jeudi 20 août 2015

Égypte : Au moins 6 policiers blessés dans un attentat

Au moins six policiers ont été blessés au Caire dans la nuit de mercredi à jeudi par l'explosion d'une voiture piégée visant leur commissariat, alors que l'Égypte est en proie à une vague d'attentats des djihadistes de l'État islamique (EI). L'attaque a été perpétrée dans un quartier du nord de la capitale contre un commissariat de la sécurité d'État, un service de la police. « Un inconnu a stoppé brutalement sa voiture devant le bâtiment, en est sorti et a sauté sur une moto pour prendre la fuite, puis la voiture a explosé », a expliqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. « Six policiers ont été blessés », a précisé le ministère.
Le mur qui ceint le bâtiment de quatre étages s'est effondré en grande partie et les fenêtres de l'immeuble ont volé en éclats, a rapporté un journaliste de l'AFP sur place. La bombe a creusé un cratère d'un mètre de diamètre environ devant le portail d'entrée et le sol était jonché de débris de la voiture piégée et de verre brisé. L'attaque n'a pas encore été revendiquée, mais Province du Sinaï, la branche égyptienne de l'EI, commet régulièrement des attentats et des attaques commando visant policiers et soldats depuis que l'armée a destitué et arrêté le 3 juillet 2013 le président islamiste élu Mohamed Morsi) et réprime dans le sang ses partisans.
Des centaines de policiers et soldats ont ainsi été tués en deux ans, principalement dans la péninsule désertique du Sinaï, dans l'Est, bastion de ce groupe autrefois appelé Ansar Beït al-Maqdess et qui a fait allégeance à l'EI en 2014. Ces djihadistes avaient entamé une campagne d'attentats et d'attaques commando très audacieuses à l'été 2013 après que le chef de l'armée d'alors, Abdel Fattah al-Sissi - élu ensuite président en mai 2014 -, avait destitué et fait arrêter Mohamed Morsi, le premier chef de l'État jamais élu démocratiquement en Égypte. Ansar Beït al-Maqdess ainsi qu'un autre groupe armé appelé Ajnad Misr avaient alors lancé une campagne d'attentats contre les forces de l'ordre, dont certains au Caire, en représailles, selon eux, à la sanglante répression qui s'était aussitôt abattue sur les partisans du président islamiste déchu.
Depuis, policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi, plus de 15 000 de ses partisans - essentiellement des membres de sa confrérie des Frères musulmans - ont été emprisonnés et des centaines, dont Mohamed Morsi, ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l'ONU de « sans précédent dans l'histoire récente » du monde. Depuis qu'il a pris le pouvoir et éliminé toute opposition de la scène politique, islamiste mais aussi laïque et libérale, le maréchal à la retraite Sissi est accusé par les organisations internationales de défense des droits de l'homme de mener un régime « plus répressif » que celui de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir fin 2011 par une révolte populaire dans la lignée du Printemps arabe.
Après que Ansar Beït al-Maqdess a fait allégeance à l'EI, qui a pris le contrôle d'une grande partie de l'Irak et de la Syrie où il commet des atrocités, il s'est baptisé Province du Sinaï pour marquer sa volonté de faire de cette péninsule une « wilayat » (province) de l'organisation djihadiste. Ce groupe a ensuite semblé changer de stratégie en commençant à s'attaquer à des Occidentaux, espérant, selon les experts, toucher le gouvernement au portefeuille en effrayant des touristes qui boudent le pays des pharaons depuis 2011 et les investisseurs étrangers qu'Abdel Fattah al-Sissi essaie d'attirer.
Le 11 juillet, Province du Sinaï a perpétré un attentat à la voiture piégée visant le consulat d'Italie au Caire, tuant un passant. Et le 13 août, ce groupe a annoncé avoir décapité un jeune Croate travaillant pour une compagnie française enlevé fin juillet non loin du Caire, un an après avoir revendiqué le meurtre d'un Américain dans la même zone. Dimanche, Abdel Fattah al-Sissi a promulgué une nouvelle loi antiterroriste aussitôt dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme comme « liberticide ». Washington, principal pourvoyeur d'armes et de fonds de l'armée égyptienne, s'est aussi déclaré « inquiet » des éventuels « effets néfastes » de cette loi « sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire