vendredi 20 juin 2014

Irak : Maliki sous le feu des critiques américaines, Obama examine ses options

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’est retrouvé jeudi sous le feu de critiques américaines mettant en cause sa politique confessionnelle dans la crise qui secoue le pays, au moment où le président Barack Obama examine ses options pour aider Bagdad face aux insurgés sunnites.
Bagdad a officiellement demandé aux Etats-Unis des frappes aériennes pour contrer l’offensive fulgurante lancée le 9 juin par des insurgés menés par les jihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui se sont emparés en 10 jours de larges pans du territoire dans le nord et le centre du pays.
Barack Obama, qui a clairement exclu l’envoi de troupes au sol, "continue à examiner d’autres options", a expliqué Jay Carney, porte-parole de l’exécutif américain. Un responsable américain a précisé que le président n’avait "pas pris de décision".
Mais au moment où les délibérations se poursuivaient à Washington, le général Martin Dempsey, chef d’état-major interarmées, a critiqué la politique du gouvernement irakien dominé par des chiites, estimant que la marginalisation de la communauté sunnite, minoritaire, avait planté les germes de la crise actuelle.
"Il n’y avait pas grand chose à faire qui aurait permis d’oublier à quel point le gouvernement d’Irak a négligé les siens. C’est ce qui est à l’origine du problème actuel", a déclaré le général Dempsey à des élus du Congrès, interrogé pour savoir si les Etats-Unis auraient pu empêcher l’avancée des insurgés sunnites.
Au cours de la même audition, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a lui aussi noté que le gouvernement de Bagdad n’avait pas suivi ses promesses de forger une réelle coopération avec les dirigeants sunnites et kurdes.
Le vice-Président Joe Biden a quant à lui directement insisté auprès de M. Maliki, lors d’une conversation téléphonique, sur la nécessité pour "tous les dirigeants irakiens de gouverner en incluant toutes les communautés", assurant par ailleurs Bagdad de la "solidarité des Etats-Unis avec toutes les communautés dans la lutte contre l’EIIL".
Plus explicite, l’ex patron des forces américaines en Irak, David Petraeus, a pour sa part affirmé que les Etats-Unis, qui ont retiré leurs troupes d’Irak fin 2011 après huit ans d’occupation, ne devaient pas devenir "une force aérienne pour des milices chiites".
"Les Etats-Unis ne peuvent pas être une force aérienne pour le compte des milices chiites ou pour un chiite dans son combat contre des Arabes sunnites", a déclaré le général Petraeus, faisant visiblement allusion à M. Maliki.
Sur le terrain, les combats entre insurgés et forces gouvernementales se poursuivaient sporadiquement jeudi à la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, au lendemain de l’assaut lancé par les jihadistes.
Les Etats-Unis ont assuré que l’attaque n’avait pas d’impact sur les exportations de brut de Bagdad, qui devrait en revanche être contraint d’importer temporairement des produits raffinés.
La Chine a annoncé jeudi qu’elle allait évacuer vers des régions plus sûres certains salariés de ses sociétés en Irak, pays où Pékin est le plus gros investisseur du secteur pétrolier.
Depuis le 9 juin, les combattants de l’EIIL, appuyés par des partisans du régime de Saddam Hussein, renversé par l’invasion américaine de 2003, ont pris le contrôle de la deuxième ville d’Irak, Mossoul, d’une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d’autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord).
L’armée irakienne, mise en déroute dans les premiers jours de l’offensive, est en train de "durcir" sa résistance et se prépare à défendre Bagdad, a affirmé le Pentagone.
L’ONU a qualifié l’offensive des insurgés de "menace vitale pour l’Irak", où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par les combats.
De son côté, l’Iran, puissance régionale chiite qui appuie le cabinet Maliki, a conditionné une éventuelle coopération avec les Etats-Unis en Irak à la réussite des pourparlers nucléaires et prévenu qu’il "fera tout" pour protéger les lieux saints de l’islam chiite en Irak.
L’Arabie saoudite avait dès lundi accusé M. Maliki, d’avoir conduit l’Irak au bord du gouffre par sa politique d’exclusion des sunnites et réclamé la formation d’un gouvernement d’entente nationale.
New Delhi et Ankara sont également aux avant-postes de la crise, après l’enlèvement mercredi d’une quarantaine de travailleurs indiens dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont aussi retenus par les jihadistes depuis la semaine dernière.

(20-06-2014 - Avec les agences de presse)

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