vendredi 15 juillet 2016

Liban : Au Tribunal spécial pour le Liban, le rédacteur en chef d'un journal libanais jugé coupable d'outrage

Une cour spéciale a jugé vendredi un journal libanais et son rédacteur en chef coupables d'outrage et d'entrave à la justice pour avoir publié des informations sur des témoins confidentiels dans le cadre des procédures concernant l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
Le tribunal spécial pour le Liban (TSL) doit "concilier la liberté de la presse et la nécessité de garantir l'intégrité des procédures engagées devant le tribunal", a déclaré le juge Nicola Lettieri: "le statut de journaliste ne saurait être utilisé comme un rempart à toute épreuve".
Le journal al-Akhbar et son rédacteur en chef Ibrahim Mohamed al-Amine avaient publié en janvier 2013 deux articles en arabe contenant les photographies, les noms et des données personnelles de 32 témoins confidentiels, sous les titres "Fuites du TSL: les témoins surprise de l'accusation" et "La liste des témoins du TSL: pourquoi nous l'avons publiée".
Plusieurs témoins ont déclaré avoir peur suite à la publication de ces renseignements "permettant de les identifier", a rapporté le juge, faisant état d'un tollé médiatique et public suscité par cette parution.
Ouvert en 2009, le TSL, chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri tué dans un attentat en 2005, est la bête noire du Hezbollah. Le parti l'accuse d'être le fruit d'un complot "israélo-américain" visant à le détruire et exclut la remise des suspects en fuite malgré des mandats d'arrêt internationaux.
Dans cette affaire, certains témoins ont été présentés suite aux articles "comme des témoins +dont les dispositions seraient utilisées pour incriminer le Hezbollah+" et ont "perdu confiance dans la capacité du tribunal de protéger la confidentialité des informations et de ses témoins suite aux publications", a ajouté le TSL.
Par ailleurs, les accusés ne se sont pas conformés aux normes les plus élémentaires du journalisme d'investigation, selon M. Lettieri.
Le TSL avait décidé en avril 2014 de poursuivre pour outrage et entrave à la justice deux journalistes et deux organes de presse libanais.
Le 18 septembre 2015, le TSL avait acquitté en appel la chaîne Al-Jadid-TV et sa rédactrice en chef adjointe, également accusées d'avoir diffusé des informations sur des témoins protégés dans une série de reportages.

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