jeudi 21 juillet 2016

Tunisie: Bras de fer au sommet de l'État


Habib Essid, le Premier ministre en exercice depuis début 2015, sollicitera un vote de confiance auprès de l'Assemblée des représentants du peuple. Vote qui interviendra après l'anniversaire de la République tunisienne, le 25 juillet prochain. Ce choix, en phase avec la Constitution, est un nouvel épisode de l'initiative politique lancée le 2 juin dernier par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Ce dernier, prenant acte d'une situation économique préoccupante, en appelait à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Exit Essid, donc ! Pas si simple. Essid a toujours refusé de démissionner, estimant que ce serait « une désertion » (1). Et ce haut fonctionnaire de carrière, au service de l'État depuis plus de trente ans, semble revigoré par les couteaux qui s'accumulent dans son dos. Mercredi, sur la chaîne de télévision Atessia, l'homme s'est montré pugnace, offensif. Loin des images empruntées de ses premières interventions médiatiques. Essid a été blessé par le traitement que certains lui ont réservé après dix-sept mois de magistère. Il refuse de porter seul le large chapeau de la situation de la nation. C'est à l'ARP que revient le pouvoir de nommer et de défaire l'occupant de la Kasbah. Elle décidera du sort du lion (« Essid » veut dire « lion » en arabe). La volonté d'installer un gouvernement d'union nationale, un coup politique de BCE, devait s'achever avant l'Aïd-el-Fitr. Puis Rached Ghannouchi, le président d'Ennahda, a indiqué qu'il serait sur pied avant le 25 juillet. Désormais, on évoque août. De nombreuses réunions entre partis politiques, patronat et syndicat se sont tenues. Elles ont débouché sur un document titré « les Accords de Carthage ». À la fois constat sans fard de la situation économique et sécuritaire et base programmatique, ce texte doit être incarné par un nouveau patron, un homme capable de rassembler la société tunisienne et apte à communiquer avec le peuple. Autre critère : il doit être jeune. BCE avait indiqué durant la campagne électorale que, au bout de deux ans de mandat, il devait placer une jeune génération au pouvoir.
Les 217 députés devront décider si Essid poursuit sa mission ou s'il doit partir. Les deux partis les plus puissants en nombre d'élus trancheront. Nidaa Tounes (67 députés) et Ennahda (69) cogèrent le pays depuis les législatives de 2014. Côté Nidaa, on estime que le leadership gouvernemental leur revient. Côté Ennahda, on négocie des ministères de poids, mais pas le premier d'entre eux. Nidaa avait emporté les élections avec 85 députés. Une scission a provoqué son affaissement. La période du ramadan puis celle des vacances n'incitent pas les citoyens à se passionner pour ce jeu d'échec politicien. À la rentrée, ce sera une autre affaire. Le dinar faiblit, le chômage ne baisse pas et les revendications sociales (Éducation nationale notamment) ressurgiront après cette trêve estivale. À la future équipe ministérielle de signifier aux Tunisiens quels seront les objectifs fixés pour redresser le pays. Et à quel coût humain et social. À une poignée de jour de la fête nationale, le Premier ministre a signifié qu'il ne se laisserait pas congédier comme un domestique. À suivre.

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