dimanche 22 janvier 2012

Libye: le siège du CNT à Benghazi attaqué par des manifestants

Des manifestants ont lancé samedi plusieurs grenades artisanales sur le siège du Conseil national de transition (CNT, issu de la rébellion) à Benghazi, dans l’est de la Libye, avant d’envahir et de saccager le bâtiment.
"Ils ont mis le feu à la façade, brisé des fenêtres et cassé l’une des voitures blindées qui se trouvait là. Des manifestants nous ont aménagé un passage et nous avons pu sortir, personne n’a été blessé. Je suis sorti d’un côté et Mustafa Abdeljalil (le chef du CNT) de l’autre", a dit à l’AFP par téléphone Fathi Baja, le responsable des affaires politiques du Conseil, qui se trouvait sur place.
"Les revendications de ceux qui ont fait ça ne sont pas connues, on ne comprend pas. Certains étaient très jeunes, une quinzaine d’années, d’autres plus vieux, il y avait beaucoup de monde. Certains demandent la démission de tout le CNT à l’exception de ma personne, de celle de Mustafa Abdeljalil et d’un autre membre du Conseil", a-t-il ajouté.
Les protestataires, armés de pierres et de barres de fer, ont investi les lieux puis saccagé les locaux, ont rapporté des témoins à l’AFP.
Auparavant, le chef du CNT était sorti pour tenter de les calmer mais des manifestants l’ont conspué et lui ont jeté des bouteilles en plastique, selon les mêmes sources.
Dans l’après-midi, des manifestants avaient jeté plusieurs grenades artisanales sur le siège du CNT sans faire de victimes, toujours selon des témoins.
Ces "jelatinas", des grenades artisanales à base de TNT, ont été lancées sur le bâtiment et dans son périmètre au milieu d’une manifestation d’anciens rebelles blessés au cours de la révolte contre le régime de Muammar Kadhafi.
En début de soirée, le nombre de manifestants avait grimpé à au moins 1.500 selon un correspondant de l’AFP, qui a entendu trois nouvelles explosions. Les protestataires réclament plus de transparence de la part du CNT, l’exclusion des "opportunistes" des postes à responsabilité et dénoncent "la marginalisation des blessés".
Ces incidents interviennent à la veille de l’annonce, dimanche, de la loi électorale élaborée par le CNT en prévision de l’élection en juin d’une assemblée constituante et de la composition de la commission électorale.
Le secrétaire du CNT, Moustapha al-Manae, avait indiqué à l’AFP plus tôt dans la journée que Abdeljalil avait reçu un groupe de manifestants afin d’examiner leurs demandes.
"Il leur a ensuite envoyé trois ministres pour en discuter. Leurs demandes sont légitimes", a-t-il ajouté.
Selon des responsables locaux, une enquête est en cours pour identifier les auteurs de l’attaque.
Le CNT a récemment fait face à des critiques inédites depuis la chute de Muammar Kadhafi. Un sit-in est toujours en cours à Benghazi, berceau de la rébellion, pour réclamer davantage de transparence et l’exclusion des personnes ayant fait partie de l’ancien régime.
Jeudi, le vice-président du Conseil, Abdelhafidh Ghoga, a été agressé par des étudiants en colère à l’université de Benghazi.
Le CNT avait alors mis en garde contre "toute atteinte ou agression" à son encontre, affirmant dans un communiqué qu’il était "la plus haute autorité politique légitime" jusqu’à l’élection de l’assemblée constituante.
Le CNT avait aussi dénoncé des "campagnes agressives et programmées pour porter atteinte à sa réputation", accusant des partisans de l’ancien régime d’être derrière ces campagnes en vue de "faire échouer la révolution".
L’agression jeudi de Ghoga "ne sort pas de ce contexte et fait partie d’un plan odieux", avait ajouté le CNT.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire