Le chef de la diplomatie américaine était mercredi en Israël pour
pousser en faveur d’une trêve dans l’offensive sanglante de l’armée
israélienne contre Gaza, l’ONU évoquant des "crimes de guerre" et les
compagnies aériennes annulant leurs vols sur Tel-Aviv.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, est engagé dans un nouvel
effort diplomatique destiné à faire cesser ces hostilités qui ont fait
plus de 650 morts côté palestinien et 31, dont 29 soldats, côté
israélien, soit le conflit le plus sanglant entre l’armée israélienne et
le Hamas depuis 2009.
"Nous avons certainement fait quelques pas, mais il reste du
travail", a-t-il dit, lors d’une rencontre avec le secrétaire général de
l’Onu Ban Ki-moon, au 16è jour de l’offensive "Bordure protectrice"
lancée le 8 juillet par Israël pour neutraliser les capacités militaires
du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.
M. Ban a aussi exprimé un peu d’optimisme : "Nous unissons nos forces
pour obtenir un cessez-le-feu aussi vite que possible", a-t-il dit,
"nous n’avons plus de temps à perdre, ni pour attendre".
M. Kerry doit encore rencontrer le président palestinien Mahmud
Abbas à Ramallah (Cisjordanie) puis le Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu au ministère de la Défense à Tel-Aviv
Si la communauté internationale s’accorde pour dénoncer les attaques à
la roquette du mouvement islamiste Hamas sur Israël, les critiques se
multipliaient aussi à l’adresse des autorités israéliennes, le pilonnage
de la bande de Gaza faisant essentiellement des victimes civiles.
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a
ainsi relevé "une forte possibilité que le droit international
humanitaire ait été violé, d’une manière qui pourrait constituer des
crimes de guerre" et dénoncé les attaques indiscriminées menées par le
Hamas contre des zones civiles.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, a
lui accentué ses accusations, évoquant pour la première fois un "crime
contre l’humanité".
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé pour sa
part mardi que le nombre de Palestiniens tués était "quelque chose qu’on
ne peut pas accepter".
L’armée israélienne, qui enregistre les pertes les plus lourdes
depuis la guerre contre le Hezbollah libanais de 2006, se targue, elle,
de réussir son opération, en particulier à Chajaya, une banlieue est de
la ville de Gaza, dont le pilonnage a fait plus de 70 morts.
"Au cours des dernières 24 heures les choses sont plus sous
contrôle", a indiqué Peter Lerner, porte-parole de l’armée, tout en
soulignant que "les combats continuent" dans ce quartier qu’Israël
considère comme l’une des bases du Hamas.
Il a aussi confirmé que les tirs de roquettes du mouvement islamiste
vers Israël avaient diminué d’intensité, sans vouloir dire si l’objectif
de faire cesser ces lancements était à portée de main.
Depuis le début des hostilités, quelque 1700 impacts de roquettes
ont été comptabilisés, et environ 420 autres projectiles détruits en
vol. Quinze roquettes ont frappé Israël mercredi et un tir de mortier a
tué un ressortissant étranger non-identifié.
Selon Peter Lerner, l’armée a aussi mis au jour 28 tunnels, avec 60
entrées. Leur destruction est un des objectifs stratégiques d’Israël qui
craint que le réseau souterrain du Hamas ne serve à lancer des attaques
contre des civils.
Ces objectifs sont quasi-identiques à ceux des quatre conflits précédents entre Israël et le Hamas.
Dès lors, les bombardements continuaient à Gaza, malgré le lourd
bilan de l’opération israélienne. Cinq Palestiniens dont deux enfants
ont encore été tués dans une localité proche de Khan Younès (sud).
Selon l’ONU la majorité des victimes sont des civils. Au moins 652
Palestiniens sont morts, un chiffre difficile à vérifier compte-tenu du
chaos régnant à Gaza où les restes de personnes décédées les jours
précédents continuent d’être retrouvés dans les décombres.
Dans un discours au ton amer, le président palestinien Mahmoud Abbas a
reconnu que ses efforts pour arracher une trêve lors d’une tournée au
Moyen-Orient avaient échoué. La direction palestinienne a appelé à des
"manifestations populaires générales de solidarité avec Gaza et la
Résistance".
Pour la deuxième nuit consécutive, un Palestinien a été tué en
Cisjordanie occupée où les manifestations de soutien à Gaza gagnent en
ampleur depuis quelques jours, accompagnées de heurts violents.
Des affrontements ont également lieu chaque nuit à Jérusalem-Est
annexée, où 295 Palestiniens ont été interpellés ces trois dernières
semaines, et dans les villes arabes du nord d’Israël.
Israël tentait pour sa part de réagir à l’annulation des vols en
série sur l’aéroport Ben Gourion après qu’une roquette se soit écrasée à
quelques kilomètres de là.
Quelque 80 vols ont été annulés depuis mardi soir, et Israël a
souligné avoir mis en oeuvre "tous les moyens pour protéger le ciel
israélien", selon l’autorité aéroportuaire civile.
L’ouverture d’un aérodrome dans le sud israélien a été ordonné et la
compagnie aérienne El Al a annoncé accroître son nombre de vols pour
permettre aux Israéliens coincés à l’étranger de rentrer.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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