mercredi 21 septembre 2016

Syrie : La trêve arrive à son terme après de nombreux affrontements

Les forces rebelles de l'armée syrienne libre (Afp)

La trêve en Syrie arrive à échéance et ses initiateurs, la Russie et les États-Unis, doivent décider s'ils la prolongent après un week-end particulièrement sanglant.
La décision devrait tomber d'ici ce soir, mais, en attendant, les affrontements continuent, sans se soucier du respect de la trêve. Le canon continue de tonner à la lisière de Damas et à Deir ez-Zor, dans l'Est, tandis que l'acheminement de l'aide humanitaire vers les villes assiégées se fait au compte-gouttes. Ainsi, rien n'était encore prévu pour approvisionner les quartiers rebelles d'Alep, pourtant une priorité absolue selon l'accord de cessez-le-feu.
« La situation est très compliquée », reconnaît le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en refusant de se prononcer sur une prolongation ou non de la trêve. Pour Moscou, allié-clé du régime du président Bachar el-Assad, « l'armée syrienne est toujours la seule partie qui respecte de fait le cessez-le-feu ». Mais le porte-parole rappelle qu'il « y a eu cet incident monstrueux, je veux parler de la frappe aérienne effectuée, selon le Pentagone, par erreur sur les positions de l'armée syrienne. Tout cela met en danger le cessez-le-feu. »
La fragilité de la situation devrait dominer les débats en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, qui s'ouvre mardi. Elle sera dès lundi au cœur des discussions du premier sommet onusien consacré aux migrations à New York.
Entrée en vigueur il y a une semaine après de violents combats entre le régime, les rebelles et les djihadistes, principalement à Alep, la trêve se termine en principe lundi soir, d'après une source militaire syrienne de haut niveau. « L'armée syrienne avait décidé un gel des combats jusqu'à dimanche soir, mais la Russie a décidé de prolonger le cessez-le-feu et il se terminera lundi soir à 19 heures », affirme-t-il. « Nous ne savons pas si la trêve sera prolongée par la suite ».
La trêve en Syrie a été fragilisée après les frappes de la coalition conduite par les États-Unis contre l'armée syrienne dans la région de Deir ez-Zor, qui ont fait au moins 90 morts dans les rangs de l'armée. À la faveur de ce raid, les djihadistes ont réussi à s'emparer du mont Thourda, qui domine l'aéroport de Deir ez-Zor tenu par le régime, selon une source militaire. Avec cette position, les djihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.
La coalition a affirmé avoir bombardé l'armée syrienne par erreur, mais pour la conseillère du dictateur syrien Bashar el-Assad, Bouthaina Chaabane, « ce raid était délibéré. Tout était prémédité. » La Russie a appelé Washington à mener une enquête complète et, en attendant, une source militaire syrienne assure que « l'armée a lancé une nouvelle offensive pour reprendre cette hauteur stratégique ».
En plus de ce bombardement qui attise les tensions, de violents accrochages ont eu lieu à Jobar, un quartier périphérique de l'est de Damas, ce lundi. « L'armée a bloqué une offensive des rebelles et a lancé une contre-attaque », a indiqué une source militaire sur le terrain.
Dimanche a été la journée la plus sanglante pour les civils depuis le début de la trêve, avec un mort à Alep lors des premières frappes contre cette ville et onze autres dans le largage de barils explosifs dans la province méridionale de Deraa. Au total en une semaine de trêve, 26 civils, dont 8 enfants, ont perdu la vie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Quant à l'acheminement de l'aide humanitaire aux villes assiégées, il se fait au compte-gouttes. « Un premier convoi de l'ONU, du CICR et du Croissant-Rouge doit livrer lundi une aide multiple à 84 000 personnes à Talbissé », une ville rebelle ans la province de Homs, a affirmé David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Un autre convoi doit se rendre à Orum al-Koubra, une localité dans l'ouest de la province d'Alep où vivent 78 000 personnes.
« Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu'il n'y a aucun progrès concernant Alep, et l'ONU est prête à faire son possible pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien », explique David Swanson. Mais la Russie et les États-Unis se rejettent la responsabilité du non-acheminement de l'aide humanitaire à Alep. L'un et l'autre accusent les rebelles ou le régime de ne pas vouloir reculer de la route stratégique de Castello par où doivent passer les camions chargés de vivres et de médicaments de l'ONU. Cette aide est attendue avec impatience par les habitants, affamés par le siège.

(19-09-2016)

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