Le patron de l’ONU Ban Ki-moon et le chef de la diplomatie américaine
John Kerry devaient tenter mardi depuis Le Caire d’arracher un
cessez-le-feu entre Israël et le Hamas après 14 jours de bombardements
israéliens à Gaza qui ont fait plus de 570 morts palestiniens. Le
secrétaire d’État américain a promis dans la nuit de lundi à mardi 47
millions de dollars d’aide aux civils à Gaza depuis Le Caire où il
multiplie les rencontres pour parvenir à un cessez-le-feu. À son arrivée
lundi soir, M. Kerry a rencontré Ban Ki-moon, également venu plaider
pour une trêve au Caire, voisin d’Israël et de la bande de Gaza et
traditionnel médiateur dans les conflits entre l’État hébreu et le
mouvement islamiste palestinien.
Au lendemain du jour le plus sanglant depuis le début de la guerre,
le bilan a continué de grimper lundi, avec au moins 55 Palestiniens tués
dont 16 enfants, environ 70 corps retrouvés sous les décombres et sept
soldats israéliens tombés au front. Le gouvernement de Benyamin
Netanyahou restait néanmoins déterminé à poursuivre ses opérations
militaires aériennes et terrestres à Gaza contrôlée par les islamistes
du Hamas pour faire cesser les tirs de roquettes, dont une centaine ont
encore touché son territoire.
Tout au long de la journée, l’enclave palestinienne a été soumise à
des dizaines de raids aériens qui ont touché notamment un immeuble
résidentiel faisant 11 morts dont 5 enfants, et des bombardements de
chars qui ont visé une nouvelle fois un hôpital, tuant quatre personnes,
selon des sources palestiniennes, ce qui a suscité la condamnation du
Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Dimanche soir, un
bombardement israélien qui visait un combattant du Hamas à Khan Younès
(sud du territoire) a tué 25 membres d’une même famille, la famille Abou
Jameh, au moment de l’"iftar", le repas de rupture du jeûne du ramadan,
selon des témoins et l’ONG israélienne B’tselem.
Amnesty International a estimé que la poursuite des bombardements sur
des habitations civiles et un hôpital "s’ajoutaient à de possibles
crimes de guerre qui doivent urgemment faire l’objet d’une enquête
internationale indépendante". Devant ce pilonnage sans répit et la
destruction de leurs maisons, plus de 100 000 habitants de Gaza qui
n’ont nulle part où aller ont trouvé refuge dans les dizaines de
bâtiments de l’ONU, où des femmes et enfants sont installés à même le
sol des couloirs faute de place.
Depuis le début le 8 juillet de l’offensive "Bordure protectrice"
déclenchée par des raids aériens puis étendue le 17 juillet à une
opération terrestre, 572 Palestiniens ont été tués et plus de 3 350
blessés, en grande majorité des civils, selon les secours palestiniens.
Côté israélien, 27 soldats ont péri depuis le début de l’assaut
terrestre, le bilan le plus lourd pour l’armée depuis sa guerre de 2006
contre le Hezbollah libanais. Deux civils sont morts dans la chute de
roquettes.
Toutefois, les tentatives diplomatiques pour arracher une trêve se
sont accélérées sous les auspices de l’Égypte, précédente médiatrice
entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de
Gaza. "La violence doit cesser, elle doit cesser immédiatement. Ce que
nous avons vu ces derniers jours est inacceptable", a martelé au Caire
Ban Ki-moon, attendu mardi en Israël. Le chef de la Ligue arabe Nabil
al-Arabi a pressé dans la nuit de lundi à mardi le Hamas d’accepter la
proposition égyptienne de cessez-le-feu pour mettre fin au conflit. Le
Caire a récemment proposé une initiative pour un cessez-le-feu, soutenue
par la Ligue arabe, acceptée par Israël, mais rejetée en l’état par le
Hamas, furieux de ne pas avoir été consulté en amont.
Le Hamas, par la voix de son chef Ismaïl Haniyeh, est quant à lui
resté sur sa position conditionnant un cessez-le-feu "à l’arrêt de
l’agression, la libération des prisonniers et la levée totale du blocus
israélien" de Gaza. Les médias palestiniens évoquaient tard lundi soir
la possibilité d’une trêve humanitaire de quelques heures mardi.
Néanmoins, le ministre israélien chargé des Services de renseignements
Youval Steinitz a estimé que les "combats risquent de durer", alors que
son collègue aux Communications Gilad Erdan jugeait que ce n’était "pas
le moment de parler d’un cessez-le-feu".
Pour Israël, l’objectif est de briser la capacité du Hamas à
atteindre Israël avec ses roquettes et combattants, en tentant cette
fois-ci de détruire les tunnels construits par le mouvement à cette fin.
En dépit de l’intensification des opérations à Gaza, Israël a été
frappé par 84 roquettes qui n’ont pas fait de victimes, portant le total
à plus de 1 500 projectiles depuis le 8 juillet. L’armée a en outre
annoncé avoir abattu "plus de 10 terroristes" qui tentaient de
s’infiltrer en Israël via un tunnel.
Vivement critiqué en raison du grand nombre de civils morts dans les
bombardements, Israël n’a eu de cesse d’arguer que les groupes armés
palestiniens se positionnaient autour et dans des bâtiments civils comme
des hôpitaux. La Maison-Blanche a souhaité "que les Israéliens prennent
des mesures encore plus importantes pour s’assurer de la protection des
civils", tout en réaffirmant le droit d’Israël à "défendre ses
citoyens" face aux roquettes. Les États-Unis ont émis lundi un
avertissement demandant à leurs ressortissants de ne pas se rendre en
Israël, dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie.
Qualifiant de "massacre" l’opération israélienne, la Turquie a
déclaré trois jours de deuil en hommage aux victimes palestiniennes. À
Nazareth, la plus grande ville arabe israélienne, quelque 3 000
personnes ont manifesté en dénonçant "le génocide à Gaza" et des heurts
ont éclaté avec la police qui a arrêté 16 manifestants. Ce conflit est
le 5e entre les deux camps depuis le retrait unilatéral de l’armée
israélienne de Gaza en 2005.
(22-07-2014)
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