste" par Washington, Al-Nosra s’est d’abord fait connaître en Syrie par des attentats suicide, avant de devenir une redoutable force armée qui combat au côté de la rébellion contre le régime de Bachar al-Assad.
"De facto, vous avez une partie du pays dirigé par Bashar al-Assad et une autre partiellement gérée par les gens d’Al-Qaïda", commente à l’AFP Aaron Zelin, du Washington Institute for Near East Policy.
Al-Qaïda en Irak et Al-Nosra, formé de combattants syriens et de volontaires étrangers, seront désormais fédérés sous l’appellation Etat islamique en Irak et au Levant, a indiqué al-Baghdadi dans un message publié sur des sites jihadistes.
Ces mouvances qualifient le régime de "noussaïri" (terme péjoratif désignant les alaouites, la minorité hétérodoxe de M. Assad).
Al-Qaïda en Irak a choisi Abu Mohammad Al-Julani comme chef d’Al-Nosra et a offert "de l’argent et un soutien humain" à Al-Nosra, a affirmé Al-Baghadadi.
"Ils veulent se vanter. Ils veulent montrer que ce sont eux qui mènent la révolution syrienne", estime M. Zelin.
Al-Nosra a pour ambition d’instaurer une gouvernance islamique dans la Syrie de l’après-Assad, une idéologie rejetée par l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion.
"Nous ne soutenons pas l’idéologie d’al-Nosra (...) Personne n’a le droit d’imposer aux Syriens la forme de leur Etat", a réagi Louaï Meqdad, responsable de la communication pour l’ASL, assurant que les rebelles luttent pour un "Etat démocratique".
Mais dans le même temps, il a reconnu qu’Al-Nosra "est financé et armé ; c’est pour cela que certaines brigades de l’ASL coopèrent avec eux dans certaines opérations sur le terrain. C’est une coopération tactique et ponctuelle".
L’annonce d’Al-Qaïda en Irak intervient au lendemain de l’attaque suicide à la voiture piégée dans le centre de Damas, un attentat dénoncé aussi bien par le régime qui a accusé les "groupes terroristes" (rebelles, selon sa terminologie) et par l’opposition, qui a accusé le régime.
A Londres, en marge du sommet du G8 mercredi et jeudi, John Kerry va rencontrer aux côtés de son homologue britannique William Hague des membres de l’opposition syrienne, mais pas son chef Ahmed Moaz al-Khatib. Selon un responsable de l’opposition, une délégation présidée par Ghassa Hitto, élu Premier ministre "rebelle" le 19 mars, est déjà sur place.
M. Kerry a réitéré préférer une solution diplomatique en Syrie, tout en reconnaissant les difficultés car "le président Assad n’est pas prêt à tranférer cette autorité".
Le conflit syrien, qui ravage le pays depuis plus de deux ans a fait selon l’ONU plus de 70.000 morts, 1,2 million de réfugiés et 4 millions de déplacés.
Les opérations d’aide aux réfugiés syriens arrivent à un point de rupture faute de financements suffisants, a d’ailleurs averti le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR).
Sur un autre aspect du conflit, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon a appelé mardi la Syrie à "coopérer" avec la mission des enquêteurs que l’ONU souhaite envoyer dans le pays pour déterminer si des armes chimiques sont utilisées dans le conflit.
Le régime a rejeté cette mission, estimant que la demande portait uniquement sur l’envoi d’une mission à Khan Aassal dans la province d’Alep (nord) où le régime accuse les rebelles d’avoir lancé un "missile doté de matières chimiques toxiques".
La rébellion accuse également le pouvoir d’avoir employé des armes chimiques dans le cadre du conflit.

(09-04-2013 - Avec les agences de presse)

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