vendredi 16 septembre 2016

Syrie: L'ONU appelle Washington et Moscou à débloquer l'aide humanitaire

Des enfants jouent dans une rue de Hamouria, contrôlée par les rebelles, le 14 septembre 2016 en Syrie (Afp)

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé à Washington et à Moscou de contribuer à débloquer la livraison de l'aide humanitaire aux localités assiégées en Syrie, où la trêve entrée en vigueur lundi est globalement respectée.
Une première phase de 48 heures de cessation des hostilités a expiré mercredi à 19h00 heure locale (16h00 GMT). Avant cette expiration, la Russie et les Etats-Unis, qui ont négocié cette trêve, se sont dits favorables à sa prolongation pour une nouvelle phase de 48 heures, selon les termes de l'accord entre les deux grandes puissances.
La Russie "est favorable à une nouvelle prolongation de 48 heures du régime de cessez-le-feu", a déclaré à la presse le général Viktor Poznikhir, membre de l'état-major russe.
A Washington, le porte-parole du département d'Etat a indiqué que le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov s'étaient entretenus par téléphone dans la journée.
Au cours de cette conversation sur la trêve en Syrie, "ils sont tombés d'accord pour une extension de la cessation des hostilités pour une nouvelle phase de 48 heures", a indiqué le porte-parole, Mark Toner.
Concernant l'assistance humanitaire, l'ONU était "tout à fait prête" à envoyer dès mercredi vingt camions d'aide vers Alep, la grande ville du nord de la Syrie, mais la situation en matière de sécurité ne le permet pas pour l'instant, a déclaré Ban Ki-moon à la presse. Ces camions "sont restés à la frontière" entre la Syrie et la Turquie.
"Il est absolument essentiel", a dit M. Ban, "que les arrangements de sécurité nécessaires" soient mis en place par les belligérants pour que les camions puissent avancer.
L'armée syrienne se trouvait toujours mercredi sur la route du Castello - axe de ravitaillement au nord d'Alep par lequel doit transiter l'aide - alors que l'accord russo-américain appelle à la "démilitarisation" de cette route.
Selon le chef du Centre russe de coordination en Syrie, le général Vladimir Savtchenko, le retrait des troupes syriennes de cet axe est prévu jeudi à 06h00 GMT.
Depuis l'entrée en vigueur de la trêve lundi soir, les combats ont quasiment cessé entre régime et rebelles sur l'ensemble des fronts, à l'exception de tirs sporadiques, selon des militants, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et l'ONU.
La trêve a été obtenue après des semaines de discussions entre Washington et Moscou, soutiens respectifs de la rébellion et du régime. Elle vise à favoriser une reprise du processus de négociation pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 300.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011, selon l'OSDH.
La trêve doit aussi permettre l'acheminement sans entraves de l'aide humanitaire pour les centaines de milliers de civils assiégés dans une vingtaine de villes et de localités, en grande majorité par les forces du régime.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a d'ailleurs estimé mercredi que "l'arrivée de l'aide humanitaire" aux populations assiégées était un "test" clé de la solidité de l'accord russo-américain. "Sinon l'annonce d'un cessez-le-feu ne sera pas crédible", a-t-il dit lors d'une visite à Kiev.
L'ONU prévoit de commencer par distribuer des produits alimentaires dans les quartiers rebelles d'Alep, où plus de 250.000 personnes n'ont pas reçu d'aide de l'ONU depuis juillet.
Le calme a régné mercredi dans la grande ville du nord, selon des correspondants de l'AFP dans la partie ouest, tenue par les forces gouvernementales, et dans la partie ouest, tenue par les rebelles.
L'OSDH, tout en faisant état de tirs sporadiques dans la province d'Alep, a affirmé qu'aucune victime n'était à déplorer depuis le début de la trêve parmi les civils ou les combattants.
La cessation des hostilités est appliquée de "manière très positive, avec quelques violations", a dit Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
L'état-major russe a pour sa part déclaré que les rebelles avaient violé le cessez-le-feu à 60 reprises lors des dernières 48 heures.
La rébellion, affaiblie sur le terrain, n'a pas donné son accord formel à la trêve.
Comme lors de la précédente trêve fin février, qui avait duré quelques semaines, les groupes jihadistes comme Daesh et Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) sont exclus du cessez-le-feu.
L'armée russe a d'ailleurs affirmé avoir bombardé mardi soir des jihadistes de l'EI au nord de Palmyre (centre), ont rapporté les agences de presse russes.
Si la cessation des hostilités tient pendant une semaine, elle devrait déboucher sur une collaboration inédite entre Moscou et Washington, qui doivent alors lancer, à une date encore indéterminée, des attaques conjointes contre les deux groupes jihadistes.

(15-09-2016)

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