vendredi 9 septembre 2016

Israël/Palestine : Mahmoud Abbas, ancien agent du KGB ? (Emmanuel Ammar)

Mahmoud Abbas a-t-il été une taupe pour le compte du KGB ? C'est en tout cas ce que soutiennent, documents à l'appui, Gideon Remez et Isabella Ginor, deux chercheurs israéliens de l'institut Truman de l'université hébraïque de Jérusalem. La thèse du passé double de l'actuel président de l'Autorité palestinienne, alimentée depuis quelques mois, a été rendue publique, mercredi 7 septembre, par la chaîne de télévision locale, Channel 1.
Le couple de chercheurs spécialisés dans l'étude des relations entre l'URSS et le Proche-Orient a mis la main sur les « documents Vassili Mitrokhine », conservés secrètement par le contre-espionnage britannique (MI5), et baptisés ainsi d'après le nom d'un ancien agent russe et archivisite du KGB, mort en 2004, ayant fait défection aux renseignements soviétiques en 1992. Parmi ces précieuses archives, dont une partie a été publiée dans un livre, se trouve une liste de tous les contacts du KGB dans les années 1980, longue de 120 pages, écrite par Mitrokhine lui-même, qui n'avait pas encore été exploitée et sur laquelle Gideon Remez et Isabella Ginor affirment être tombés fortuitement. « Ce fut une surprise, nous cherchions autre chose dans les archives Mitrokhine », ont-ils déclaré au journal Le Monde.
Dans ces notes, un nom interpelle Remez et Ginor : « Krotov ». Signifiant « taupe » en Russe, ce qui s'apparente vraisemblablement à un pseudonyme de couverture auquel est accolé le nom de Mahmoud Abbas désigne un agent en poste à Damas au début des années 1980. Mais impossible de dater son enrôlement présumé, estiment les chercheurs.
L'ancien ministre de Yasser Arafat, réfugié en Syrie à 13 ans, a effectué sa scolarité dans la capitale syrienne avant de poursuivre des études d'Histoire à Moscou, où il rédige une thèse pour le moins controversée sur une prétendue « relation secrète entre les nazis et les dirigeants du Mouvement sioniste ». Par la suite, Abbas devient membre du comité exécutif de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), la période où Remez et Ginor pensent qu'il a œuvré en tant qu'agent du KGB. À ce moment, l'OLP entretenait des relations étroites avec l'URSS, de l'aveu même d'une des figures du Fatah, Hussein al-Sheikh. « Au début des années 19, l'OLP était tellement proche des Soviétiques que ceux-ci n'avaient pas besoin d'espions dans nos rangs pour savoir ce qui s'y passait », déclare-t-il à Libération. Avant de nuancer : « En supposant que ce que l'on raconte sur lui soit vrai, qu'est-ce que cela peut faire après tout ce temps ? »
Un autre point préoccupe le binôme de chercheurs : le représentant spécial de Vladimir Poutine au Proche-Orient depuis 2012, Mikhaïl Bogdanov, qui s'évertue actuellement à réunir Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas à Moscou afin de relancer le processus de paix, œuvrait comme ambassadeur soviétique à Damas en 1983 et aurait été l'officier traitant de « Krotov ». Les médias israéliens évoquent cela « comme une singulière coïncidence », qui laisse incrédule Nabil Abou Roudeina. « Les informations de la télévision israélienne font partie des absurdités auxquelles nous sommes habitués de la part des Israéliens », a déclaré à l'AFP le porte-parole de la présidence palestinienne.

(09-09-2016 - Emmanuel Ammar)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire