Les nuages s'amoncellent au-dessus de Benjamin Netanyahu. Dimanche 17
juillet, tous les médias reprenaient l'information diffusée 48 heures
plus tôt par la seconde chaîne de la télévision israélienne : le Premier
ministre devrait être interrogé sous peu par la police comme témoin
assisté. Une procédure qui pourrait aussi concerner des membres de sa
famille et qui fait suite à l'interrogatoire d'un suspect, Arie Harow.
Arrêté à sa descente d'avion alors qu'il revenait des États-Unis, cet
ancien directeur de cabinet du chef du gouvernement a été interrogé
durant 15 heures. À la suite de quoi, il a été assigné à résidence pour
une période de cinq jours. Les questions de la police se seraient
centrées sur les finances personnelles de Netanyahu.
Il y a une quinzaine de jours, le quotidien indépendant Haaretz avait
affirmé avoir obtenu des documents et des informations détaillées à
propos des soupçons pesant sur monsieur Harow. Né aux États-Unis, ce
dernier a dirigé, il y a bien des années, les Amis américains du Likoud,
une association qui a notamment financé des voyages à l'étranger de
Netanyahu et de sa famille. Prébende ou pas, Harow devient le directeur
de cabinet de celui qui, après les élections de 2009, a retrouvé son
fauteuil de Premier ministre. Après avoir quitté ce poste en 2010, Arie
Harow va fonder une société : 3H Global. Une société de consulting
politique et de développement des affaires. Parmi les clients, le
président du Paraguay, la ville israélienne de Modiin, le musée de la
Tolérance à Jérusalem et deux ONG américaines, dont celle encourageant
les doubles nationaux israélo-américains à voter aux États-Unis pour des
candidats pro-israéliens, surtout républicains. Parmi les dirigeants de
cette ONG, un ancien porte-parole du milliardaire juif américain,
Ronald Lauder. La seconde association se donne pour objectif de
combattre la délégitimation d'Israël dans le monde.
Vente fictive de 3H Global ?
Lors des élections israéliennes de 2013 et comme le veut la loi, Harow
avait informé les autorités du fait que 3H Global avait fourni des
services au Likoud. Entre autres en versant des contributions sonnantes
et trébuchantes, lors de la primaire, à deux candidats du Likoud :
Gideon Sa'ar et Gilad Erdan. En septembre 2013, après la nouvelle
victoire de Netanyahu, et alors qu'il s'apprête à redevenir son chef de
bureau, l'impétrant signe un document selon lequel il s'engage à couper
tous les liens avec sa société, laquelle sera désormais dirigée par ses
associés et ses deux frères. Quelques mois plus tard, 3H Global est
vendue pour 3 millions de dollars, sous forme de douze payements de 250
000 dollars chacun. Là encore, conformément à la loi, un administrateur
indépendant fut nommé. Jusque-là, tout allait bien.
Et pourtant, en décembre dernier, première alerte sérieuse. La police,
qui soupçonne une vente fictive, lance une enquête. Harow est interrogé,
puis assigné à résidence. En fait, il n'a pas perçu tout le fruit de la
vente de sa société. Cette fois, on le soupçonne de blanchiment
d'argent. Selon les divers médias, d'autres conseillers et de hauts
fonctionnaires proches de Netanyahu sont entendus par les policiers
chargés de l'enquête.
Où l'on croise l'escroc français Arnaud Mimran
Pour en revenir au Premier ministre, ce qui est en train de se
transformer au fil des jours en enquête de grande ampleur devrait
emmener les policiers concernés aux États-Unis. En France, également, où
il s'agit notamment de vérifier les affirmations d'Arnaud Mimran. Cet
escroc, condamné à huit ans de prison pour son rôle dans la fraude à la
taxe carbone, affirme avoir offert plusieurs sommes d'argent à Benjamin
Netanyahu. Un million d'euros, selon sa première version ; 40 000 euros,
après une mise au point des bureaux du Premier ministre israélien. Une
autre somme de près de 200 000 euros, selon les déclarations de Mimran
aux enquêteurs français. Le procureur israélien aimerait bien savoir ce
qu'il en est réellement.
En tout cas, le conseiller juridique du gouvernement et les chefs de la
police font leur possible pour mener ces investigations dans le plus
grand secret. Les informations parviennent par bribes à la presse. Cela
n'empêche pas diverses théories de circuler sur les réseaux sociaux. Par
exemple, ce « post » qui fait flores sur Facebook : « Un conte de
shabbat : le Premier ministre d'un État du Moyen-Orient adresse aux
services secrets de cet État, en une démarche tout à fait inhabituelle,
la demande de fournir à son fils chéri un passeport établi à un nom
fictif dans un souci de sécurité lors de ses voyages à l'étranger. Peu
après, on découvre ce même nom fictif inscrit parmi les fameux Panama
Papers.
Ce Premier ministre fut alors convoqué par la police, en même temps que
son fils (le vrai, pas le fictif), comme témoin assisté pour répondre à
des soupçons de blanchiment de plusieurs millions de dollars. Peu après,
c'est l'ancien chef de cabinet dudit Premier ministre qui était
interrogé dans la même affaire et assigné à domicile. Quelques semaines
auparavant, une conseillère parmi les plus proches de son cabinet avait
été, elle aussi, interrogée. Je me demande bien de quel pays il peut
s'agir… »
En attendant, dans l'entourage de Benjamin Netanyahu, on ne cesse de répéter : « Il ne se passera rien, car il n'y a rien… »
La suite… À venir… Très bientôt, paraît-il !
(18-07-2016
- Danièle Kriegel)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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