Les travaux de la Constituante tunisienne n’ont repris que brièvement
lundi après qu’une nouvelle controverse sur la Constitution a paralysé
les débats, ralentissant encore l’adoption de la Loi fondamentale, plus
de trois ans après la révolution.
La séance plénière de l’Assemblée nationale constituant (ANC) prévue
pour 09H30 lundi a finalement commencé en fin d’après-midi dans
l’attente des résultats des négociations en cours depuis samedi sur les
dispositions restantes. Les élus ont d’abord approuvé dans le calme une
série de modifications d’articles déjà votés pour apporter des
corrections essentiellement d’ordre linguistique.
Mais les cris et invectives, qui ont caractérisé de nombreuses autres
séances depuis le 3 janvier, ont repris de plus belle en début de soirée
après que l’article traitant des conditions éligibilité du chef de
l’Etat a été adopté à une très courte majorité. Dans un accès de colère,
des députés ont notamment jeté leurs documents à travers la salle,
provoquant une suspension d’audience jusqu’à mardi matin.
L’article en question dispose que le président doit être musulman, une
condition critiquée par de nombreuses ONG, et âgé de plus de 35 ans. Il
prévoit aussi qu’un candidat disposant d’une autre nationalité que la
tunisienne ne doit l’abandonner que s’il est élu, une revendication
portée notamment par des élus binationaux, une importante diaspora
tunisienne vivant notamment en France, mais critiquée par de nombreux
autres députés.
Quelques minutes plus tôt, les élus avaient aussi voté un article clé, à
la suite d’un compromis entre les différents partis représentés, pour
définir les domaines des lois organiques et ordinaires.
D’autres différends subsistent encore et vont faire l’objet de
pourparlers, en particulier concernant les dispositions dites
"transitoires", les dernières du projet qui organisent l’entrée en
vigueur de la future Constitution, les compétences de l’ANC jusqu’aux
prochaines législatives et le fonctionnement du contrôle de
constitutionnalité dans l’intervalle.
Les islamistes du parti Ennahda, majoritaires à l’Assemblée, veulent
maintenir l’essentiel des pouvoirs de l’ANC, alors que leurs détracteurs
militent pour les réduire.
D’autres articles, pourtant déjà adoptés, font aussi l’objet de
pourparlers de dernière minute en vue d’une modification. Le plus
disputé traite de la liberté de conscience et de l’interdiction des
accusations d’apostasie.
L’examen du texte a été ralenti par une multitude de controverses si
bien que la Constitution n’a pas été adoptée comme promis par la classe
politique pour le 14 janvier, 3e anniversaire de la révolution.
La finalisation de la Loi fondamentale doit permettre de parachever la
sortie de la crise politique provoquée par l’assassinat en juillet d’un
député d’opposition.
Par ailleurs, un nouveau gouvernement doit être formé d’ici la fin de la
semaine, Ennahda ayant accepté de quitter le pouvoir pour laisser la
place à un cabinet d’indépendants jusqu’aux prochaines législatives et
présidentielle.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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