Au moins 50 rebelles ont été tués ces dernières 24 heures en Syrie dans
des attaques menées par des jihadistes, principalement dans le nord du
pays, où rebelles islamistes et jihadistes, autrefois alliés,
s’affrontent désormais, a rapporté dimanche une ONG.
Au même moment, la Coalition nationale de l’opposition est réunie à
Istanbul pour une rencontre aux enjeux importants : élire son nouveau
président et décider de sa participation ou non à la conférence de paix
sur la Syrie qui doit avoir lieu en Suisse le 22 janvier.
Les combats font rage depuis vendredi entre rebelles et combattants de
l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe affilié à
Al-Qaïda qui était jusqu’à récemment leur allié dans la guerre contre le
régime de Bashar al-Assad.
Les affrontements ont éclaté lorsque des brigades rebelles dans les
provinces d’Alep (nord) et d’Idleb (nord-ouest) ont attaqué des barrages
de l’EIIL, accusé de multiples abus et de vouloir prendre le contrôle
total des zones rebelles.
Parmi les 50 rebelles tués dimanche, certains l’ont été dans ces
combats, d’autres dans des exécutions sommaires —7 à Harem, dans la
province d’Idleb— ou des attentats à la voiture piégée, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui ajoute qu’au
moins 9 combattants de l’EIIL ont été tués dimanche.
La veille déjà 5 rebelles avaient péri dans un attentat à la voiture
piégée mené par l’EIIL, selon les mêmes sources. La brigade rebelle Liwa
al-Tawhid, une des principales composantes de la coalition du Front
islamique, a écrit sur sa page Facebook que cette attaque avait visé ses
membres, sans préciser de bilan.
"Ce qui se passe maintenant, c’est un nettoyage au sein des rangs de la
révolution", a affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat un membre du
Front islamique —la plus importante alliance de rebelles islamistes,
créée en novembre.
Dans un communiqué publié dimanche, le Front islamique explique qu’il
est "reconnaissant aux étrangers" venus aider leur combat, mais qu’il
"n’acceptera aucun groupe se prétendant Etat", allusion non voilée à
l’EIIL.
Le Front islamique est l’une des trois coalitions combattant l’EIIL, aux
côtés de l’Armée des Moujahidine (islamistes) et du Front des
révolutionnaires de Syrie.
Samedi, l’EIIL a prévenu dans un enregistrement audio diffusé sur
internet que si les rebelles maintenaient leur pression, il allait se
retirer du front dans la ville et la province d’Alep et laisser le champ
libre au régime.
Dans un autre communiqué, le groupe jihadiste a estimé avoir été
"poignardé dans le dos" et dénoncé une campagne médiatique visant à le
"diaboliser".
La montée en puissance de tous ces groupes extrémistes islamistes sur le
terrain affaiblit la Coalition nationale de l’opposition, réunie depuis
dimanche midi à Istanbul pour décider, entre autre, de leur prochain
président.
Deux hommes s’affrontent pour le poste : Ahmad Jarba, l’actuel
dirigeant, et un ancien Premier ministre passé à l’opposition, Riad
Hijaba, a annoncé à l’AFP un membre de la Coalition et dissident de
longue date Samir Nashar, qui assiste à la réunion d’Istanbul.
Cette élection doit avoir lieu dans le cadre d’une réunion de deux jours
—dimanche et lundi— au cours de laquelle l’opposition syrienne doit
également décider si elle participera ou non à la conférence de paix
prévue le 22 janvier en Suisse.
La question est débattue depuis longtemps au sein des instances de
l’opposition. En décembre, l’ambassadeur en France de la Coalition
nationale avait affirmé être "conscients du piège : y aller pour
capituler ou ne pas y aller et être accusés d’avoir fait capoter la
solution politique".
Par ailleurs, un journaliste turc enlevé il y a plusieurs semaines en
Syrie a été libéré dimanche et doit très prochainement rentrer en
Turquie, a annoncé l’agence de presse officielle turque Anatolie.
Enfin, signe des ramifications du conflit syrien dans les pays voisins,
l’EIIL s’est emparé cette semaine de la ville irakienne de Fallujah et a
revendiqué un attentat suicide au Liban contre un bastion du Hezbollah,
parti chiite qui combat aux côtés du régime syrien.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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