mercredi 20 juillet 2016

Syrie : Indignation après la décapitation d'un enfant par des rebelles (Assawra)

Des habitants de la ville d'Alep (dans le nord du pays) et le principal groupe de l'opposition syrienne ont fait savoir leur indignation après la décapitation d'un enfant par des rebelles, dénonçant un « acte haineux » dans un pays meurtri par les horreurs de la guerre. Le meurtre brutal, filmé et diffusé ce mardi sur les réseaux sociaux a été perpétré par des rebelles islamistes qui ont accusé le garçon de se battre auprès des troupes du régime syrien de Bachar el-Assad. « Comment peuvent-ils massacrer un enfant de cette façon ? » se demande Bassel Zein, un coiffeur de 25 ans habitant dans le quartier d'al-Kalassé d'Alep tenu par les insurgés. La deuxième ville de Syrie est divisée entre quartiers rebelles à l'est et zones contrôlées par le régime à l'ouest. « Il aurait dû être jugé d'une manière juste et peut-être échangé contre des rebelles détenus par le régime au lieu de (subir) cet acte haineux », ajoute-t-il.
Mohammad Badaoui, imam dans une mosquée d'Alep, affirme que cet acte « est l'oeuvre de criminels, c'est interdit par l'islam ». Le garçon a été décapité par des membres du groupe rebelle Noureddine Zinki, à l'arrière d'un camion sur une voie publique du quartier d'al-Machad tenu par les insurgés. Dans la vidéo, les rebelles accusent l'enfant d'appartenir aux brigades Al-Qods, un groupe palestinien pro-régime et affirment l'avoir capturé pendant des combats dans le nord d'Alep, où s'affrontent les rebelles et les forces loyalistes. Les brigades Al-Qods ont nié toute appartenance de cet enfant à leur mouvement, soutenant qu'il s'agit d'un réfugié palestinien de 12 ans. Dans un communiqué officiel, le groupe rebelle incriminé affirme que cette décapitation est « une erreur individuelle qui ne représente pas la politique générale du groupe ». Les personnes impliquées ont été arrêtées et remises à une commission d'enquête qui rendra son verdict « le plus tôt possible », ajoute Noureddine Zinki.
Le macabre incident a également été condamné par la Coalition nationale syrienne, principal groupe de l'opposition politique en exil, qui a exprimé son « choc face à des scènes horribles » et a appelé le groupe rebelle à punir les coupables. « La Coalition (...) ne cautionne aucun comportement contraire aux principes de la révolution et aux aspirations du peuple syrien (qui réclame) liberté, dignité et justice », souligne le communiqué. Le groupe Noureddine Zinki, largement présent dans la province septentrionale d'Alep, avait à un moment donné reçu des missiles anti-tank américains, même si ces aides militaires semblent s'être arrêtées en 2015. Le mouvement rebelle avait déjà été taxé d'abus, notamment en début de mois quand Amnesty International a accusé des rebelles islamistes et djihadistes actifs en Syrie d'être coupables de crimes de guerre et responsables « d'une effrayante vague d'enlèvements, de tortures et d'exécutions sommaires ».
À Washington, le département d'État a indiqué avoir été informé de l'« horrible » incident et a fait savoir que son soutien au groupe rebelle pourrait être reconsidéré. « Nous enquêtons pour avoir plus d'informations », a affirmé mardi son porte-parole, Mark Toner. « Si ces allégations s'avèrent fondées, nous réexaminerons tout lien ou coopération que nous pourrions avoir avec ce groupe, a-t-il ajouté. Dans les quartiers est de la ville d'Alep, assiégés par les forces gouvernementales, les habitants ont accusé Noureddine Zinki de ternir l'image de la rébellion luttant depuis cinq ans contre le régime de Bachar el-Assad. Pour Mohammad Mansour, un habitant du quartier d'Al-Machad où l'exécution a eu lieu, « c'est une erreur majeure et ça va nuire à tous les groupes rebelles de l'Armée syrienne libre », dénomination désignant les insurgés non djihadistes en Syrie. « Rien dans l'islam ne permet de tuer des prisonniers. L'islam veut que les détenus soient bien traités, nourris et soignés », dit-il. Les organisations de défense des droits de l'homme affirment que des crimes de guerre ont été commis en Syrie par toutes les parties du conflit, qui a débuté en mars 2011 et a coûté la vie à plus de 280 000 personnes. Le régime de Damas est régulièrement accusé d'avoir recours à la torture et de bombarder les civils. Le groupe djihadiste État islamique, qui a fait de la ville de Raqqa sa capitale de facto en Syrie, s'est aussi fait connaître par des exactions-chocs comme des décapitations, des « crucifixions » ou encore des flagellations.

(20-07-2016 - Assawra)

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