Barack Obama a demandé dimanche à son allié israélien d’accepter un
cessez-le-feu "immédiat et sans conditions" avec le Hamas dans la bande
de Gaza, où les hostilités ont cessé à l’approche de la fin du ramadan
lundi. Aucune roquette n’a été tirée de la bande de Gaza, tandis
qu’Israël n’a mené aucun raid aérien depuis 23 heures locales (22 heures
à Paris), a indiqué lundi matin à l’AFP une porte-parole de l’armée
israélienne. Cet arrêt des combats est intervenu à quelques heures de la
grande fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du mois de jeûne
du ramadan.
Sur le front diplomatique, après avoir envoyé dans la région son
secrétaire d’État John Kerry tenter d’arracher un arrêt du conflit qui a
débuté le 8 juillet, le président américain est personnellement monté
au créneau. Sans ambiguïté, il a, selon un communiqué de la
Maison-Blanche, clairement exprimé auprès du Premier ministre israélien
Benyamin Netanyahou "l’impératif stratégique de mettre en place un
cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions qui mette fin dès à
présent aux affrontements et conduise à un arrêt permanent des
hostilités".
Dans la foulée, le Conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence a
adopté dans la nuit de dimanche à lundi une déclaration unanime appelant
elle aussi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions"
à Gaza. Le Conseil exhorte Israël et le Hamas à faire durer ce
cessez-le-feu pendant toute la durée de la fête musulmane de l’Aïd, qui
marque la fin du ramadan, "et au-delà". Le secrétaire général de l’ONU
Ban Ki-moon a de son côté répété "dans les termes les plus fermes" la
nécessité d’étendre la trêve observée pendant douze heures samedi.
Depuis le début de la guerre, quelque 1 030 Palestiniens ont été
tués, selon les secours palestiniens. Trois morts sur quatre sont des
civils, selon l’ONU. L’armée israélienne, qui a entamé le 17 juillet la
phase terrestre de son offensive destinée à anéantir la menace militaire
du Hamas et de son allié du Djihad islamique, a perdu 43 soldats,
tandis que 3 civils ont été tués par des roquettes. Soumise aux
critiques de la communauté internationale pour le lourd tribut payé par
les civils palestiniens, l’armée israélienne a assuré ne pas être
responsable des morts de l’école de Beït Hanoun (nord) jeudi, l’un des
drames sanglants les plus marquants de cette guerre. Selon les secours
palestiniens, une quinzaine de réfugiés avaient été tués par un tir
israélien dans cette école de l’ONU où ils avaient trouvé refuge. Or, si
elle reconnaît qu’un de ses obus de mortier est bien tombé dans la
cour, l’armée affirme que celle-ci était vide et que son tir n’est pas à
l’origine des morts.
La trêve de samedi avait offert un répit aux habitants de Gaza, où de
nombreux déplacés étaient retournés constater l’étendue des dégâts dans
leurs quartiers détruits. Dimanche, leur calvaire a recommencé, tandis
que les belligérants soufflaient le chaud et le froid. Après avoir
accepté une trêve, Israël avait repris son offensive pour répliquer aux
tirs de roquettes ininterrompus du Hamas. Des tirs qui ne cessaient pas
malgré l’annonce par le mouvement palestinien qu’il acceptait finalement
une pause. Le bilan de onze Palestiniens tués dimanche fourni par les
secours locaux est beaucoup moins lourd que celui des jours ayant
précédé la trêve de samedi.
En cas de trêve durable, restera à engager des discussions sur le
fond, où les désaccords sont très profonds. Israël, qui a affirmé avoir
tué 320 combattants du Hamas en 20 jours de conflit, entend mener à son
terme la neutralisation des "tunnels offensifs". Ces souterrains sont
utilisés pour lancer des attaques contre l’État hébreu et dissimuler des
armes. Dans son entretien avec Benyamin Netanyahou, Barack Obama a
estimé que "toute solution de long terme au conflit israélo-palestinien"
passera par "le désarmement des groupes terroristes et la
démilitarisation de Gaza". Selon les médias israéliens, le cabinet de
sécurité israélien s’est réuni dimanche soir.
Le gouvernement israélien est soumis à la pression de son opinion
publique, très sensible à la menace posée par les tunnels et les
roquettes du Hamas. Selon un sondage rendu public par la radio
militaire, 85,6 % des Israéliens sont hostiles à un cessez-le-feu. De
son côté, le mouvement palestinien, considéré comme terroriste par
Israël comme par les Américains, réclame un retrait des forces
israéliennes de l’enclave qu’il contrôle depuis 2007. Le Hamas exige
aussi une levée du blocus imposé depuis 2006 par Israël, qui asphyxie
l’économie de ce territoire de 362 km2 où s’entassent 1,8 million de
personnes, qui dépendent souvent de l’aide humanitaire pour survivre,
une situation que la guerre n’a fait qu’empirer. Évoquant à Rome le
Moyen-Orient et l’Ukraine, le pape François a lancé un appel pressant :
"Arrêtez-vous ! S’il vous plaît, je vous le demande de tout mon coeur,
il est temps de vous arrêter, arrêtez-vous."
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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